Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a reconnu formellement pour la première fois le génocide arménien. Dans une déclaration solennelle, le président démocrate a admis samedi 24 avril que les massacres et déportations commis à partir de 1915, pendant la première guerre mondiale, par les Ottomans contre les populations arméniennes relevaient du génocide. « Chaque année en ce jour, nous nous souvenons de la vie de tous ceux qui sont morts lors du génocide arménien de l’ère ottomane et nous nous engageons à nouveau à empêcher qu’une telle atrocité ne se reproduise », a déclaré le président dans un communiqué publié à midi, heure américaine (18 heures à Paris). « Nous ne faisons pas cela pour blâmer mais pour nous assurer que ce qui s’est passé ne se répète jamais. »
« Renouvelons notre résolution commune d’empêcher que de futures atrocités ne se produisent partout dans le monde. Et poursuivons la guérison et la réconciliation pour tous les peuples du monde. Le peuple américain honore tous ces Arméniens qui ont péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd’hui. »
Les présidents américains avaient toujours évité cette reconnaissance formelle pour ne pas irriter leur allié au sein de l’OTAN. Ronald Reagan avait fait référence le 22 avril 1981 au « génocide des Arméniens », qui fit plus de 1,5 million de victimes, mais il s’agissait d’une incise dans une déclaration commémorant les camps de la mort nazis. Barack Obama l’avait reconnu dans des déclarations de campagne, mais ne l’avait pas fait en tant que président lors de la célébration du centenaire des massacres en 2015. Une trentaine de pays, dont la France, l’Allemagne et la Russie, ont reconnu le génocide, selon l’Armenian National Institute de Washington.
Selon la presse américaine, M. Biden a prévenu le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, vendredi, de son geste à venir. Le sujet ne figure pas dans le compte rendu de l’entretien entre les deux hommes, le premier depuis que M. Biden a pris ses fonctions en janvier.
Ce contact tardif révèle les relations délicates avec la Turquie, alliée au sein de l’OTAN, que le président Donald Trump avait l’habitude de choyer. Mais les deux hommes, cherchant manifestement à déminer par avance la tension inéluctable que va provoquer cette reconnaissance, ont convenu par avance, selon la Maison Blanche, leur intention de se rencontrer en juin à Bruxelles en marge du sommet de l’OTAN.