Le conflit en Haute Karabach au niveau de la mer caspienne et de la mer noire, a donné l’exemple flagrant d’une ingérence étrangère dans une guerre qui a été fratricide.
La Turquie, à l’aide de ses drones, missiles et par d’autres moyens militaires, a notamment aidé l’Azerbaïdjan à venir à bout de l’Arménie, les deux pays se disputant la région du Haut Karabach.
Le conflit qui a fait des centaines voire des milliers de morts, consacre ainsi l’échec de la diplomatie notamment européenne dans le règlement des conflits dans la zone. L’Europe avait, à un moment donné, initié le groupe de Minsk, créé par l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), avec pour coprésidents la Russie, les Etats-Unis et la France avec de maigres résultats.
Mais aujourd’hui, force est de reconnaitre qu’il n’est plus fait mention d’un statut pour le Haut-Karabakh en vertu du principe défendu par l’UE.
C’est plutôt la Turquie qui a sorti son épingle du jeu. Le Président Erdogan, à l’issue de l’accord de cessez-le-feu signé le 09 novembre consacrant la victoire de l’Azerbaïdjan, a, devant le Parlement de son pays, tenu les propos suivants : « Nous, la Turquie et le peuple turc, avons ressenti dans notre cœur depuis vingt-huit ans, avec nos frères azerbaïdjanais, cette douleur de l’occupation. La joie de nos frères azerbaïdjanais est notre joie, leur fierté est notre fierté ».
Ainsi, en vertu de cet accord, l’Azerbaïdjan reprend le contrôle de l’intégralité des sept districts voisins du Haut-Karabakh que l’Arménie occupait depuis les années 1990. Les Azerbaïdjanais qui en avaient été expulsés vont y retourner.
Cependant, l’accord a comme garante la Russie qui, par la même occasion, a mis en place une force d’interposition ou force de paix dans le Haut Karabach.
La Turquie a ainsi, du fait de son intervention énergique, permis le basculement d’une situation géopolitique que des décennies de négociations n’ont jamais pu régler.
Et Erdogan n’en est pas à son premier coup d’essai. Déjà il y a de cela quelques jours, il s’est érigé en défenseur de l’Islam face au Président français Emmanuel Macron.
Il a traité ce dernier de fou après son discours sur les musulmans. Une position qui fait qu’aujourd’hui, le Président turc a beaucoup gagné en sympathie au sein de tout le monde musulman.
En Afrique, la Turquie exerce aujourd’hui la même influence non seulement diplomatique et politique mais aussi économique et culturelle.
Bien sûr Erdogan veut étendre son influence au niveau de la mer noire et de la mer caspienne mais aussi partout dans le monde en mettant en avant une puissance militaire et diplomatique alternative en cassant le duo conflictuel Arabie Saoudite/Iran.
Il faudra désormais compter sur lui et avec lui tant qu’il sera à la tête de la Turquie même s’il est confronté, en interne, à des détracteurs qui ont comme noms Fethullah Gülen et bien d’autres qui n’apprécient pas sa politique.
Georges E. Ndiaye