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Noumoucounda: « Etre griot c’est être porteur d’un enseignement »

El hadji Noumoucounda Cissoko est issu d’une famille de griots sénégalaise. Né à Dakar originaire de Tambacounda, il n’a pas appris la « Kora » ou la musique, elle est en lui: il l’a respiré dés son plus jeune âge. Avec son père, Koriste et pilier de l’orchestre National du Sénégal, sa mère chanteuse , ses oncles et frères, il baigne dans la culture mandingue. Noumoucounda Cissoko a été pendant vingt ans le des Positive Black Soul. Rencontre avec un griot urbain 2.0, nouvelle génération.

Noumoucounda Cissoko | Music In Africa

Qui est Noumoucounda?

Je suis un griot, chanteur, joueur de kora et percussionniste. Je suis né à Dakar dans la famille Bannaya. Toute ma famille est dans la musique depuis des générations et j’ai grandi au milieu des notes de la Kora, du balafon et du « Djembé ».

Votre parcours artistique?

J’ai appris la musique avec ma famille. Quand j’étais petit , j’étais entouré d’instruments et de musiciens. C’est là que j’ai appris tout le répertoire traditionnel. Plus tard je suis allé au conservatoire et j’ai obtenu mon diplôme de Kora et de percussions. J’ai ensuite intégré le Positive Black Soul avec qui j’ai fait le tour du monde. Le fait d’être dans le hip-hop m’a permis d’apprendre de nouvelles choses et une nouvelle manière de travailler beaucoup plus structurée vu qu’on devait jouer avec des machines. J’ai ensuite joué sur des albums de Stromae, Alpha Blondy, Mc Solaar, Omar Pene, Daara J Family, entre autres. En 2010 , j’ai commencé à me concentrer sur ma carrière solo. J’ai sorti un premier album, « Faling » qui veut dire le partage, en 2012 J’ai enregistré cet album entre la Suisse et le Sénégal. Il y a même des chœurs qui ont été enregistrés en Belgique. Grace à cette musique, j’ai ensuite Angleterre, Espagne, Chine, Brésil , Kenya. En 2017, j’ai ouvert mon studio et mon label Karantaba. Records avec mon ami Fred Hirschy qui est mon basiste et qui arrange tous mes morceaux. Nous jouions déjà avec Awadi. Nous sommes très complémentaires car il aussi multi-instrumentiste. A nous deux , nous pouvons faire des albums en entiers ! Beaucoup d’artistes sont déjà venu enregistrés dans notre studio: Daara J Family, Wally Seck, Carlou D, Bebi Philip, Idrissa Diop, Duggy Tee, Maabo, Safary, etc!

Noumoucounda, le griot sénégalais du futur #36 – Des mots de minuit –  Magazine culturel

« Je suis très fier du courage du peuple Sénégalais »

Votre musique est elle appréciée des senegalais?

J’ai fait le tour du monde et j’ai travaillé avec d’immenses artistes mais malheureusement je n’ai pas encore eu l’occasion de promouvoir ma musique au Sénégal. J’ai sorti le single « Yewala » avec Daara J Family, il y’a quelques temps et j’ai un album prêt à sortir mais tout a été retardé à cause du Coronavirus. Je vais tout faire pour que cette album soit connu car les artistes invités sont vraiment incroyables et les remercie toutes et tous car ils sont vraiment venus m’aider et ils ont participé avec les cœur.

On vous surnomme « Le Jimi Hendrix de la Kora » ?

Ce n’est pas vraiment un surnom qui est très utilisé mais c’est vrai que quelques personnes l’utilisent. Ce surnom vient sûrement du fait que je ne joue pas que de la musique traditionnelle et que j’aime jouer dans des styles différents. Et c’est aussi vrai que sur scène je libère beaucoup d’énergie, j’arrache tout comme Jimi Hendrix, ça vient de mon coté hip-hop.

Pouvez vous revenir sur votre album « Noumoukan Willa »?

C’est un album que j’ai fait avec mon arrangeur Fred Hirschy. Ca que la voix de Noumou s’est levée. Depuis des années, je suis invité dans des projets et des albums mais cette fois j’ai décidé que c’est moi qui invitais. J’ai donc invité sur mes morceaux les rappeurs comme Daara J Family, PBS, Nix, Keyti, Xuman et les griots comme Djiby Dramé, Daba Seye, Mamy Kanouté, Goundo Cissokho. C’est un album qui me ressemble, qui est très hip-hop mais avec des sonorités mandingues très fortes. On a tout enregistré dans notre studio Karantaba Records aux HLM Patte d’oie et j’ai signé avec RFI Talent pour cet album. On a déjà présenté ces morceaux à Londres, Paris et Genève.

