Khalil Rahman Haqqani, visé par des sanctions américaines, a été tué dans son ministère. Le gouvernement taliban attribue l’attaque à l’organisation Etat islamique, sans qu’elle n’ait encore été revendiquée. Il s’agit de la première attaque visant un ministre depuis le retour des talibans au pouvoir en 2021.
Le ministre afghan des réfugiés et du rapatriement, Khalil Rahman Haqqani, a été tué mercredi 11 décembre, dans les locaux de son ministère à Kaboul, dans un attentat-suicide attribué par le gouvernement à l’organisation Etat islamique (EI).
Le porte-parole du gouvernement taliban a déploré « une attaque lâche » menée, selon lui, par le groupe EI, saluant un « grand combattant » « tombé en martyr ». L’explosion, qui n’a pas été revendiquée, « a eu lieu au ministère », a déclaré une source gouvernementale à l’Agence France-Presse (AFP), précisant qu’il s’agissait d’un attentat-suicide. « Nous pouvons confirmer que le ministre Khalil Rahman Haqqani a perdu la vie », de même que « d’autres collègues », a ajouté cette source, sans les dénombrer.
Les forces de sécurité ont bouclé le quartier où se trouve le ministère, dans le centre de la capitale afghane, ont constaté des journalistes de l’AFP. Sur la plateforme X, le compte du ministère indique que des ateliers de formation s’y tenaient ces derniers jours. Le bâtiment officiel reçoit par ailleurs quotidiennement de nombreux déplacés de guerre qui se présentent pour réclamer de l’aide ou l’avancée d’un dossier de réinstallation dans le pays, qui en compte toujours plus de trois millions.
Le ministre qui n’apparaissait jamais sans une arme automatique à la main – était l’oncle de l’influent ministre de l’intérieur, Sirajuddin Haqqani. Khalil Rahman Haqqani était visé par des sanctions américaines et de l’ONU, d’après qui, il était âgé de 58 ans. Son frère, Jalaluddin Haqqani, avait fondé le puissant réseau Haqqani, accusé d’avoir commis certains des attentats les plus violents perpétrés par les talibans en Afghanistan durant les années qui ont séparé leurs deux règnes entre 2001 et 2021.
L’Etat islamique toujours actif
Le clan Haqqani est connu pour être engagé dans une lutte d’influence au sein des autorités talibanes. Elle oppose, selon des informations de presse, d’un côté, les partisans d’une application ultrarigoriste de l’islam sur la ligne du chef suprême des talibans installé à Kandahar et de l’autre, un groupe présenté comme plus pragmatique, à Kaboul.
Depuis que les autorités talibanes sont revenues au pouvoir en 2021, le nombre d’attentats a diminué en Afghanistan mais des djihadistes et la branche régionale du groupe Etat islamique au Khorassan (EI-K) continuent de mener des attaques, notamment contre des responsables et des bâtiments des autorités talibanes.
A Kaboul, des explosions résonnent régulièrement et si des sources locales les rapportent, les responsables talibans confirment rarement ces attaques. Fin octobre, un enfant avait été tué et une dizaine de personnes blessées dans une attaque à l’explosif menée sur un marché du centre-ville.
L’EI avait revendiqué en septembre un attentat-suicide qui avait fait six morts et treize blessés devant les locaux du parquet général à Kaboul. Le groupe assurait « venger les musulmans retenus dans les prisons des talibans », qui annoncent régulièrement avoir arrêté ou tué des membres du groupe djihadiste tout en assurant dans le même temps en avoir fini avec la menace d’EI dans le pays.