Il est heureux que la plupart des prêcheurs musulmans enfourchent aujourd’hui la même trompette pour faire chorus sur l’essence même de la fête de Tabaski.
Ouf ! Il était temps, ce sont dit de nombreux pères de famille : halte aux dépenses intempestives, inutiles, spectaculaires, et sans prise sur le vécu des quotidiens des pauvres « goorgorlus » éternels victimes d’une fête qui en vérité invite à la modération.
Mais peut-on se fier aux simples prêches de nos religieux quand on connaît le goût à la démesure, à l’excentricité, au m’as-tu vu, bref au « tapelé national» comme pour montrer à qui veut le voir, que moi sénégalais je suis aisé, je n’ai pas de problèmes, l’enfer économique, ce sont les autres, pas moi.
Et nos prêcheurs qui ont tenu ce discours religieux osé, véridique, plein d’enseignements, seront-ils eux même des exemples à suivre ? Il y a en effet, trop souvent, hélas, pour le regretter chez presque tous nos leaders politiques, syndicaux, religieux, un fossé criard entre le discours et la pratique.
Le Sénégalais semble en effet être taillé dans le roc en grandeur nature pour incarner la puissance du faux. Il est vrai que quand l’éducation a été pendant très longtemps orientée dans le folklore bêtifiant, 1, 2, 3 discours furent-ils les plus pertinents, les plus citoyens, les plus osés, pour ne pas dire les plus imbus de religiosité ne sauraient transformer un excentrique en homme humble.
En effet, la théorie quand elle s’empare de la masse devient une puissance matérielle. Et pendant des décennies, nous nous sommes conclus dans l’excentricité, dans le superflu, croyant que nous sommes la projection orthogonale de Dieu sur terre, en tous cas ses seuls représentants. Nous avons refusé de faire comme les autres, c’est-à-dire dans la simplicité.
Les autres étaient les « niaks » dans l’entendement populaire des frustrés. Gâchons que le Sénégalais fera dans le superflu encore une fois parce que ayant atteint la ligne rouge.