En 2025, le Gouvernement du Sénégal table sur un projet de Budget de 6614 milliards de Francs Cfa. Une somme qui paraît inférieure au budget de 2024. Mais l’ancien Pm Abdoul Mbaye n’est pas de cet avis. Ce dernier a taillé en pièce le projet de budget de l’actuel gouvernement et plaide pour un budget de vérité.
C’est un Abdoul Mbaye qui n’a pas hésité une seconde à tancer le régime en place. Ce dernier s’en est vertement pris au tandem Diomaye/Sonko du fait de la Loi de finances initiale qui donne selon lui « l’image d’un pays en plein essor, mais derrière cette façade brillante se cache une réalité bien différente. Les chiffres présentés semblent faits pour séduire, mais ils ne résistent pas à une analyse lucide. En continuant sur la lancée de l’ancien régime, ce budget repose sur des prévisions irréalistes, une gestion budgétaire déconnectée et une fuite en avant dangereuse pour l’économie du pays. »
Dans une contribution intitulée : Budget 2025 : l’illusion d’une prospérité introuvable », l’ancien Premier ministre sous Macky Sall a écrit que « le Sénégal ne peut plus se payer le luxe des illusions. L’heure est à l’effort, à la rigueur et à la justice. Ce n’est qu’à ce prix qu’il regagnera la confiance de ses citoyens, de ses bailleurs, et de sa diaspora. » Donnant plus de détails, dans ses écrits, il fera savoir que sous Macky Sall, le budget 2023 s’appuyait déjà sur une imposture : une prévision de croissance nominale de 10,1 % entre 2022 et 2023. La révision en catastrophe de ce taux à 4,1 % du PIB réel n’a pas empêché de maintenir un PIB nominal largement gonflé, faussant ainsi les calculs de déficit et d’endettement. Pour lui, ce nouveau régime s’inscrit dans cette continuité trompeuse. « En projetant une croissance de 20,35 % entre 2022 et 2024, il perpétue une vision économique déconnectée de la réalité. Une campagne arachidière morose et une économie en repli rendent ces chiffres absurdes, voire insultants pour les Sénégalais qui peinent à joindre les deux bouts », a-t-il révélé.
Poursuivant dans ses notes, il a ajouté que les illusions continuent. « Les recettes internes prévues pour 2025 atteignent 4 348,1 milliards FCFA, mais elles suffiraient à peine à couvrir le service de la dette, qui s’élève à 3 855,52 milliards FCFA, soit 88,7 % des recettes. Malgré ce constat alarmant, aucune mesure sérieuse de réduction des dépenses publiques n’est envisagée. Pire, certaines lignes budgétaires augmentent. La Présidence s’offre 3,45 milliards FCFA supplémentaires, la Primature 1,2 milliard FCFA, et le Ministère des Affaires étrangères se distingue avec une hausse de 18,84 milliards FCFA, répartis entre investissements et acquisitions de biens et services. Où est l’effort de rigueur promis ? », a regretté Abdoul Mbaye, Président du parti Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT).
Abdou Mbaye se dit convaincu que ce budget, prétendument ambitieux, n’est rien d’autre qu’une fuite en avant. Car, dit-il « en refusant de faire face aux réalités économiques et en évitant les réformes indispensables, le Sénégal s’enferme dans une spirale dangereuse. Il faut un budget de vérité. Cela commence par des prévisions sincères, une réduction drastique du train de vie de l’État, et une réorientation des ressources vers les véritables priorités : les secteurs sociaux, l’agriculture en crise, et les besoins des populations les plus vulnérables. »
Le gouvernement mise sur les « Diaspora Bonds » pour combler ses lacunes. Il s’agit de mobiliser le patriotisme des sénégalais de l’extérieur pour financer les déficits et les projets. A l’en croire, cette approche relève plus du vœu pieux que d’un plan solide. « La diaspora, déjà accablée par les besoins familiaux qu’elle soutient, pourrait se montrer réticente à investir dans des obligations en monnaie locale, surtout face à l’instabilité économique », a souligné l’ancien Pm.
MOMAR CISSE