Arona Coumba Ndoffène DIOUF, Président du parti Alternance citoyenne And Défar Sénégal, (ACAD), invité de l’émission Guew bi sur Rewmi Tv, n’a pas mâché ses mots quand il s’est agi de faire le procès de l’ancien régime, en particulier Macky Sall, ancien chef de l’Etat du Sénégal. Ce dernier n’a pas mis de gants pour asséner ses vérités et donner des pistes de solutions pour la réussite du régime en place.
D’emblée, il a passé en revue la mainmise des occidentaux sur les grands travaux au Sénégal. D’où la faiblesse de nos dirigeants. Il ne manque pas de saluer la rupture amorcée par le nouveau régime. «C’est la première fois que la France accepte le massacre et avance un chiffre. Une avancée encourageante étant donné que les dirigeants proposent une rupture par rapport à leurs prédécesseurs et misent sur la souveraineté de notre État. Diomaye est sur la bonne voie et son discours n’a pas varié », a ajouté l’invité de l’émission Guew bi sur Rewmi Tv. Arona Coumba Ndoffene Diouf a également théorisé le développement de la souveraineté alimentaire, financière et économique. « C’est la Banque mondiale et le Fmi qui nous prêtaient de l’argent.
Le régime en place est allé sur le marché financier hors du contrôle de Bretton Woods, non validé par le Fmi. Cet argent doit être injecté dans l’agriculture. C’est l’exemple pris par le Cameroun avec son phosphate mais en vain, il était obligé de le vendre aux français qui avaient verrouillé le marché », a avancé l’ancien ministre sous Macky Sall. Toujours au chapitre de l’économie, parlant du référentiel « Sénégal 2050 », publié par les tenants du pouvoir, il a donné l’exemple des pays asiatiques, notamment les 4 dragons. Ces pays qui, en 25 ans, ont multiplié par 4 leur PIB. A l’en croire, en 1961 le « Plan Senghor-Dia » qui avait mis l’accent sur l’énergie, la nourriture, la dépendance, économique et intellectuelle pour un développement, n’a pas eu les résultats escomptés, 20 ans après. Idem avec le Président Abdou Diouf et ses plans d’ajustement structurel, le Président Abdoulaye Wade, avec ses stratégies de développement et le Président Macky Sall avec son Pse. « Nous qui étions avec lui (Ndlr : Macky Sall) nous lui avons dit que c’est juste une copie du Plan de Senghor et de Dia de 1961 avec un plan quadriennal qui s’adressait à 3 millions sénégalais. On lui avait fait un plan adapté aux réalités du pays et il n’a pas voulu en tenir compte. Macky n’a pas su régler le problème des jeunes. Il a fait un mauvais bilan immatériel », a-t-il souligné.
Sur le « référentiel 2050 », il a dévoilé 4 axes qui, selon lui, sont importants, notamment le capital humain, le développement endogène et durable. En 1973, avec la crise internationale, les grands économistes ont décidé de mettre l’accent sur les progrès techniques», a rappelé M. Diouf. «1200 milliards Fcfa c’est la somme déboursée par an pour importer des céréales et du riz. D’où l’encadrement des paysans et des agriculteurs. Les grands défis c’est la matérialisation de ce référentiel 2050. Il faut une applicabilité effective. Ce pays regorge de personnes intelligentes mais le Pastef est fermé et ne veut pas s’ouvrir et aller trouver cette intelligentsia pour faire développer ce pays », a rétorqué l’ancien ministre. A l’en croire, les tenants du pouvoir doivent faire confiance aux experts sénégalais.
Sur l’exploitation du pétrole et du gaz, l’invité a révélé que le Sénégal, avec les 10 millions de barils, se fait beaucoup d’argent. « Déjà, avec Petrosen qui a 18% sans les parts de l’Etat et les taxes, ce sont des plus-values pour le pays. On aura 6000 milliards par an avec l’exploitation si le Sénégal récupère les rentes de l’exploitation et les recettes dans peu d’années, on va atteindre les 16 millions de barils. Avec le programme bien encadré et des gens qui s’y connaissent, cela peut faire effet », a-t-il promis.
Le PSE : un endettement incontrôlé, «Macky doit rendre des comptes »
Diouf a regretté le fait que le Plan Sénégal Émergent soit un échec avec un endettement de 16 mille milliards de Fcfa sous le régime de Macky Sall. «Il nous a laissé des ardoises. Près de 1800 milliards sans qu’aucun sous ne soit visible. Ils nous ont déclaré 651 milliards pour des dépenses en eau. Et Macky doit revenir au Sénégal pour rendre des comptes. En somme, 2500 milliards qui flottent sans aucune applicabilité ni explication. Il faut qu’il (Ndlr : Macky) réponde avec la reddition des comptes », a-t-il plaidé. S’agissant des exonérations minières et de la rupture des contrats de pêche avec l’Union européenne, Arona Coumba Ndoffene Diouf a étalé toute sa désolation. Sans mettre de gants, il accuse le régime sortant d’avoir accepté « de se faire graisser la patte ».
