Invité de l’émission « Grand oral » sur Rewmi Tv, Amadou Sène Ndiaye a soutenu que la constatation de la démission de Barthélémy Dias par le préfet de Dakar est « légale » même si c’est regrettable. L’expert en gestion des collectivités territoriales a également déploré la grève des agents municipaux qui perdure en pointant du doigt la responsabilité du nouveau régime avant d’émettre quelques réserves sur la gouvernance locale proposée par le tandem Diomaye-Sonko dans le nouveau référentiel des politiques publiques.
La révocation de Barthélémy Dias de son poste de maire de Dakar continue de susciter une vague de réactions diverses. Invité sur Rewmi Tv, ce samedi, Amadou Sène Ndiaye n’a pas mis les gants pour apprécier l’acte posé par le préfet de Dakar qui, selon lui, va dans le sens du respect de la loi. L’expert consultant explique, en effet, que le préfet est dans son droit de déclarer Barthélémy Dias démissionnaire de son poste de maire après avoir constaté son inéligibilité suite à sa condamnation définitive dans l’affaire Ndiaga Diouf. D’après lui, les élus locaux doivent exercer, dans le respect de la loi, le mandat qui leur confié qui peut être retiré dans cinq situations que sont : le décès du maire, la révocation par décret présidentiel, la suspension par le ministre des collectivités territoriales, la démission du maire et la constatation de la démission du maire par l’autorité préfectorale suite à une condamnation définitive.
Poursuivant son argumentaire, monsieur Ndiaye précise que le désormais ex maire de Dakar n’a pas été révoqué de son poste, mais il a plutôt été déclaré démissionnaire. Pour lui, cette précision est de taille, car seul le Président de la République est habilité à révoquer un élu local comme l’a soutenu Barthélémy Dias lors d’une récente conférence de presse. Toutefois, Amadou Sène Ndiaye déplore le fait que le préfet de Dakar ait attendu d’être saisi pour constater la démission de Barthélémy Dias et dénonce, dans la foulée, l’interdiction faite aux agents municipaux d’accéder à l’hôtel de ville. Évoquant le recours introduit par Barthélémy Dias, l’expert en gestion des collectivités territoriales ne pense pas qu’il va prospérer dans la mesure où la cour d’appel ne peut pas aller dans un sens autre que celui du préfet, d’après lui. D’ailleurs, il dit ne pas voir un vice de forme ou de procédure dans la décision du représentant de l’Etat au niveau départemental. Dans le même temps, l’expert consultant mentionne que l’installation d’une délégation spéciale à la mairie de Dakar n’est pas pour le moment envisageable. Mais, il précise tout de même qu’elle pourrait se faire si le conseil municipal est dissous.
Grève des agents des collectivités territoriales
Interrogé sur la grève des agents municipaux qui dure depuis plusieurs années, Amadou Sène Ndiaye a exprimé son étonnement. Selon lui, le nouveau régime « s’inscrit dans la continuité » en laissant continuer cette grève qui cause d’énormes préjudices aux populations locales. Monsieur Ndiaye a rappelé, dans ce sens, les efforts consentis dans le passé pour améliorer la vie des agents municipaux tout en regrettant le fait que les nouvelles autorités refusent d’appliquer la loi qui dit que toute augmentation de salaire dans la fonction publique doit être immédiatement appliquée au niveau local. Pour lui, l’Etat doit tout faire pour relever le capital humain des collectivités territoriales en organisant des concours pour recruter les meilleurs dans la gestion des collectivités, comptabilité et autres. Il a également indiqué que les métiers issus des collectivités territoriales tournent autour de 129-130 au Sénégal.
Par ailleurs, l’expert et formateur en gestion des collectivités territoriales s’indigne du « comportement spectateur » des centrales syndicales dans la grève des agents municipaux et invite les agents syndiqués à se retirer de ces centrales syndicales. Revenant sur l’impact de la grève, Amadou Sène Ndiaye déclare que le service public ne doit jamais s’arrêter et invite les autorités à régler au plus vite la situation en respectant la loi. Il précise, à cet effet, que les maires et les présidents des conseils départementaux ont la possibilité de réquisitionner des agents municipaux pour garantir la continuité du service public.
Avenir de l’acte 3 de la décentralisation et projet de gouvernance locale de Diomaye Faye
Parlant de l’acte 3 de la décentralisation, Amadou Sène Ndiaye soutient que c’est une bonne idée, « mais il a été malheureusement fait dans la précipitation avec des vides juridiques », d’après ses dires. Selon lui, la suppression de la région comme collectivité territoriale pose problème et l’acte 3 de la décentralisation n’a pas donné une considération souhaitable à l’aspect financier. Interrogé sur le projet de gouvernance locale proposée par le nouveau régime, l’expert consultant indique qu’il n’y a pas un grand changement sauf sur le plan institutionnel avec l’annonce des pôles territoires. À l’en croire, les nouvelles autorités ont « omis » l’aspect le plus important dans leur proposition de réforme qui est le capital humain. Il se demande, ainsi, si les personnels qui vont travailler dans ces pôles territoires seront recrutés par concours ou par appel d’offres. Dans la même veine, il s’interroge sur la possibilité d’une réforme permettant aux départements d’avoir une politique fiscale qui leur est propre.
Autant d’interrogations qui nécessitent, selon lui, que la réforme soit mise sur la place publique pour en parler. « Si on ne met pas la réforme sur la place publique pour en discuter, la montagne peut accoucher d’une souris », a-t-il prévenu. Abordant la question du budget du ministère des collectivités territoriales qui a connu une hausse par rapport aux années précédentes, monsieur Ndiaye se dit « satisfait » tout en appelant les tenants du pouvoir à respecter leurs engagements concernant les transferts de pouvoir étatique aux collectivités territoriales.
El HADJI MODY DIOP