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Secteur industriel : Le secteur agro-alimentaire dans la hantise de baisses imposées des prix

Le Chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye proclame sa volonté de bâtir une économie forte appuyée sur le Secteur industriel du pays. Mais le gouvernement ne trouve pas pour le moment les moyens pour sécuriser les industries existantes, fortement menacées selon Mohamed GUEYE. 

Le dernier communiqué du Conseil des ministres de mercredi dernier met en lumière l’intervention du président de la République sur le besoin de «bâtir une économie attractive et robuste orientée vers la valorisation endogène de nos potentialités et ressources naturelles, et fortement créatrice d’emplois décents». Le chef de l’Etat voulait souligner ainsi l’importance qu’il accorde au développement de l’industrie dans ce pays, et la promotion de l’industrialisation, qui devrait bénéficier de nombreuses ressources du pays et du potentiel qu’elles engendrent.

Le Président a ainsi demandé, selon les termes du communiqué, «aux ministres en charge de l’Economie et de l’Industrie, en liaison avec l’Apix, d’évaluer les zones économiques spéciales et les agropoles créés, en termes d’entreprises installées, d’investissements et d’innovations technologiques réalisés, de facilités (administratives, fiscales, foncières…) accordées par l’Etat, d’emplois créés et de contribution à la promotion des exportations et au dynamisme des pôles territoires». En ce moment où le marasme économique semble avoir saisi tous les secteurs du pays, cette déclaration de la plus haute autorité du pays devrait permettre de revigorer les citoyens et de donner un coup de fouet aux entrepreneurs. Malheu­reusement, les choses se passent comme si les entrepreneurs veulent «avoir le miel sur la langue plutôt que dans les oreilles», si l’on reprend l’expression favorite d’un important chef d’entreprise du Sénégal. Car au moment où les autorités disent vouloir encourager l’entreprise privée, les industries agroalimentaires sont sous une forte pression des services du ministère du Commerce. M. Serigne Guèye Diop avait d’ailleurs annoncé il n’y a guère, que les prix des denrées comme le riz, le pain, l’huile ou le sucre, allaient bientôt fortement baisser. Cela, sans annoncer des mesures compensatoires aux producteurs et aux distributeurs.

Lors des premières annonces de baisse de prix, les consommateurs ont cru être floués, d’où la volonté du gouvernement de se rattraper, quitte à frapper sur les industriels. Comme pour ne pas faire mentir le patron du commerce sénégalais, les entreprises sont mises à contribution, quitte à vendre à perte. Plusieurs commencent à se demander si elles vont pouvoir tenir face aux nouvelles exigences.

Sans doute que les pouvoirs publics semblent considérer que les industriels auraient plus de marge de manœuvre que l’Etat, qui a avoué ne plus en avoir. On se rappelle qu’en juin 2024, pour ne pas être forcé d’accepter une augmentation du prix du pain demandée par les boulangers, le gouvernement avait mis en demeure les meuniers de revoir à la baisse les prix de vente de la farine. Ces minotiers avaient accepté la mort dans l’âme. Cela leur a coûté cher depuis.

Les mêmes pressions ont été exercées sur les producteurs de sucre de la Css, ceux de la Soca et d’Agroline pour la tomate, ainsi que sur les huiliers et autres produits alimentaires. Le problème avec ces baisses imposées, c’est qu’elles ne reposent sur aucune logique économique. La crise économique actuelle date de l’éruption du Covid-19, qui avait perturbé la chaîne logistique mondiale et privé les pays en développement de moyens de transport dont les pays riches avaient besoin pour assurer leur fourniture.

La fin du Covid ayant coïncidé avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, cela n’a pas aidé à améliorer les choses. Le monde s’est très vite rendu compte que la plus grande partie du blé consommé dans le monde venait de la Russie et de l’Ukraine. De même que l’engrais dont les agriculteurs de par le monde, et en Afrique particulièrement, ont besoin pour leurs cultures, provient de ces contrées. Cette situation n’a pas seulement fait baisser les prix des produits alimentaires, elle les a poussés encore plus à la hausse.


Le Président Macky Sall, face à cette situation, en plus d’avoir mobilisé plus de 1000 milliards pour son Fonds de résilience économique dans le cadre de la lutte contre le Covid, a aussi fait jouer tous les leviers de la fiscalité pour empêcher une flambée des prix. La nouvelle équipe au pouvoir n’a donc plus la même latitude, et il semble, malheureusement, que notre équipe de fiscalistes soit plus douée pour faire les poches des contribuables que pour aider les entrepreneurs à produire de l’argent dans le pays.

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