Pour ce qui est des 2700 tonnes d’or sorties du pays, il a expliqué le modus operandi. « Avec le code minier, rédigé sous l’ère Aly Ngouille Ndiaye, tout exploitant minier doit donner 5% de son exploitation au gouvernement qui va directement dans les caisses de la Présidence. C’est ce qu’on appelle « des royalties ». C’est pour renforcer les caisses noires. Le budget du Président, en plus de ce qui a été voté dont 9 milliards et 90 milliards du budget de la présidence, tous les concessionnaires miniers donnent 5% de royalties. Le Président a le choix. Soit ces royalties sont versées en nature, soit en argent », a révélé ce dernier.
L’affaire des 1000 milliards retrouvés dans un compte
Sur les 1000 milliards retrouvés dans un compte, révélés par le Premier ministre Ousmane Sonko, l’ancien ministre a ajouté que cet argent n’est pas constitué de biens de banque pour la simple et bonne raison qu’à l’internationale, on ne prend pas de billets de banque. « Tout est converti en or dans les réserves. Quand il s’agit de tonnes d’or, il suffit de faire le calcul. On peut avoir plus de 1000 milliards, il suffit de faire l’échange avec de l’or. Car les réserves sont évaluées en Or», a-t-il argumenté.
A la question de savoir pourquoi il n’a pas dénoncé ces agissements quand il était au pouvoir, Arona Ndoffène Diouf a rétorqué: « en 2019, quand il était à 67% du PIB, verbalement j’ai expliqué à Macky Sall la situation. Nous étions à 67% de dettes. Mais il a tout nié malgré les papiers du Premier ministre de l’époque. En 2021, nous étions à 71% du PIB. Mais l’alerte avait été sonnée. En tant que conseiller, on n’a jamais bénéficié d’un mètre carré de l’État ni d’un prêt bancaire. Le Président Macky a sans cesse pris des pots de vin à tel enseigne qu’il ne peut pas contrôler ses administrés. Il n’était plus respecté par ses ministres car étant mouillé dans des deals. Le relâchement constaté dans le gouvernement de Macky était dû à son comportement. Cette haute Cour de justice doit être érigée et aller jusqu’au bout. »
Falsification des chiffres: des mensonges à milliards
Sur la découverte des chiffres falsifiés par l’actuel régime, il clôt le débat : « c’est très simple car tous les pays africains le font. » Selon lui, c’est pour avoir des ouvertures de dette car il n’y a aucun système de contrôle puisque les comptes de l’État ne leur sont pas ouverts. « Ce sont des banques et pas des gendarmes, ces bailleurs internationaux. En 2021, on était à 72% avec un dépassement de la limite. Mais, Macky Sall m’a menti. Et pourtant j’étais venu pour l’alerter. J’ai été le premier à dire que le Sénégal a dépassé le seuil de la dette, ce qui est confirmé par le nouveau régime. Sur cette dette, nous étions à 16000 milliards. Sur le budget national, Macky Sall a fait croire que nous étions à 7000 milliards alors que nous étions à 5000 milliards. Idem pour le taux de croissance.
Sur le déficit budgétaire, ils nous ont déclaré à 5% alors que c’était à 10%, etc. Macky a tout falsifié et même sur les contrats », a-t-il accusé. Et de poursuivre : «quand tous les bailleurs internationaux avaient alerté Macky sur les sommes injectées dans ce pays pour une amélioration du quotidien des sénégalais, ce dernier, sachant que les carottes étaient cuites, a transformé les sociétés nationales en sociétés anonymes. Une inflation extraordinaire, plongeant le pays dans l’impasse. 3000 milliards de dette du patrimoine bâti de l’État transformé en SOGEPA SA. Ce qui veut dire que le patrimoine bâti avait les prérogatives d’aller dans le marché international, de s’endetter sous la garantie souveraine de l’État mais en son nom et non pour le compte de l’État. Le Port et Aibd Sa, avec 358 milliards de dette. Petrosen, 500 mille milliards de dette malgré les limites de l’État sous les alertes des bailleurs. »
Une leçon de transparence du régime de Diomaye
Avec le nouveau régime qui a décidé de faire un audit, « pour la première fois en Afrique », Arona Coumba Ndoffène Diouf a affirmé que l’Etat avait 1250 milliards mis à sa disposition par la Banque mondiale. Mais, les nouvelles autorités ont eu la « franchise » de faire un audit. « Ils ont refusé de prendre cet argent car ils voulant faire un état des lieux et la Banque mondiale qui a applaudi car c’est une belle leçon de transparence du régime car c’est la première fois que le Sénégal donne un exemple d’audit », a-t-il salué. Ce qui va créer une relation de confiance, selon M. Diouf. «Ce pays ne va pas sombrer. La vie va devenir chère car ils se sont engagés à payer les dettes du pays à cause de Macky dont 3500 milliards de dette à payer en 2025 pour un Etat qui ne peut pas accumuler 1500 milliards en recettes et commissions, ils sont obligés de payer. Macky a berné les sénégalais et on est souverain. Qu’il nous dise où se trouvent les 2500 milliards, les 2T500 d’or, les 650 milliards sans factures. »
Ce dernier dit avoir espoir que le nouveau régime fera bouger les lignes, mais il l’invite à plus d’ouverture et à mettre de côté cet esprit « pastéfien »
MOMAR CISSE
Certaines personnes veulent se faire de la lumiere en se promenant de radio en radio, de tele en tele .