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Vaccination contre la Covid : Rôle et apport des acteurs communautaires dans la riposte

La conférence d’Alma-Ata en 1978 définissait les Soins de Santé Primaires et ses 5 principes dont la participation communautaire. Cette dernière renvoie à un processus de développement social qui vise à impliquer les communautés dans la gestion de leur propre santé. Ainsi, conscient de l’importance de  la participation communautaire, les pays ayant participé à la conférence ont décidé de responsabiliser les individus à travers leur pleine implication dans les activités de santé traduisant la santé communautaire. Les acteurs communautaires réunis en relais, badiénou gokh, agent de santé communautaire, matrone, ASC/Matrone, Dispensateur de soins à domicile jouent  un rôle important dans la réalisation des tâches qui leur sont confiées à travers les différents programmes de santé que sont entre autres les programmes de santé de  la reproduction , de santé maternelle et infantile, de nutrition, de lutte contre le paludisme, les maladies tropicales négligées, la tuberculose et le VIH/SIDA. Leurs  activités tournent autour d’activités de promotion de prévention et curatives. Leur importance s’est fait ressentir de nouveau dernièrement dans la gestion de la crise sanitaire liée à la Covid-19 à travers la riposte de manière générale relative à la sensibilisation sur le respect  des mesures barrières mais aussi spécifique à la vaccination. C’est ainsi que nous avons rencontré  le président national du réseau des acteurs communautaires pour nous entretenir avec lui et déterminer le rôle ô combien important et déterminant que les acteurs communautaires ont joué dans la riposte contre la Covid-19 pour inciter les communautés à la vaccination.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle El hadji Beytir Samb, président national des acteurs communautaires dans la promotion de la santé et dans la riposte, membre du Comité Nationale de Gestion des Epidémies (CNGE), du comité Communication sur les Risques et Engagement Communautaire (CREC).

Quels types d’acteurs communautaires rencontrons nous et combien d’acteurs ont été mobilisés pour face à la crise sanitaire ?

Les acteurs communautaires sont réunis en agents de santé communautaire (ASC),  relais communautaires (RC), dispensateurs de soins à domicile (DSDOM), matrones et ASC/matrone. Nous sommes un réseau de 33.000 acteurs au niveau national et plus de 20.000 acteurs ont été mobilisés pour faire face à la pandémie de la Covid-19.

Quel rôle les acteurs communautaires ont-ils joué dans la riposte contre la COVID 19 à travers la vaccination ?

Depuis la conférence d’Alma-Ata le rôle des acteurs communautaires a toujours été déterminant sur les questions de santé et la participation à l’effort de la  santé communautaire notamment sur la santé maternelle et infantile à travers la sensibilisation sur le respect des CPN et CPON, la lutte contre le paludisme à travers l’utilisation des moustiquaires imprégnés, la tuberculose et le VIH/SIDA ou  nous avons apporté beaucoup de résultats satisfaisants. Aujourd’hui encore leur rôle se fait déterminant dans la gestion de la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 ou nous menons des activités depuis le début de son apparition jusqu’à maintenant. Actuellement nous sommes dans la communication sur le risque et l’engagement communautaire dans le cadre de la préparation du Gamou présidé par le SNEIPS. Nous avons des partenaires techniques et financiers telles que l’UNICEF, le Fonds Mondial et les Nations unies.

Étant le président national des acteurs communautaires, comment jugez-vous l’engagement des

acteurs communautaires face à la vaccination contre la Covid-19?

Depuis la mise en place du dispositif pour la vaccination nous avons eu à orienter nos acteurs communautaires dans la préparation, la mobilisation et la promotion de la vaccination des communautés et des groupes cibles dont les personnes avec comorbidité et les personnes âgées. Nous avons eu à orienter pas mal d’acteurs sur la gestion des rumeurs par rapport à la vaccination. En période de crise nous faisons face à beaucoup de fausses informations; chaque entité veut faire valoir ses  produits c’est l’effet du corona business. Mais ce qui nous intéresse ce sont les sénégalais et c’est ce qui nous a permis d’aller voir nos communautés pour les sensibiliser. Certes il y a eu des rumeurs, mais la vaccination à toujours donner de bons résultats, le Sénégal à donner l’exemple sur la promotion de la vaccination des enfants à travers le Programme Elargi de Vaccination donc ce n’est pas aujourd’hui que l’on va mettre sur place un vaccin pour nuire à la population. A travers le PEV aujourd’hui on a pu faire reculer beaucoup de maladies et ceci grâce à l’accompagnement et l’engagement des acteurs communautaires à travers leur expérience sur le terrain. Ainsi depuis la mobilisation des vaccins par l’Etat nous sommes présents et nous continuons la sensibilisation sur la promotion de la vaccination. Donc le rôle des acteurs est très déterminant dans tout ce qui est gestion de crise sanitaire et d’engagement communautaire ; les acteurs sont incontournables dans la riposte, leur rôle est très important même sur le plan financier, social et sur le plan de la valeur économique.

