Notre société sénégalaise est gagnée par la sensation, la démesure, l’émotion. On privilégie l’émotion, le sensationnel par rapport à la raison.
Les espaces publics et privés sont gangrenés par l’émotion. Et notre société, dans une course à la démesure, de devenir paranoïaque.
La marchandisation de nos actes quotidiens étant la loi générale. Les médias informels apparurent comme des bébés prématurés voulant se tailler une place au soleil, de raffoler et de verser dans le sensationnel. L’émotion, toujours l’émotion qui apparaît alors comme le moyen le plus facile d’être dans la cour des grands. Nous avons gagné à être dans la médisance, la cabale, la destruction.
Violences, sexes, crimes, insanités, toutes actions condamnés par une bonne part de la société sont envoyés au peuple manipulé et trituré, en redemande toujours. Ces phénomènes ne doivent cependant rien au hasard. Ils sont la conséquence de la démission et de l’autorité publique et du peuple qui a longtemps chanté et dansé.
Nous avons gagné en tonalité de l’ignorance en faisant du bruit, beaucoup de bruits. Il y a ainsi un déclin vertigineux de la connaissance au moment où émerge à travers le bruit, les vacarmes et les sarcasmes, une connaissance inutile, destructrice. Nous avons laissé le bébé monstre ramper et s’installer tranquillement dans nos maisons, dans nos subconscients.
Maintenant qu’il a grandi, il hante nos sommeils nous empêchant de dormir du sommeil du juste. Il y a ainsi le recul de la sobriété, de la retenue, de la pudeur. Sénégalais, mesurons notre conscience, mesurons notre présence dans l’histoire, parce que nous avons encore du chemin à faire.