Engrossée et abandonnée par son amant militaire, Ousmane Sonko, Souadou Samba avait quitté son Bignona natal pour se réfugier chez sa sœur, domiciliée aux Hlm-Niague. Quinze jours plus tard, la jeune fille qui faisait la classe de Terminale, accouche et jette son bébé de sexe masculin dans une fosse septique. Un acte ignoble qui lui a grandement ouvert les portes de la Maison d’Arrêt des Femmes de Liberté 6.
Dans la nuit du 16 au 17 novembre 2018, Souadou Samba avait mis au monde un bébé de sexe masculin qu’il a jeté dans la fosse septique du domicile où logeait sa grand-sœur. Mais, les conséquences fâcheuses de son acte barbare n’ont pas tardé à se manifester. Puisque le cadavre qui empêchait l’évacuation des eaux usées, a été découvert lors d’une opération de vidange. Pour identifier la coupable, toutes les jeunes filles de la concession ont été conduites auprès d’une sage-femme. Après consultation de toutes ses patientes, la blouse blanche démasque la criminelle présumée. Cuisinée par les enquêteurs, elle confie qu’elle a été engrossée par son petit ami, Ousmane Sonko. Mais, le militaire lui avait tourné le dos après avoir appris la nouvelle. « Je n’arrivais plus à le joindre. Ainsi, j’ai quitté Bignona à mon 8e mois de grossesse pour rallier Dakar, plus précisément le domicile de ma sœur. Quinze jours plus tard, j’ai accouché dans les toilettes. Le bébé était bien vivant. C’est par la suite que je l’ai jeté dans la fosse septique, après avoir constaté qu’il ne respirait plus », confie Souadou Samba.
Jugée hier, par la chambre criminelle de Dakar, pour infanticide, elle déclare qu’elle avait accouché d’un mort-né. « Je l’ai pris dans mes bras, mais il était inerte », s’est-elle dédouanée. « Mon amant servait à Bignona. On se voyait au domicile de sa tante. Vu la manière dont il m’a répondu lorsque je lui ai annoncé ma grossesse, il ne m’avait pas cru. Comme j’avais peur des représailles de mon père, j’ai quitté Bignona après avoir informé ma mère », renseigne-t-elle.
Appelée à la barre pour témoigner, sa grande sœur rejoue le film de la découverte macabre. « Un jour, j’ai constaté que la rigole était bouchée. On a creusé un trou pour évacuer l’eau. C’est au cours de cette opération de vidange que mon colocataire a découvert le corps sans vie du nourrisson. Je n’ai jamais constaté qu’elle était enceinte. Je partais au boulot chaque matin. Notre mère m’a aussi révélé qu’elle n’était pas au courant de sa grossesse », précise-t-elle.
Pour le maître des poursuites, il n’est pas prouvé scientifiquement que l’enfant est né viable. Dans la mesure où il n’y a pas de certificat de genre de mort dans le dossier. A cet effet, le parquet a requis l’acquittement de l’accusée. Me Abdoul Daff qui a émis le même souhait, a souligné qu’il fallait nécessairement faire une autopsie pour connaître les causes du décès. « Il y a un problème d’imputabilité », plaide-t-il.
Le président de la chambre rendra sa décision le 1er décembre prochain. En attendant, Souadou Samba retourne derrière les barreaux où elle séjourne depuis trois ans.
KADY FATY