Les manifestations se poursuivent jeudi à Almaty, la principale ville du Kazakhstan, où l’armée est déployée. Selon des journalistes, des coups de feu ont été entendus. Les autorités rapportent des « dizaines » de manifestants tués lors de l’assaut de bâtiments administratifs et plus d’un millier de blessés.
La pression de la rue ne retombe pas au Kazakhstan et la crainte d’une répression sanglante s’accentue. Plusieurs véhicules blindés et des dizaines de soldats se sont déployés, jeudi 6 janvier, sur la principale place d’Almaty, la plus grande ville du pays, où plusieurs centaines de personnes ont de nouveau manifesté contre le gouvernement, ont constaté des journalistes de Reuters, qui ont entendu des coups de feu.
Selon la police, des « dizaines » de manifestants ont été tués dans la nuit de mercredi à jeudi alors qu’ils tentaient de s’emparer de bâtiments administratifs. Les affrontements ont également fait plus d’un millier de blessés, d’après les autorités qui ont procédé à environ 2 000 arrestations à Almaty.
« La nuit dernière, les forces extrémistes ont tenté de prendre d’assaut les bâtiments administratifs, le département de la police de la ville d’Almaty, ainsi que les départements locaux et les commissariats de police. Des dizaines d’assaillants ont été éliminés », a déclaré le porte-parole de la police Saltanat Azirbek, cité par les agences Interfax-Kazakhstan, TASS et Ria Novosti. « Des dizaines d’assaillants ont été éliminés et leurs identités sont en cours d’identification », a-t-il ajouté.
Selon Saltanat Azirbek, une opération « antiterroriste » est en cours dans l’un des quartiers d’Almaty, la capitale économique de ce pays d’Asie centrale, où les émeutes ont été les plus violentes. Les images diffusées dans les médias et sur les réseaux sociaux ont montré des magasins pillés et certains bâtiments administratifs investis et incendiés à Almaty, tandis que des tirs d’arme automatique pouvaient être entendus.
D’après la télévision publique, la banque centrale du pays a décidé de suspendre l’activité de toutes les institutions financières.
Résultat du chaos, l’uranium, dont le Kazakhstan est l’un des principaux producteurs mondiaux, a vu son prix fortement augmenter, tandis que le cours des actions des entreprises nationales s’est effondré à la bourse de Londres. Le pays est une place forte du « mining » de Bitcoin, qui connaît également une forte chute.
L’accès à Internet semble par ailleurs hors-service rendant la situation difficile à évaluer, journalistes et témoins ne pouvant plus être joints par internet ou par téléphone. Provoqué par la hausse des prix du carburant samedi dernier, le vaste mouvement de contestation à travers le pays a basculé dans la violence en milieu de semaine, faisant 12 morts dans les rangs des forces de sécurité et 353 blessés selon les autorités locales.
La colère des manifestants est notamment dirigée vers l’ancien président, Noursoultan Nazarbaïev, 81 ans, qui a régné sur le pays de 1989 à 2019 et qui conserve une grande influence. Il est considéré comme le mentor du président actuel. Cet allié du président russe Vladimir Poutine était également resté président du puissant Conseil de sécurité, mais Kassim-Jomart Tokaïev a annoncé mercredi qu’il exercerait désormais lui-même cette fonction.
Le Kazakhstan, plus grande des cinq ex-républiques soviétiques d’Asie centrale et principale économie de la région, comprend une importante minorité considérée comme ethniquement russe. Il est d’une importance économique et géopolitique cruciale pour la Russie.