Dans cette interview exclusive accordée à Rewmi Quotidien, Docteur Malick Diop, DG de l’Asepex, avec le génie du Verbe, articulant le Français avec une intelligibilité eurythmique qui montre bien qu’il est aussi bien à l’aise que Moustapha Niasse, dissèque sur le succès des exportations sénégalaises. Diplômé d’un Bac scientifique à l’Académie de Bordeaux, Docteur Malick Diop titulaire d’un Doctorat d’Etat en Pharmacie option Industrie-pharmaceutique à la Faculté de Médecine de Pharmacie et d’Odontosmatologie de l’Ucad, apporte des réponses à la fois techniques et politiques sur les missions de l’Asepex. Réputé sérieux, atout principal et indispensable pour un Homme d’Etat, Docteur Malick Diop détient une spécialisation en Administration des entreprises à la Faseg. Durant les sept (7 ans) qu’il a été nommé à la tête de l’Asepex, l’ancien maire de Fann-Point E a beaucoup fait. Ses réalisations à l’Asepex ne passent pas inaperçues. Des innovations et innovations ont rythmé son «règne» à l’Asepex, avec une volonté d’aller vite et loin. Des actes majeurs ont été posés.
Féru d’études, le DG de l’ASEPEX est aussi diplômé de l’école nationale d’administration publique (ENA) du Canada, d’où il est sorti comme Maître en Administration publique. Il offrit ses services à une multinationale franco-belge où il a travaillé en tant que chargé des produits régionaux exports. Porte-parole de l’Afp, il fut élu maire de Fann-Point E-Amitié en 2009 jusqu’en 2014. Il fut maire-adjoint de la Ville chargé de la santé et l’assainissement. A ce titre, il fut vice-président du conseil d’administration de l’hôpital Abass Ndao, membre de l’administration de l’hôpital Albert Royer, à l’Hôpital Fann mais aussi à la Polyclinique. Il a siégé au CA des hôpitaux de Roi Bédouin et Youssou Mbargane en tant qu’élu de la région de Dakar. Il fut élu membre du Conseil régional de Dakar de 2009 à 2014 où il occupait le poste président de la Commission santé et des affaires sociales. Nommé le 21 février 2013 Directeur général de l’Asepex, de hauts faits ont été réalisés par Doc Malick Diop. Entretien !
Quelles sont les missions de l’Asepex ?
L’Asepex est l’Agence d’exécution de l’Etat qui s’occupe spécifiquement de la mise en œuvre de la politique sénégalaise en charge du développement et de la promotion des exportations. Sa mission principale est d’assurer le développement continu et durable des exportations sénégalaises. C’est l’instrument dédié à la promotion et au développement des exportations. Nous travaillons sur plusieurs secteurs d’activités liés aux exportations depuis le lancement du PSE. A propos des leviers de croissance économique, il y a la partie liée aux investissements directs lesquels sont des investissements du secteur privé mais également des investissements directs étrangers. Les investissements directs sur le PSE sont liés aux secteurs porteurs de croissance et de main d’œuvre et la promotion des exportations constitue un des leviers les plus importants qui prennent en charge l’augmentation du produit intérieur brut et surtout la haute intensité de main d’œuvre. Nos secteurs d’activités sont divers et variés. Nous exportons des produits halieutiques. L’agriculture est un secteur très important dans le cadre des exportations, l’horticulture également. Il y a d’autres secteurs comme les exportations de services, les tics, les mines l’artisanat et le tourisme….
Quel est le volume des exportations sénégalaises ?
Si on prend en charge en valeur absolue, les derniers chiffres, à la date du 31 décembre 2019, les exportations étaient estimées à 1985 milliards Fcfa. Le 31 décembre 2018, les recettes des exportations étaient de l’ordre de 1670,1 milliards. Cela montre qu’en 12 mois, les exportations sénégalaises ont connu un bond exponentionnel avec une croissance de 18,9 %. C’est un record historique aussi bien en valeur relative qu’en valeur absolue. C’est un des secteurs d’activités qui a le plus contribué à la croissance économique. Vous prenez aussi la moyenne des exportations depuis le lancement du PSE, elle tourne autour de 10%. C’est l’objectif qui a été assigné. C’est dire que le label « Made in Sénégal », bref les produits sénégalais exportés aujourd’hui ont la crédibilité au niveau international. Depuis 7 ans, on a une crédibilité extraordinaire. Il y a un travail bien fait qui a permis d’atteindre ces résultats.
Quels sont les marchés à très forte potentialité pour l’exportation sénégalaise ?
Ce qu’il savoir d’abord, il faut maitriser les marchés. Aujourd’hui le Sénégal a l’option de faire focus sur le marché africain. 42,5% de nos exportations sont orientés vers le marché africain. Dans la CEDEAO, nous en sommes à 86,1%. Nous sommes également tournés vers le marché européen avec des exportations qui sont de l’ordre de 34%. Nous explorons également le marché asiatique notamment, la Chine, l’Inde le Japon, la Corée.
Que fait l’Asepex pour faciliter l’accès des Petites et Moyennes Entreprises (Pme) au marché international ?