Quels sont les thèmes abordés dans ce nouvel album?

J’ai fait très attention aux textes dans cet album. Fred a beaucoup participé et j’ai fait appel à Ndondo D, Xuman, Keyti et mon oncle Cheikhouba pour m’assurer que toutes les idées étaient bien exprimées. Je parle de progrès et d’évolution. Je parle d’éducation et aussi de la place de la femme qui mériterait beaucoup plus de responsabilité dans notre société. Trop d’hommes ne sont pas pas encore prêts car ils n’ont pas compris qu’il ne s’agit pas de combattre mais de construire ensemble. Je chante aussi l’amour et j’ai morceau un plus plus politique avec Nix qui dit qu’on ne peut pas toujours attendre sur les autres, sur les bonnes attentions ou sur les dirigeants pour entreprendre des choses. Un jour il faut se lever, commencer le travail et surtout travailler pour réaliser ses rêves. On devrait se demander chaque jour si on a fait quelque chose dans cette direction.

Musicalement Comment réussissez-vous à mixer la tradition griotique avec les machines donnant un son très urbain à votre musique?

Pour moi c’est naturel car j’ai grandi dans ces deux cultures, traditionnelles et hip-hop. Une fois fois que vous êtes à l’aise dans ces deux mondes çà de vient plus facile de les mixer. Mon arrangeur Fred Hirschy a grandi dans les musiques soul, jazz, hip-hop et il travaille avec beaucoup d’artistes africains depuis bientôt 20 ans donc il est capable de mixer les différents rythmes, instruments et sonorités.

Vous êtes griots, issu de famille griotte, quelle est la véritable fonction du griot dans ce contexte marqué par les TIC?

Je pense que le rôle de griot a changé et qu’il s’est adapté au monde actuel. Pour moi être griot griot aujourd’hui c’est être porteur d’enseignement, d’un message qu’on communique à travers sa musique ou on art. C’est pour çà que je ne suis pas dans les délires bling bling, je suis conscient de ma responsabilité et de ma mission. Il y a deux genres d’artistes: les vrais qui inventent , qui cherchent, qui puisent dans la tradition pour amener une nouvelle voix et un nouveau message. Et les autres qui cherchent que la gloire, la reconnaissance, qui suivent le mouvement général car leur seul but est de plaire et de gagner de l’argent. On pourrait dire que tout vrai artiste, donc première catégorie, est un griot moderne.

Vous parlez de griot urbain cela veut dire quoi?

C’est tout simplement que j’ai grandi dans une famille de griots mais que je me suis ouvert aux styles urbains comme le hip-hop, le reggae, le house, etc. Je respecte plus que tout la tradition qu’on m’a enseigné mais je sais aussi que chaque génération doit participer au développement de la musique, chaque génération doit apporter sa propre touche. J’ai grandi dans une ville et j’ai été influencé depuis mon enfance par des musiques modernes; c’est donc normal que je finis par mélanger tout çà.

Vous êtes pour la polygamie?

Je dirais tout d’abord est ce que j’ai le choix d’être pour ou contre. Vous savez, je suis quelqu’un de très ouvert. J’ai eu la chance de voyager dans le monde entier et j’ai vu beaucoup de cultures différentes. Pour moi, aucune culture n’a raison et l’autre tort; toutes les cultures fonctionnent à partir du moment où les gens se respectent. Je suis pour la tolérance en général et ce n’est pas à moi de juger. Ce que je n’accepte pas c’est lorsqu’il n’ y pas consentement, lorsque des gens ont forcés de faire certaines choses. Il ne peut rien avoir de bon dans ces conditions.

Le Sénégal est traversé par des manifestations sanglantes lors de l’arrestation de Ousmane Sonko. Quel est votre commentaire?

C’est très dur de voir des gens perdre la vie alors qu’ils se battaient pour la justice. Je suis très fier du courage du peuple senegalais et de sa mobilisation. Il se lève car il n’en peut plus. Cà dépasse l’arrestation d’Ousmane Sonko car les revendications vont beaucoup plus loin. Je prie pour qu’on trouve des solutions de dialogue et pour un véritable changement. Tant que la jeunesse et l’éducation ne seront pas les priorités dans notre pays, alors on répètera les mêmes erreurs.

ANNA THIAW


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