La sortie de Me Oumar Youm est symptomatique de l’état dans lequel se trouve l’APR. « Si Macky perdait les Législatives, nous perdons tous nos postes » (sic) », frémit-il. C’est une catastrophe. Jamais propos d’un avocat, Maire et Directeur de Cabinet du Président de la République, n’a été aussi désinvolte et illustratif d’une panique qui guette certains gens de l’APR. Macky Sall, élu Président de la République, est-il candidat aux Législatives, sur une Liste départementale, sur une Liste nationale ou est-il même tête de Liste pour perdre ou gagne des Législatives ? La panique qui envahit le champ de cogitation du Maire de Thiadiaye est bien flagrante. Il ne va pas aux Législatives avec une mentalité de gagneur. Il pense plutôt aux sinécures à se voir arracher. « Nous perdrons nos postes », tremblote-t-il.
Les fonctions républicaines et de construction nationale sont, pour lui, ancien Ministre de l’Aménagement du Territoire et des Collectivités locales, des postes, un terme de rue qui renvoie bien à la conception comestible de responsabilités publiques à assumer sans obligation de résultats et de compte rendus !
« Nous perdrons nos postes », frémit Me Oumar Youm et un masque tombe. Alors que l’esprit public nouveau considère l’engagement politique comme une expression qualifiée et exigeante du citoyen au bénéfice du bien commun, avec une attention particulière à la situation nationale dans un esprit de service public, Me Oumar Youm parle de postes. Cela prouve que beaucoup de gens de l’APR s’affolent d’une probable défaite aux Législatives ou d’un plausible revers électoral qui signifierait non un désaveu politique, mais une déchéance sociale.
Défaite : pertes de sinécures
Il y a un grand écart entre les acteurs politiques et les Sénégalais qui attendent d’eux une œuvre d’Etat qui porte de l’avant. Pour les citoyens en phase avec la marche du temps, les lieux et les fauteuils institutionnels ne sont pas des postes, autrement dit, des sinécures comme le dit Me Oumar Youm. Ils sont des moyens d’exercices de responsabilités qui exigent un engagement sacerdotal, patriotique, sérieux et articulé qui met en évidence la nécessité absolue d’une qualification de la vie sociale. L’exercice d’une fonction institutionnelle ou ministérielle doit être accompli dans le cadre de la loi morale par la réalisation du bien commun et de l’intérêt national. L’assumer n’est pas occuper un poste. En considérant une défaite électorale probable non comme une insatisfaction des électeurs mais comme une perte de sinécure, se découvre l’égocentrisme des acteurs politiques dont certains, dès qu’ils savourent les délices et les avantages du Pouvoir, se retrouvent dans un état dépressif s’ils le quittent.
Ceux qui ne votent pas ou ceux qui considèrent que les acteurs politiques sont tous pareils, auraient bien raison à l’entente des propos du Directeur de Cabinet du Président Macky Sall. Le choix du parti, de la coalition ou des personnes à qui confier la vie publique par la voix des urnes, est toujours abusé par les acteurs politiques qui n’ont les yeux rivés que sur les dividendes à gagner, une fois qu’ils accèdent à la tête d’une Institutions ou d’un service public. C’est certainement ce qui explique la bataille féroce et atroce que se mènent les responsables de l’APR pour les investitures.
Intérêt personnel ou intérêt national ?
Ides acteurs politiques sénégalais n’agissent que pour leurs intérêts. Le sacerdoce, la foi en la Nation, l’attachement au bien commun et à l’intérêt national n’animent personne. Le langage politique, les agissements pré-électoraux, les violences électorales, les combines, les conspirations, et même le maraboutage clandestin, sont la preuve que la personne humaine et l’intérêt national ne sont pas le fondement et les fins de la classe politique. Les propos de beaucoup d’acteurs politiques, du pouvoir comme de l’opposition et ceux de nombreuse personnes de la société dite civile, ne trouvent pratiquement pas leur référence au peuple dans sa dimension authentique, ni dans leurs intérêts.
La preuve est que dès qu’une personne accède au pouvoir d’Etat, à la tête d’un service public ou au cœur d’une Institution parlementaire, change immédiatement et sans état d’âme de train de vie, passant de modestie au prestige, et prêt à tout pour ne rien perdre au nom d’un fallacieux engagement.
Mais le jeu politique a changé et les acteurs s’en rendent davantage compte. Me Oumar Youm ne l’ignore pas, lui qui craint une perte de postes. Mais les Sénégalais ne sont pas une multitude amorphe, une masse inerte à abuser, à leurrer et à manipuler. Ils sont des citoyens réfléchis qui ont le droit de se former une opinion, de l’exprimer par le vote et de la faire valoir. Tout responsable qui considère qu’il en perd un poste n’est qu’un alimentaire.
Le Piroguier