Dès qu’une personne est publique ou célèbre, sa détention devient un problème. Même si la loi est impersonnelle et générale, le caractère infamant de la détention de personnalités dans notre société fait que ces dernières ont tendance, d’une façon quasi-systématique, à verser dans la victimisation.
Certes les erreurs judiciaires sont possibles et la détention préventive est souvent longue et parfois disproportionnée par rapport à ce que l’on reproche à la personne, mais, la Justice ne peut pas se tromper tout le temps.
Puisque qu’il existe de plus en plus des émissions où d’anciens détenus sont invités, ces derniers, surtout s’ils sont célèbres refont presque leur procès en public bien sûr en l’absence du procureur et donc des enquêteurs. Ces derniers qui, le plus souvent ne peuvent pas répondre directement, surtout dans des émissions, reçoivent tous les coups et sont accusés de tous les péchés d’Israël. Ce n’est pas parce que l’on est connu, qu’on est une autorité de la République que l’on ne peut pas commettre des infractions de toutes natures.
Aujourd’hui, le Président Sarkozy en France a été condamné ainsi que le Premier Ministre israélien Netanyahou sans sous oublier l’ancien Président sud-africain Jacop Zuma, pour ne citer que ceux-là.
Venir dans les médias pour se justifier après une condamnation peut-être une démarche compréhensible pour ceux qui sont victimes d’erreur judiciaire mais pas pour ceux qui se sont trompés au point de commettre des infractions. Tout se passe, souvent, comme si parce que l’on est célèbre que l’on ne peut pas commettre des fautes et que c’est forcément la justice qui a tort.
Boy Djiné, qui vient d’être appréhendé après son évasion, a tenu à dire aux journalistes en poste à Tamba qu’il va continuer son combat contre l’injustice. Noble mission, mais il doit commencer d’abord par le combat contre sa propre propension à poser des actes délictuels à moins qu’il veille nous faire croire qu’il n’a jamais rien fait de mal. Et ses évasions alors ? Justifiés par les longues détentions par le refus de la liberté provisoire ? Soyons sérieux. On ne peut pas enfreindre la loi et s’ériger par la suite en donneur de leçons.
Il serait tellement intéressant que des détenus, honnêtes viennent dans les émissions notamment de télévision, pour reconnaitre leurs torts, regretter et donner ainsi une belle leçon de resocialisation. Mais, non, les juges et le Parquet ont toujours tort. Et eux, ils ont toujours raison. Il est important que tout le monde sache en effet que la Justice est rendue au nom des sénégalais et non d’un quelconque régime politique.
Si celle-ci est affaiblie, c’est l’impunité qui sera consacrée, la délinquance encouragée et le désordre et l’anarchie s’installer dans notre société. Or, ce n’est pas ce que nous voulons.
Certes, nous nous sommes toujours érigés contre les détentions préventives systématiques et avons préconisé le recours aux peines alternatives, mais cela ne veut nullement dire que la Justice, au sens général, doit faire preuve de faiblesse dans l’exercice de son sacerdoce.
Malheureusement, nous avons une société dans laquelle les délinquants commencent à être appréciés, aimés et surtout suivis. Ils sont érigés en référence dans une société malade où tous les verrous ont sauté.
Les insulteurs font du buzz sur la toile, les évadés sont vénérés et les escrocs et autres arnaqueurs respectés. Si quelqu’un tue un proche comme son conjoint ou même son père, on dit qu’il est malade.
En tout état de cause, les sirènes du dehors ne doivent nullement perturber le travail d’hommes et de femmes qui, de l’enquête à l’emprisonnement en passant par le jugement veillent à l’ordre et à l’équilibre dans les relations humaines en faisant tout pour éviter à ce que les forts et les malhonnêtes n’écrasent les autres.
Ce sont eux les héros de l’ombre qui travaillent, en secret, dans le silence de leurs bureaux.
Assane Samb