Le Conseil présidentiel sur la répartition et l’encadrement des ressources sur le pétrole et le gaz tenu ce mardi a été une bonne initiative sur la forme. Le fait de dialoguer en profondeur sur ces questions, permettra sans doute d’éviter les erreurs du passé sur l’exploitation d’autres ressources naturelles et d’envisager l’avenir avec beaucoup plus de sérénité si tant est que la volonté politique y est.
Toutefois, pendant que l’on dialoguait à Diamniadio, les faits démentaient sur le terrain récurrent de la lutte contre la corruption, le Président de la République. En effet, les scandales à la Sar qui va raffiner le pétrole, au trésor qui va garder les fonds et dans d’autres structures publiques et privées, en disent long sur les difficultés que le Sénégal aura pour créer les conditions d’une sorte de révolution en la matière.
La difficulté de la tâche est de dire que l’avenir sera bien envisagé en la matière alors que le passé et le présent sont émaillés de scandales de toutes sortes en matière de gestion des deniers publics. Qui plus est, Il est certes important de réserver 10% des recettes aux générations futures. Cette démarche inspirée d’autres pays, permettra de bénéficier d’une masse financière qui sera une sorte de garantie pour ces générations. Toutefois, là où nous sommes dubitatifs, c’est au niveau des 90% de cette somme estimée à 700 milliards par an. Si l’essentiel va ainsi au budget, le Président de la République ne nous dit pas concrètement la part de l’investissement dans cette manne financière même s’il a parlé de relance de certains secteurs comme l’agriculture, la santé, etc.
Il est impératif que les dépenses lourdes de fonctionnement ne viennent pas ainsi oblitérer tous nos efforts en la matière. Car, il ne faut pas l’oublier, les charges de l’Etat sont lourdes. Et s’il y a des dépenses essentielles, il y en a aussi qui ne le sont pas. Les postes de Ministère créés dans un souci de caser de la clientèle politique, les Ministres-Conseillers, le nombre d’institutions budgétivores à utilité douteuse, posent problème. Le souci est que l’essentiel des recettes aillent vers l’entretien de gens peu méritants qui profitent ainsi de l’argent des sénégalais en toute tranquillité. Du coup, nous aurions souhaité que Macky nous dise qu’il est le pourcentage de ces 90% qui sera consacré aux dépenses d’investissement. C’est d’autant plus utile que nous avons besoin de plus d’universités, de plus d’écoles, de plus d’hôpitaux et de centres de santé, de plus d’équipements militaires, etc.
Or, au regard de l’ampleur de notre dette publique, il est impératif d’apprendre à construire notre pays par nos propres moyens. A défaut, une bonne partie de cette manne financière va servir à payer des dettes et ses services qui sont aussi exorbitants. En clair, les charges de l’Etat gagneraient à être allégées au maximum comme nombre de sénégalais ne cessent de le réclamer depuis de nombreuses années. Et la corruption sérieusement combattue. Même si nous avons une bonne note de 93/100 au niveau de l’ITIE, cela n’empêche que le travail abattu par nos différents corps de contrôle n’est pas récompensé par des poursuites judiciaires et la prise de mesures administratives de sauvegarde de nos ressources qui sont encore pillées par des prédateurs toujours plus nombreux.
A ce propos, personne ne nous fera croire que tout va se passer pour le pétrole et le gaz alors que les cas de corruption et de détournement animent le débat public. C’est dire l’ampleur de la tâche pour les pouvoirs publics. Mieux, Macky a le devoir impératif de tout faire pour que ces ressources du pétrole et du gaz profitent au maximum de sénégalais. Et pour ce faire, il faudra travailler à créer les conditions d’un impact positif sur les prix des denrées de première nécessité, sur les factures d’eau, de téléphone, d’électricité, sur le loyer, le transport, etc.
C’est seulement à ce titre que le pétrole et le gaz auront aidé les sénégalais à vivre mieux. Car, le budget, lui, est certes important, mais continue à subir le diktat de dépenses de fonctionnement trop lourdes pour un pays comme le nôtre. En clair, les bonnes intentions ne suffisent pas. Il faut une vraie révolution qui doit commencer par le sommet…
Assane Samb