Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) ont fermement condamné dimanche la violente répression au Myanmar contre des manifestants pacifiques et appelé les militaires à respecter la volonté du peuple exprimée lors des élections.
« Le Secrétaire général condamne fermement la violente répression au Myanmar. Il est profondément perturbé par l’augmentation des décès et des blessures graves. Le recours à la force meurtrière contre des manifestants pacifiques et les arrestations arbitraires sont inacceptables », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse.
« Le Secrétaire général exhorte la communauté internationale à envoyer un signal clair aux militaires indiquant qu’ils doivent respecter la volonté du peuple du Myanmar telle qu’elle a été exprimée lors des élections et mettre un terme à la répression », a-t-il ajouté.
Il y a une semaine, le Secrétaire général avait déjà condamné des violences meurtrières commises par les forces de sécurité contre des manifestants au Myanmar.
L’armée a pris le pouvoir le 1er février, date à laquelle le Parlement birman devait faire sa rentrée après la victoire aux élections de novembre 2020 de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti de la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi. Les militaires ont déclaré l’état d’urgence pour un an. Aung San Suu Kyi et d’autres dirigeants birmans ont été arrêtés.
Plus tôt dimanche, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a également fermement condamné l’escalade de la violence contre les manifestations et a appelé l’armée à cesser « immédiatement » le recours à la force contre des manifestants pacifiques.
« Tout au long de la journée, dans plusieurs endroits du pays, la police et les forces militaires ont affronté des manifestations pacifiques, utilisant une force létale et non létale, ce qui, selon des informations crédibles reçues par le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies, a entraîné la mort d’au moins 18 personnes et fait plus de 30 blessés », a dit une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, dans une note à la presse.
Des morts seraient survenues à la suite de balles réelles tirées sur des foules à Yangon, Dawei, Mandalay, Myeik, Bago et Pokokku. Des gaz lacrymogènes auraient également été utilisés à divers endroits, ainsi que des grenades flash-bang et assourdissantes.
« Le peuple du Myanmar a le droit de se rassembler pacifiquement et d’exiger le rétablissement de la démocratie. Ces droits fondamentaux doivent être respectés par les militaires et la police, et la réponse ne doit pas être une répression violente et sanglante », a dit la porte-parole du HCDH.
Selon le HCDH, le recours à la force meurtrière contre des manifestants non violents n’est jamais justifiable au regard des normes internationales relatives aux droits humains.
Nombreuses arrestations
Depuis le début de la prise de pouvoir par l’armée au Myanmar le 1er février, la police et les forces de sécurité ont pris pour cible un nombre toujours croissant de voix de l’opposition et de manifestants en arrêtant des responsables politiques, des militants, des membres de la société civile, des journalistes et des professionnels de la santé.
Rien que dimanche, la police a détenu au moins 85 professionnels de la santé et étudiants, ainsi que sept journalistes, qui étaient présents aux manifestations. Plus de 1.000 personnes ont été arbitrairement arrêtées et détenues au cours du mois dernier – dont certaines sont portées disparues – la plupart du temps sans aucune forme de procédure régulière, simplement pour avoir exercé leurs droits fondamentaux à la liberté d’opinion, d’expression et de réunion pacifique, selon le HCDH.
« Nous réitérons notre appel à la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement, y compris les membres du gouvernement démocratiquement élu », a dit Mme Shamdasani. « La communauté internationale doit être solidaire des manifestants et de tous ceux qui cherchent un retour à la démocratie au Myanmar ».