Etes-vous en contact avec les acteurs du système de santé en l’occurrence le ministère de la santé à travers la cellule de la santé communautaire ou le district sanitaire ?

Oui, nous avons été cartographiés par le système de santé ce qui a ressorti les 33.000 membres que nous sommes. Nous avons une reconnaissance suite au projet de l’USAID qui avait mis en place un système d’identification des acteurs engagés dans leur communauté pour la santé et le bien-être.  Nous travaillons en étroite collaboration avec la cellule de santé communautaire et les points focaux santé communautaire que l’on retrouve au niveau des districts sanitaires et des régions médicales qui nous encadrent et nous  forment sur les techniques de communication. Nous acteurs communautaires dans notre milieu de vie nous participons à l’effort de santé en sensibilisant nos communautés. Nous faisons aussi partie du comité de gestion de la Covid 19 ainsi nous détenons des informations qui émanent de la base que nous partageons avec le système de santé  à travers un feedback pour ainsi  définir des stratégies efficaces  qui permettent de  réorienter les stratégies car sans le feedback communautaire on ne peut prendre des décisions et définir des stratégies nationales de riposte ou de prévention de manière générale. Nous sommes également membre du comité de la communication sur le risque et l’engagement communautaire ce qui explique notre présence au moment de l’élaboration du plan d’action afin de contribuer en terme de stratégies, de renforcement de capacités institutionnelles pour plaider pour la valorisation et la motivation de l’acteur communautaire même si l’engagement est bénévole.

Nous savons que le district sanitaire constitue le niveau opérationnel en santé comment travaillez-vous avec les districts sanitaires ?

En tant qu’acteurs communautaires nous travaillons directement avec  les infirmiers chef de poste au niveau des postes de santé qui sont responsables de la supervision des activités communautaires. Les postes de santé polarisent les structures communautaires de santé que sont les sites communautaires ainsi que  les cases de santé et les sites de DSDOM que l’on retrouve dans des zones où il n y a pas de poste de santé. Ainsi les acteurs communautaires réunis autour des infirmiers s’activent dans la planification pour déterminer les indicateurs de suivi, les attentes des communautés en termes d’éléments de prévention, de structures communautaires ainsi que dans la recherche de personnes cibles et nous les orientons au niveau des structures de santé pour se faire vacciner ou respecter les mesures barrières. L’acteur communautaire engagé en tant que bénévole et qui veut contribuer à l’effort de santé une fois une bonne information et une bonne orientation reçu  s’engagera car son rôle est de protéger sa communauté. Aujourd’hui la pandémie est venue avec la population mais elle va finir avec les populations, sans l’engagement des populations elle ne peut pas finir. Prenons exemple sur une équipe de navétanes les acteurs communautaires sont les joueurs et les ICP sont les entraineurs juste pour montrer le rôle important des acteurs communautaires dans la gestion de la santé de leur communauté. Les données issues du niveau communautaire sont relayées au niveau du district sanitaire qui est une instance de coordination, de planification, de mise en œuvre, de suivi évaluation des données et des stratégies à mettre en place de même que les régions médicales et le niveau central. Nous nous activons autour  du volet curatif, du volet préventif et de l’accompagnement psycho émotionnel dû à la stigmatisation envers les personnes qui ont eu à contracter la Covid 19, de l’entretien motivationnel, de la réinsertion sociale, de l’accompagnement et de mobilisation des ressources autour des communautés.

Quelles sont les réactions des communautés devant la vaccination ?

Il y a eu beaucoup de rumeurs sur les vaccins dès l’annonce de l’Etat sur le déploiement de  vaccins et ça se comprend. Nous assistons à une course des scientifiques sur la fabrication de vaccins et cela chacun prétendant détenir le meilleur. Cependant selon les réalités culturelles du Sénégal nous pouvons rencontrer des personnes qui ne se sont jamais vaccinées et il est difficile d’amener ceux-là à la raison. Les rumeurs sur les vaccins ont sous tendu  la méfiance des communautés mais aujourd’hui grâce à l’apport des acteurs communautaires nous assistons à une vaccination de masse des communautés. Retenons à cela doivent s’ajouter le respect des mesures barrières dans la mesure où le vaccin ne protège pas à 100%.

Selon vous qu’est ce qui caractérise cette appréhension sur la vaccination ?

Les informations véhiculées à travers les réseaux sociaux ont fortement contribué à sous tendre la méfiance des communautés. Chacun y allant de ses propres informations et de ses propres sources ne cherchant pas à vérifier le vrai du faux causant ainsi l’incompréhension au niveau des communautés. Mais heureusement aujourd’hui les populations savent faire la part des choses et comprennent qu’avec les réseaux sociaux il y a le vrai du faux. Ce qui est important c’est qu’il faut comprendre que ces vaccins ont été validés par le comité scientifique sénégalais et aujourd’hui les populations continuent de se faire  vacciner.

