Les Sénégalais ne comprennent pas tellement ce qui est en train de se passer dans la coalition de la majorité avec ses nombreuses listes parallèles.
En effet, malgré les mises en garde du patron de Benno Bokk Yakaar, Macky, les listes parallèles n’ont pas manqué à Dakar et ailleurs.
Ce qui veut dire que dans la campagne qui vient de démarrer, les invectives ne vont pas manquer parmi les leaders d’un même camp. Cela a commencé déjà. Mame Mbaye Niang reste très critique contre les autres candidats de Benno et Mary Teuw n’a pas manqué de s’en prendre à la fortune de Mansour Faye. Et ça ira crescendo.
Benno offre ainsi le spectacle d’une armée mexicaine où le Général semble laissé faire lui qui aurait parrainé certaines listes parallèles.
Or, une critique interne n’est jamais bonne quand elle est rendue publique. Et il est paradoxal de demander à des gens d’un même camp d’être à la fois partisans et adversaires.
Pourtant, c’est ce qui semble être le cas. Pis, ces critiques avancées contre les uns et les autres, sont en réalités des reproches faites à leur leader, Macky qui est coupable ne serait-ce que d’une complicité par omission. On ne peut pas critiquer un leader de la majorité dans sa gestion sans que cela n’affecte le pouvoir central, les programmes de la majorité.
C’est la raison pour laquelle, la majorité aurait gagné à régler ses problèmes en interne et éviter de s’épancher en public avec des alliés ou partisans qui sont pire que les adversaires.
Si c’est une stratégie, nous avons du mal à la comprendre.
C’est pourquoi, quand, pour la première fois, bien avant les locales, on a entendu les critiques acerbes de Mame Mbaye Niang contre Abdoulaye Diouf Sarr, on s’est demandé si ce dernier sera vraiment candidat de la majorité à Dakar. Certes oui, il l’a finalement été, mais il n’est pas le seul.
Et cette dualité pose un sérieux problème de cohérence politique parce que renvoyant une image hybride de ce qui aurait gagné à être homogène : Le bilan de la majorité.
Qui plus est, cela donne l’impression qu’en réalité la politique est un jeu. Et qu’il s’agit simplement de gagner, par tous les moyens, qu’importe la manière.
Une démarche qui ne porte pas toujours des fruits. Diviser pour régner n’est vraiment valable que si les différents protagonistes se valent et peuvent créer les conditions d’un affaiblissement réel des vrais adversaires. Or, en général, ce que l’on voit, c’est que certains candidats sont plus des agitateurs que de vraies chances de gagner pour la coalition. Quel est l’objectif recherché ? Seuls eux le savent.
Il est certes vrai qu’aucune coalition n’a été à l’abri des révoltes et autres frustrations, mais Benno aurait beaucoup plus gagné à assoir une discipline interne qu’à promouvoir ou à accepter les dissensions internes. Ne serait-ce que parce que cela va rendre les discours incohérents, ce qui va davantage renforcer l’opposition.
Donc, que l’on ne minimise pas cet état de fait. Les faux opposants de Benno vont faire plus de mal que les vrais opposants à la majorité. Parce qu’ils vont battre campagne contre leurs camps et seront dans l’obligation de naviguer à contre-courant. Et beaucoup de sénégalais ne vont pas oublier de sitôt leurs discours.
Néanmoins, ils ont tous intérêt à gagner. Car, si jamais ils perdaient les élections, le couperet pourrait s’abattre sur eux, ne serait-ce que pour l’exemple et tenter d’effacer leurs traces par rapport aux déclarations hostiles faites.
En définitive, au Sénégal, nous avons fini d’instrumentaliser tellement la politique dans son volet rapport de force, que nous lui avons ôté toute cohérence et finalement toute utilité réelle.
Quand un camp choisit deux candidats dans une localité, c’est qu’il se fait une certaine idée de l’électorat. A chacun de deviner laquelle….
Assane Samb