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Djibouti : le président Ismaël Omar Guelleh réélu avec plus de 98% des voix

«IOG», 73 ans, se présentait pour un cinquième et, théoriquement, dernier mandat face à Zakaria Ismail Farah, un homme d’affaires de 56 ans fraîchement débarqué en politique et dont les chances de victoire semblaient maigres. «Le président Ismaël Omar Guelleh obtient 167.535 voix, soit 98,58% (…) Tels sont les résultats provisoires du scrutin présidentiel de ce 9 avril 2021», a annoncé vers 03h15 dans la nuit de vendredi à samedi Moumin Ahmed Cheick, le ministre de l’Intérieur, sur la télévision publique RTD. Il a ajouté que Zakaria Ismail Farah avait obtenu moins de 5000 voix. Les résultats définitifs seront prochainement «donnés par le Conseil constitutionnel».

En 2016, lors de la précédente élection présidentielle, Ismaël Omar Guelleh avait été crédité d’environ 87% des voix, là aussi dès le premier tour. Vendredi, plus tôt dans la soirée, le Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed a annoncé sur Facebook que «la participation dépasserait les 77%», contre 68% en 2016. Les quelque 215.000 électeurs inscrits (sur une population totale de 990.000 personnes) étaient invités à se rendre dans l’un des 529 bureaux de vote du pays, en majorité situés dans la capitale Djibouti-ville.

Vendredi midi, le président sortant, portant des vêtements traditionnels immaculés, avait voté accompagné d’une nuée d’officiels, d’officiers de sécurité et de journalistes, se disant «très, très confiant». Cette réélection se dessine néanmoins comme un dernier tour de piste pour Ismaël Omar Guelleh, qui aura, lors du prochain scrutin en 2026, dépassé la limite d’âge de 75 ans imposée par la Constitution.

Vendredi en fin de journée, Zakaria Ismail Farah, qui ne répondait plus depuis plusieurs heures aux sollicitations de la presse , n’avait été vu dans aucun bureau de vote. «Ça ne sert à rien mon vote, ni les votes de 80% du peuple djiboutien», a-t-il écrit plus tôt dans un message, sans donner plus d’explications.

Dans un second message, Zakaria Ismail Farah a vivement critiqué l’absence de ses délégués dans les bureaux de vote, semblant suggérer qu’ils avaient été empêchés d’entrer. Mais le chef de la mission d’observation de l’Union africaine (UA), Ahmed Tidiane Souare, a déclaré à la presse à la mi-journée que son équipe n’avait «pas rencontré de délégués» de l’opposant dans les bureaux de vote visités, précisant qu’il ne s’agissait pas d’une «obligation». «Jusque-là, tout se passe dans les règles et dans le calme», a ajouté l’ancien Premier ministre guinéen.

Les quatre premiers mandats de Ismaël Omar Guelleh ont été marqués par un exercice du pouvoir autoritaire laissant peu de place à la contestation et à la liberté de la presse, mais aussi par un développement de l’économie, reposant sur l’essor des ports et des structures logistiques. Ce territoire désertique, situé face à une des voies maritimes les plus empruntées au monde, aux confins de l’Afrique et de l’Arabie, est devenu un carrefour commercial. Il accueille également d’importantes bases militaires étrangères (États-Unis, France, Chine, Japon).

D’abord timide, en cette matinée électorale qui précédait la prière du vendredi, la plus importante de la semaine dans ce pays musulman, l’affluence s’est intensifiée en fin d’après-midi. Dans les bureaux de vote visités par l’AFP dans différentes zones de Djibouti-ville, les électeurs affichaient un discours uniforme, presque mécanique, en faveur du président sortant. «Le Président de l’avenir est Ismaël Omar Guelleh (…) Nous espérons qu’il sortira victorieux de l’élection. Deuxièmement, le développement du pays est en marche grâce à lui», affirme en somali Nimo Osman Elmi, une secrétaire de 42 ans, qui votait dans le quartier populaire de Balbala.


Plusieurs jeunes électeurs, souvent sans emploi, l’appelaient à aider la jeunesse et à changer de politique, mais assuraient voter pour lui. La croissance djiboutienne, qui devrait atteindre +7% en 2021 après une récession en 2020 liée au Covid-19, bénéficie peu à la population, touchée à 21,1% par la pauvreté extrême, selon des données 2017 de la Banque mondiale.

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