Quelles sont les actions que vous avez entreprises pour inciter les communautés à la vaccination ?

Chaque acteur communautaire intervient dans sa communauté ou il est connu cela donne plus de confiance aux communautés et ces derniers ont besoin d’être écoutés pour connaitre leur perception, d’analyser, de réorienter leurs attentes et de les convaincre ; de ce fait nous avons plus misés sur des stratégies de rencontres de proximité avec la communauté, des dialogues communautaires, des visites à  domicile, des activités de coconstruction et d’accompagnement social.

Parlez-nous plus de ces stratégies.

Les stratégies de coconstruction sont organisés avec les différents segments de la société comme les jeunes, les charretiers, les groupements de femmes. Par exemple durant le magal de Touba nous avions sollicité les charretiers en utilisant les charrettes comme mode de transport dans chaque zone. Ainsi les stratégies de coconstruction permettent de mobiliser des ressources communautaires car aujourd’hui nous parlons d’engagement communautaire.

Des stratégies de dialogue communautaire ont été définies et des concepts de riposte en langue principale ont été mis en place : « gnu khékh ko » qui est une stratégie de combat, « gnu faggaru » qui renvoi a une stratégie de prévention, « gnu niakku » qui promeut la vaccination, « gnu suttural ko » qui est une stratégie de lutte contre la stigmatisation à travers la mobilisation de ressources pour la réinsertion sociale. Les acteurs communautaires déroulent chaque concept dans leur quartier.

Avez- vous rencontré des difficultés  pour la sensibilisation sur le vaccin ? Si oui lesquels ? Oui,

Oui dans  touche chose il y a des obstacles et cela à plusieurs niveaux. Au niveau de la population 80% de la population adhèrent à notre programme donc nous ne pouvons pas parler de difficultés à ce niveau. Nous faisons face à des obstacles financiers et du manque de soutien des élus locaux pour l’accompagnement des acteurs communautaires. La santé étant une compétence transférée les élus locaux doivent nous accompagner dans la mobilisation des ressources pour réaliser les activités de prévention. Nous allons demander aux  maires et aux potentiels candidats quelles sont leur plan d’action pour la santé communautaire en termes d’accompagnement, de stratégies, d’équipement et de motivation pour les acteurs communautaires.

Avez-vous signalé ces contraintes ?

Oui

Si oui quelles sont les solutions apportées (les bonnes pratiques) par vous et aussi par les responsables ?

Nous continuons toujours nos sensibilisations, nous cotisons et nous développons aussi des stratégies de mobilisation de partenaires sur l’importance de la santé et le bien-être des populations. Nous nous investissons pour nos communautés. Nous recevons aussi le soutien de nos responsables et des partenaires même s’il n’est pas effectif. Disons à 60%.

Quelles sont les solutions qui ont été appliquées ?

Financièrement l’Etat nous accompagne aujourd’hui à travers les partenaires comme l’Unicef, l’OMS, Plan International, True Action pour les activités de communication sur la campagne de vaccination de manière spécifique et sur nos activités de manière générale.

Tout à l’heure vous avez parlé des difficultés rencontrées et vous avez mentionnées celui avec les élus locaux. Pouvez-vous nous en dire plus ?

En réalité nous ne sommes pas en bonne collaboration. Leur implication se fait plus sentir sur les dotations au niveau des structures de santé que sur les acteurs communautaires. A l’image des équipes de navétanes à qui on attribue un budget, il devrait en être de même pour les acteurs communautaires car leur rôle est important en termes de contribution financière et de promotion de la santé. Les élus locaux doivent s’organiser et réorienter leurs politiques pour la santé communautaire car nous les acteurs communautaires sommes reconnus comme une association et nous avons aussi droit à un financement.

Donc retenons que vous n’avez pas reçu le soutien des élus locaux et qu’il n y a pas eu d’implication de leur part.

Effectivement il n y a pas eu de soutien et d’implication de leur part.

Peut-on avoir le nombre d’acteurs communautaires mobilisés pour la riposte contre la COVID  19 à travers la vaccination ?

Nous sommes 33.000 membres au niveau national et depuis le début de la pandémie disons qu’au moins 20.000 membres ont été mobilisés

Avez-vous des critiques par rapport à la riposte vaccinale ?

Non. En période de crise mieux vaut ne pas critiquer. Il est plus indispensable de réfléchir sur les solutions pour résoudre les problèmes.

Quels sont vos recommandations ?

Que chaque acteur s’investisse et joue son rôle pleinement pour une bonne gestion de la pandémie.

Quel est votre mot de la fin

Je vous remercie de m’avoir donné la voix et l’opportunité de m’exprimer.

 

 


 

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