Nous travaillons à encadrer les PME/PMI, les grandes entreprises, les opérateurs économiques du Sénégal pour améliorer l’offre exportable sénégalaise. Produire, c’est se conformer aux normes internationales et produire en volume, en quantité et en qualité. En volume, pourquoi ? Parce que lorsque vous arrivez sur le marché international, il faut avoir cette capacité à pouvoir répondre à l’offre de l’importateur. Nous encadrons les entreprises sur toute la chaine de valeur, d’abord sur la production et la mise aux normes. Nous encadrons et formons tous les acteurs qui s’activent dans l’export. Nous travaillons surtout dans le marketing-export des entreprises exportatrices. Le marketing-export permet de valoriser le produit qui est originaire du Sénégal, de valoriser ce produit et de pouvoir l’exporter avec des plus-values importantes. Nous travaillons sur l’accès au marché, en encadrant les entreprises, les Pme et Pmi pour qu’elles puissent accéder aux marchés internationaux, aux foires, aux salons, aux expositions ainsi qu’aux missions économiques et commerciales etc. C’est ce qui nous permet d’être très crédibles au niveau international où vraiment on a besoin de signer des contrats, Nous encadrons également les entreprises pour qu’elles puissent répondre aux demandes.
Quel est l’impact de la Covid-19 sur les exportations ?
En administration publique, Il est impossible d’évaluer l’impact à 3 ou 4 mois. Les impacts sont évalués à long terme et les effets à court terme. Les premiers effets sont liés à la fermeture des frontières. Il faut vivre avec l’épidémie pour que l‘économie puisse continuer à exister. Il faut que les exportations se poursuivent. Chaque année, les exportations culminent à plus de 10 milliards de. C’est-à-dire les produits vendus à l’étranger. Cette année, l’objectif était de dépasser les 20%. Et ce pourcentage de 20% a été dépassé au mois de février (2020). Mais la crise sanitaire (NDLR : coronavirus) a freiné une belle croissance car il n’y a plus eu de foire, ni de salon d’exposition. Donc, les occasions qui permettaient les rencontres entre acheteurs et vendeurs sont suspendues. Seuls ceux qui avaient des contrats signés avant cette crise parviennent à exporter leurs produits. Sur les derniers chiffres, on est à +16,7%, si on fait le cumul alors qu’on avait dépassé les 20%. Pour le mois de mars dernier, on a fait beaucoup moins que le mois précédent. Maintenant, nous on cherche des solutions au niveau africain, parce que les exportations en soi, les marchandises continuent de circuler, mais les échanges au niveau des salons sont reportés.
La politique de résilience économique et sociale du Sénégal peut-elle combler ces pertes?
Face à la Covid-19, le chef de l’Etat a pris des mesures pour renforcer la capacité de riposte du pays et accompagner les secteurs affectés. D’où la mise en place du Programme de résilience économique et social. La partie stabilité macroéconomique concerne beaucoup les exportations. C’est l’axe 3 et il y a des éléments importants qui ont permis aux entreprises exportatrices de survivre et de pouvoir limiter les pertes d’emplois. La deuxième partie, c’est les 100 milliards également destinés à toutes les entreprises. Les entreprises sénégalaises comme celles de l’Uemoa ont bénéficié de 500 milliards de la BCEAO.
Vous avez remporté au Rwanda le Prix Africain de Développement au Rwanda et désigné meilleur artisan africain du secteur de la promotion des exportations. Une consécration ?
C’est le Sénégal qui gagne ! C’est une victoire pour le Sénégal qui est leader aujourd’hui dans la promotion des exportations, Je dédie ce Prix au peuple sénégalais, au Président de la République, Macky Sall et au secrétaire général de l’AFP et président de l’assemblée nationale, Moustapha Niass. Mais également aux agents de l’Asepex. Ce prix pour mi, est un défi. Si aujourd’hui, nos paires africaines nous reconnaissent comme leader dans le cadre la promotion des exportations, nous prenons ça comme des acquis qu’il faut pérenniser.
Dans le cadre de la lutte contre la Covid, quelles sont les actions que vous avez posées dans votre commune ?
Nous sommes des politiques et des êtres humains qui avons cette particularité d’être dans un pays comme le Sénégal où le social est extrêmement important. Les valeurs prônées et mises en œuvres par les Sénégalais, est l’entraide. C’est très important. Nous avons aidé les populations en denrées et matériel logistique dans tout le département de Dakar spécifiquement à Fann-Point E-Amitié. Au-delà de l’aide alimentaire, j’ai mis en place un système qui permet aujourd’hui de répondre à ce qu’on appelle le plan de résilience surtout la partie médicale que nous avons décliné en deux phases. Pour la première phase, il y a deux mois, j’ai mis à la disposition des populations 10.000 masques. L’objectif, ce n’est pas seulement de donner des masques, mais de rencontrer les populations et les sensibiliser sur les gestes barrières. Vendredi prochain, nous allons mener des actions de sensibilisation pour dix jours. Nous avons préparé 10.000 masques que nous allons distribuer aux populations de Fann-Point E-Amitié mais aussi aux populations de Dakar. Au-delà des masques, on va discuter avec la population pour leur dire que cette deuxième phase est plus compliquée que la première. Nous dirons aux Sénégalais que nous sommes dans une phase de résilience et qu’il faut se battre contre le virus. La sensibilisation ne doit pas se limiter sur les plateaux télés mais il faut descendre sur le terrain.
Propos recueillis par M. Ba et Zac Badji