Dans l’atmosphère de notre Lune, il n’y a pas assez d’oxygène pour nous permettre de respirer. Mais les chercheurs pensent que la couche supérieure de la surface de notre satellite, composée du fameux régolithe, pourrait contenir bien assez de cet élément indispensable à la vie humaine pour en autoriser la colonisation. À condition de parvenir à l’en extraire !
Un grand pas en avant. Puis un petit pas en arrière. C’est le tempo donné depuis plusieurs mois maintenant à la valse-hésitation de notre retour sur la Lune. Même si l’objectif principal demeure : bâtir, à terme, une base habitée sur notre satellite naturel. Alors que la Nasa vient de repousser l’échéance de son programme Artemis à 2025, la Chine et la Russie comptent commencer la construction d’une station lunaire dès 2026. Avant cela, il faudra s’assurer de la disponibilité de certaines ressources vitales. L’eau, bien sûr. Mais aussi l’oxygène.
Rappelons que l’atmosphère de notre Lune est ténue. Composée essentiellement d’hydrogène, de néon et d’argon. Alors que ce qu’il faut aux humains, c’est avant tout… de l’oxygène. Et déjà, certains envisagent des solutions pour en produire sur place. L’Agence spatiale européenne (ESA), par exemple, mais aussi l’Agence spatiale australienne et la Nasa développent des technologies capables d’en extraire du régolithe lunaire, cette couche de roches, de graviers, de pierres ou de fine poussière qui recouvre la surface de la Lune. Car sur notre satellite, on trouve beaucoup de minéraux qui renferment de l’oxygène : de la silice ou des oxydes de fer ou encore de magnésium, par exemple. On les trouve dans une forme originelle, intacte. Non altérée, comme sur notre Terre, par des organismes qui l’auraient, en quelques millions d’années, transformée en sol à proprement parler.
Extraire l’oxygène par électrolyse
Il y aurait donc, sur la Lune, une formidable réserve d’oxygène. Formidable à quel point ? Eh bien, selon les chercheurs, le régolithe serait composé à environ 45 % d’oxygène. Or si l’on considère uniquement la surface – car il reste difficile de savoir ce qu’il en ait des roches plus profondes -, chaque mètre cube de régolithe contiendrait en moyenne 1,4 tonne de minéraux. Soit l’équivalent de 630 kilogrammes d’oxygène. Assez pour permettre à une personne de respirer pendant environ deux ans.
En tablant sur une profondeur de régolithe d’entre dix mètres, la Lune pourrait finalement fournir à huit milliards de colons humains, assez d’oxygène pour vivre quelque 100.000 ans. Un chiffre à tempérer avec l’efficacité avec laquelle nos ingénieurs pourraient être capables d’extraire l’oxygène du régolithe. Car pour récupérer ce précieux élément, il faudra mobiliser pas mal d’énergie pour briser les liens étroits qu’il a tendance à nouer. Par électrolyse, par exemple.
Sur Terre, l’oxygène, suffisamment abondant dans l’air que nous respirons, est vu comme un sous-produit de l’électrolyse. Sur la Lune, il en deviendrait le produit principal. Les chercheurs envisagent de rendre l’opération durable en comptant sur l’énergie solaire, notamment. Pourtant cela ne s’annonce pas si simple. Car avant de pouvoir procéder à l’électrolyse, il faudrait que les oxydes métalliques que l’on trouve sur la Lune sous forme solide puissent être convertis en une forme liquide. À partir de chaleur, entre autres. Cela se fait sur Terre. Mais transporter tous les équipements utiles sur la Lune et les y faire fonctionner reste aujourd’hui un défi.