Elu à l’issue de la Présidentielle en décembre dernier, Alpha Condé a vu son sacre enveloppé dans une vague de contestation de l’opposition, dont Seydou Dalein Diallo, son principal challenger. Maintenant, le verrou a sauté et il a été capturé et mis dans un endroit tenu secret par les éléments des Forces spéciales guinéennes.
Le troisième mandat d’Alpha Condé a plongé la Guinée dans une tension extrême. Pour d’aucuns, il a fait du forcing pour être élu. Après la Mauritanie, le Mali et tant d’autres pays, la Guinée Conakry vit un énième putsch. Une situation qui est suivie de près par les ressortissants guinéens établis au Sénégal. De même, des Sénégalais suivent l’évolution de la situation.
Ansou Mané, journaliste sportif : «Le Sénégal n’est pas la Guinée et ne peut l’être. Car nous n’avons pas la même trajectoire, ni la même histoire. De l’indépendance à nos jours, on n’a jamais subi de coup d’État, même s’il y avait l’histoire entre Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia. » Poursuivant, il indique que des coups d’État ont fait sauter des présidents qui, à un moment, se croyaient intouchables. Dans cette logique, notre interlocuteur fait appel aux dirigeants africains pour une prise de conscience. «La démocratie, la constitution, les valeurs sociétales constituent les bases d’un développement inclusif», dira-t-il.
S’agissant du coup d’Etat en Guinée, d’aucuns pensent que cela devrait permettre aux peuples guinéens de pouvoir se mettre sur les rampes du développement socio-économique, en rendant très rapidement le pouvoir aux civils avec la tenue d’élections libres et transparentes. Pour ce faire, « il faut respecter le droit des personnes qui ont été bâillonnées lors de la présidentielle du décembre dernier », renseigne-t-il. Demba Thioune, journaliste-marketing digital manager, indique que la situation actuelle est déplorable, car ce coup d’État accentue cette crise des institutions constatées par les forces spéciales guinéennes.
Selon lui, cette situation a débuté depuis mars 2020, avec la tentative de modification de la Constitution en son article 28 qui interdisait au président Alpha Condé de se présenter pour une troisième candidature. Un vote référendaire a été proposé aux Guinéens le 2 mars 2020. «Ce referendum a été boycotté par l’opposition. Ce qui a causé plusieurs décès suite aux affrontements entre civils et forces de l’ordre. Pour rappel, ce peuple a été victime de souffrance et des civils ont été incarcérés pour des raisons purement politiques », se désole-t-il. La pauvreté avait plongé le peuple guinéen dans une situation délicate. L’absence de liberté, de justice a conduit à ce coup d’État. Comme dans certains pays de l’Afrique de l’ouest (Tchad et Mali), aujourd’hui c’est la Guinée qui est sur le devant de scène.
ASTOU MALL