Une affaire d’abus de confiance portant sur 505,4 tonnes de fer d’une valeur de 220 millions de nos francs a été jugée, hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Au banc des accusés il y avait le sieur M. Fall dit Ahma. Âgé de 81 ans et habitant à Diamaguène, il a contesté les faits pour lesquels il a été attrait devant la barre de cette juridiction par une dame. A l’en croire, c’est une certaine Mme Bâ qui lui a mis en rapport avec la partie civile. C’est pour lui chercher des clients afin qu’elle puisse écouler sa marchandise. « Quand elle m’a remis le matériel, j’ai écoulé les fers qui sont de 2.500 tonnes. Et je reconnais que je dois à la dame 173 millions au lieu des 220 avancés par cette dernière. Dans ses accusations, elle a mentionné une facture qui a été payée. Pour le reste de l’argent, je la lui donnerai parce que les nommés Sarr et Faye ont confirmé avoir reçu les fers. Faye me doit 220 tonnes et l’autre 170 tonnes », a dit le mis en cause pour se dédouaner. Toujours dans sa narration des faits, il a soutenu avoir eu dans le passé à écouler les produits de cette même dame d’une valeur d’un milliard. « Je lui ai intégralement remis son argent. C’est d’ailleurs elle qui me dit 8 mois de salaire. On a travaillé durant un an et six mois sans problème. La preuve? Elle l’a confirmé au commissariat central lors de notre première confrontation avant de retourner sa veste devant le juge d’instruction et devant vous juges ».
Pour sa part, la plaignante, N. P. Ndiaye a soutenu qu’au début, les choses se passaient bien jusqu’à ce qu’on commence à noter des manquements. « J’ai fait un chargement de fer de 2000 tonnes. C’est sur ces entrefaites que je l’ai sollicité pour qu’il écoule les produits. Au début, il a commencé à vendre entre 2 et 4 tonnes. Par la suite, il m’a dit qu’au niveau de Diamniadio, il y’a des Chinois qui pourraient acheter de grosses quantités. Je lui ai donné sans ambages une forte quantité. Cependant, je peine à entrer en possession de mes fonds. Pis, il a commencé à faire tarder le versement. A chaque fois, c’est mon frère qui allait récupérer mon argent. Tantôt il versait 20 millions, tantôt il donnait 30 millions », a indiqué la dame. Avant de poursuivre : » Il a eu un second client dans son fief pour une construction d’une grande école. il a commencé à prendre des tonnes de fer. C’est là-bas que les prêts ont commencé avoisinant les 220 millions. En mars, il m’a supplié de patienter jusqu’au mois d’avril pour qu’il me paye mais en vain. C’est au mois de décembre que les lenteurs ont débuté en réalité. Il m’avait parlé de chinois alors que c’était son beau-frère ». De son côté, l’avocat de la partie civile a déclaré que les faits reprochés au mis en cause sont constitués. C’est la raison pour laquelle il a réclamé 250 millions pour la réparation du préjudice. Invité à faire son réquisitoire dans cette affaire, maître des poursuites a requis 6 mois dont 3 mois ferme. Pour finir, la défense estime que la peine requise par le parquet est extrêmement sévère. « La vente à crédit n’est pas source d’abus de confiance. Ce délit n’est pas établi. C’est une affaire purement civile. Il faut relaxer mon client purement et simplement », a plaidé la robe noire. En rendant son délibéré, le président du tribunal des flagrants délits de Dakar a condamné le prévenu à 6 mois dont 1 mois ferme. En sus de la peine, il devra payer 220 millions de nos francs à la partie civile.
Cheikh Moussa Sarr