La mendicité des enfants revêt des proportions préoccupantes au Sénégal, et plus particulièrement dans la région de Dakar. Elle fait l’objet d’une attention croissante, tant de la part de l’État que parmi les organisations internationales et non gouvernementales. Les enfants mendiant nourriture ou argent sont repérables aux carrefours, aux feux rouges et dans les espaces publics des centres urbains (marchés, mosquées, banques, etc.). La mendicité des enfants génère plus de 5 milliards F Cfa par an, d’après une étude faites par des chercheurs sénégalais.
Le phénomène de la mendicité des enfants dans la région de Dakar touche environ 7 600 individus, dont plus de 2 200 sont dans le département de Dakar (30 %), 1 900 dans le département de Pikine (25 %), 1 880 dans le département de Rufisque (25 %) et 1 480 dans le département de Guédiawaye (20 %). Dans l’ensemble, les enfants mendiants sont très jeunes : leur moyenne d’âge se situe autour de 11 ans ; lors de l’enquête, le plus jeune avait 2 ans, et près de la moitié n’avait pas 10 ans. Les garçons représentent la quasi-totalité des enfants mendiants ; les filles ne sont que très marginalement concernées. La grande majorité des enfants mendiants (90 %) sont des talibés
Une étude des chercheurs Mouhamadou Kane et Mamadou Abdoul Wane montre que la mendicité des enfants enrichit les maîtres coraniques. La mendicité génère plus de 5 milliards F Cfa par an pour les enseignants coraniques au Sénégal. Les chercheurs se sont rendus en Guinée-Bissau, d’où viennent la majorité des enfants qui mendient dans les capitales régionales, particulièrement à Dakar. Le document rapporte que des marabouts ont formé un groupe d’entreprises spécialisées, certains réinvestissent dans l’immobilier. Au total, 7 600 enfants étaient dans la mendicité déjà en 2007.
Le revenu des enfants talibés qui mendient est avant tout destiné au marabout. Les talibés doivent pourvoir à leurs besoins propres, mais ils doivent également mendier durant une bonne partie de la journée, et rapporter quotidiennement de l’argent au maître coranique. Le revenu moyen des enfants mendiants est d’environ 450 francs CFA par jour. Le gain des talibés (soit 400 francs CFA en moyenne) est nettement inférieur à celui des non-talibés (700 francs CFA en moyenne). La somme que les premiers versent chaque jour au maître avoisine 300 francs CFA en moyenne.
Pourtant le Sénégal s’est doté d’un assortiment de politiques à l’encontre de la mendicité des enfants. Le Sénégal étant muni de politiques nationales et d’un cadre juridique exhaustifs et adaptés à l’enraiement du phénomène de la mendicité enfantine, il convient d’intensifier l’exploitation de ces instruments pour obtenir les résultats escomptés.