La justice a imposé la sortie de prison de trois étudiants accusés sans preuve, par la police, d’avoir fomenté les émeutes antimusulmanes de février 2020 à Delhi.
Accusés sans preuve d’avoir incité au déclenchement des émeutes antimusulmanes de février 2020 qui avaient fait 53 morts et plusieurs centaines de blessés dans les quartiers nord-est de la capitale de l’Inde, trois jeunes syndicalistes ont été libérés jeudi 17 juin.
Incarcérés depuis mai 2020 au titre d’une loi sur la prévention du terrorisme, Natasha Narwal, Devangana Kalita et Asif Iqbal Tanha avaient obtenu mardi 15 juin leur libération sous caution, sur décision de la Haute Cour de Delhi, mais n’avaient pas pu rentrer chez eux aussi vite que prévu. La police de Delhi a en effet demandé aux juges un délai de huit jours pour leur délivrer leurs bons de sortie, le temps de vérifier leurs adresses et leurs cartes d’identité respectives.
« Une fois qu’une ordonnance de mise en liberté sous caution est rendue, on ne peut y faire obstacle pour des raisons administratives ou ministérielles. S’il s’agit d’une question de vérification, la police sait parfaitement où les prévenus résident, puisque leur adresse fait partie de l’acte d’accusation », s’était insurgé l’un des avocats de la défense. La police de Delhi, qui a la particularité d’être placée sous la tutelle directe du ministère de l’intérieur, au niveau fédéral, a également fait appel de la libération des trois militants devant la Cour suprême.
Sans attendre le verdict de celle-ci, prévu vendredi, la Haute Cour de Delhi a sévèrement haussé le ton et exigé, jeudi, « la libération immédiate » des trois prévenus, ce qu’elle a fini par obtenir en début de soirée. Peu après 19 heures, Natasha Narwal, Devangana Kalita et Asif Iqbal Tanha sont apparus à la sortie de la prison de Tihar, l’établissement pénitentiaire de la banlieue ouest de Delhi, réputé être le plus grand d’Asie du Sud, avec 10 000 places.
Les trois jours de bras de fer qui viennent d’avoir lieu donnent une idée de la sensibilité du dossier et des répercussions qu’il pourrait avoir pour le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi