Samedi 26 juin, le petit nouveau de la scène politique gabonaise, le Parti du Réveil Citoyen (PRC), faisait sa sortie officielle. Si son président-fondateur, Thérence Gnembou Moutsona, est nouveau en politique, son nom est pourtant familier à nombre de Gabonais. Il est en effet à l’origine d’un mouvement citoyen, le Réveil, qui s’est fait connaître notamment par ses fameux Cahiers d’espérance.
Un précurseur de la démocratie participative au Gabon
Rien ne semblait destiner Thérence Gnembou Moutsona, contrôleur de gestion de formation, qui a fait carrière dans le privé avant de lancer sa propre entreprise, à se lancer en politique. Pourtant, son engagement citoyen n’est pas nouveau. Dès 2015, il lance un mouvement citoyen apolitique et indépendant, le Réveil. Ce collectif de personnalités issues de la société civile se donne pour objectif de faire émerger du terrain des idées concrètes pour améliorer la vie des Gabonais et met à cet effet en place diverses actions participatives pour recueillir les contributions des Gabonais.
L’association se fait notamment connaître par une initiative inédite : une plate-forme de démocratie participative en ligne pour recueillir les propositions des citoyens sur plusieurs questions d’ordre sociétal. Ce travail avait abouti à la rédaction des Cahiers d’espérance1, qui regroupent l’ensemble de ces propositions. Dans le même esprit, le Réveil entreprend l’année suivante une grande tournée à l’intérieur des terres, véritable caravane itinérante à la rencontre du Gabon profond2, pour recueillir la parole des Gabonais ; en résulte un documentaire, « Regards citoyens »3, qui retransmet sans filtre les témoignages de Gabonais sur leur vécu et leurs idées pour améliorer leur quotidien.
Une expérience de démocratie participative dont Thérence Gnembou Moutsona s’inspire aujourd’hui pour son parti politique, le Parti du Réveil Citoyen.
Une approche collaborative et fédératrice
Aux grands plans élaborés par des cabinets ou des think tank, le Parti du Réveil Citoyen indique préférer les idées concrètes issues du terrain. Il entend porter une nouvelle manière de faire de la politique en donnant la parole aux citoyens dans une démarche bottom-up pour faire émerger des idées nouvelles.
Il veut associer à la réflexion tous les Gabonais, de toutes les provinces du Gabon et de la diaspora, quelle que soit leur origine sociale, ethnique ou religieuse. « Nous souhaitons fédérer les intelligences de tous au sein de cette plate-forme politique, le PRC, pour penser collectivement le Gabon de demain », indique le président-fondateur du parti.
Dans cet esprit, Thérence Gnembou Moutsona, a invité ses concitoyens à venir échanger au siège du PRC, baptisée la « maison commune ». Il a par ailleurs annoncé l’installation d’antennes provinciales pour se rapprocher des Gabonais habitant en province, et l’organisation prochaine d’opérations à la rencontre des Gabonais sur tout le territoire. Sans compter le déploiement de réseaux sociaux, qui constituent aujourd’hui un moyen efficace d’échanger.
L’espérance, résolument
Si cette approche participative s’inscrit dans l’ère du temps, il ne s’agit pas pour Thérence Gnembou Moutsona de sacrifier à un effet de mode. Ses motivations sont plus profondes : associer ses compatriotes à sa réflexion répond pour lui à une nécessité de réengager les Gabonais, réenchanter la politique, réveiller le pays.
De fait, la forte abstention enregistrée lors des deux derniers scrutins présidentiels traduit une cassure entre le peuple et ses dirigeants. Cassure qu’a encore exacerbé la crise post-électorale qui a suivi le scrutin de 2016, marquée par un millier d’arrestations, une trentaine de morts, des dizaines de disparus. La situation économique dramatique du pays et l’immense précarité dans laquelle vivent de nombreux Gabonais – une famille sur trois vit aujourd’hui en-dessous du seuil de pauvreté – n’ont fait qu’aggraver l’altération du pacte social.
Moyennant quoi, le pari du Parti du Réveil Citoyen, avec son approche participative et fédératrice, est de restaurer la confiance et l’envie, préalables indispensables à toute action future. « Nous sommes un jeune parti, un de plus sur la scène politique gabonaise, mais nous pensons avoir quelque chose de nouveau à apporter, quelque chose de plus, quelque chose qui fait aujourd’hui défaut à nos compatriotes : l’espérance, indique Thérence Gnembou Moutsona. C’est cette lueur d’espoir, cette envie de croire, cet élan de se projeter que nous voulons réveiller chez nos concitoyens. Et si nous parvenons ne serait-ce qu’à enclencher cette nouvelle dynamique, alors notre pari sera réussi ! »