La question des daaras et de la mendicité préoccupent les autorités. Invités du Grand oral sur Rewmi Tv, Cheikh Tidjane Sy Al amine a livré son point de vue. C’est aussi le cas sur l’installation de la 15 ème législature, le massacre de Thiaroye, et les tensions qui minent le secteur de l’éducation supérieure et la santé. Il a proposé des pistes de solutions.
Cheikh Tidiane Sy Al Amine guide religieux président sortant du Cadre unitaire de l’Islam (Cudis) est d’emblée revenu sur la question dont la 3ième édition de la célébration de la journée des Darras, sanctionnée par des engagements de Bassirou Diomaye Faye. Selon lui, le système éducatif traditionnel a des fondamentaux solides dans ce pays mais largué par le niveau d’avancement du monde et qui nécessite des réformes. Il a rappelé qu’il y a eu deux journées qui se sont succédé en 2022 et 2023 avec la journée nationale du daaras. « Il ne faut pas que la solution soit le problème. C’est bien de faire des assises sur les problèmes. Mais il ne faut pas folkloriser le système éducatif traditionnel car ces journées revêtent un caractère folklorique. Ce qui ne doit pas être le cas car nous sommes ostracisés par le système économique et politique et les sortants des daaras sont dans le secteur informel. Pourquoi des assises pour nous seuls. Il faut un seul système éducatif et on n’a pas à créer des assises pour les daaras et une autre pour l’éducation nationale. Il faut une assise pour tout le système éducatif et voir les fondamentaux afin qu’ils puissent être mues par les valeurs et impliqués dans le système global », a avancé l’invité.
Le Sénégal est une république. A l’en croire, il faudra se mettre d’accord sur des éléments et avoir un schéma dans lequel si l’école veut voir un système à part, il faut un curricula et y adjoindre le type de formation additionnelle. Il s’agira de répondre aux valeurs avec ce curricula et que les tenants du système travaillent comme il faut et avec le curricula consensuel. « L’état devrait financer ceux qui répondent à ces critères là et aussi bien les tenants du daaras et ceux du système éducatif », a ajouté le guide religieux.
A la question de savoir s’il s’agit d’avoir ou le besoin de garder cet aspect traditionnel, l’invité a insisté sur le fait de ne pas confondre l’occidentalisation et la modernisation. A ce titre, il se dit « loin de vouloir occidentaliser notre manière de vivre et notre civilisation. Par contre, le système éducatif doit être adapté à notre vécu quotidien et de la modernisation. » Il a donné l’exemple des guides religieux dont Mame El Hadj Malick Sy , Cheikh Ahmadou Bamba entre autres. A l’en croire, ces derniers ont trouvé un système ne correspondant pas à leur époque et l’ont modernisé. « L’université populaire à Ndiarné avec Seydi El Hadj Malick Sy est un parfait exemple. Il ne faut pas avoir petit à petit de la modernité car il s’agit de faire évoluer les choses et dans le sens du vécu quotidien. Il ne faut pas être dans un éternel recommencement. Des avancées ont été faites dans le cadre de la révolution des daaras et donc il faut partir des acquis et voir leur amélioration. Et avec les mêmes acteurs », a-t-il insisté. Pour lui, il faut un cadre inclusif bien que c’est un domaine compliqué avec des acteurs divisés.
Il a invité le gouvernement dans leur politique de prise en charge pour avoir une démarche inclusive et prendre en charge les différentes composantes. « Des gens sont dans l’immobilisme. Mais c’est bien d’avoir des gens qui mémorisent le St Coran et avec différents curriculas et les valoriser. Dans un monde moderne on a besoin d’autres compétentes et dans un monde de spécialisation et non du système classique », a souligné le guide religieux. Et de poursuivre : « Il faut pousser l‘enfant à choisir un curriculas et le pousser à exceller dans cette même activité. Mais connaître un peu de tout c’est être en retard. »
Mendicité des enfants : une plaie dans le système
Au courant de l’émission, il a été abordé la question de la mendicité qui prend des proportions inquiétantes malgré les programmes et politiques mises en œuvre. Ceci est la plaie du système éducatif traditionnel des daaras selon l’invité. Ce dernier dit avoir travaillé sur le sujet et pour en connaître les causes. « La mendicité, c’était pour que l’enfant soit imbu des valeurs d’endurance. Mais de nos jours il existe des problèmes financiers de la part de certains maîtres coraniques pour que les enfants mendient. Les problématiques diffèrent d’une zone à une autre. « A Dakar c’est un marchandage d’enfants et le soir on lui ramène de quoi devenir riche avec des sous énormes. Il faut des réformes et identifier ces gens-là et les écarter. Il faut discuter avec les acteurs et séparer la bonne graine de l’ivraie.
Des gens ne sont pas là pour des valeurs du daaras mais pour se remplir les poches », a déploré Cheikh Tidjane Sy Al amine. Il a invité les autorités à agir et de trouver un système d’intégration défini par la tutelle et une inspection académique unique. D’ailleurs d’après des études la mendicité rapporte 5 milliards de Fcfa à Dakar selon un expert des Nations unies. Mais l’état reste inerte. D’où l’utilité d’agir. L’Etat n’a pas envie de se mettre à dos la population. « Il faut mettre un système éducatif unique et c’est le rôle de l’État pour imposer les consensus et ne pas être dans un schéma pour dire « oui » ou « non ». Il faut formaliser le corps professoral des daaras car aucun curricula ne forme les maîtres coraniques. Il le faut car il faut moderniser », a martelé Ch. A. T. Sy Al Amine. Il a mis en avant l’exemple du Maroc avec des universités classiques mais avec un niveau conforme et un niveau d’érudition pour être des imams. Pour lui, il est aberrant de ne voir dans ce pays qu’1/10 (personne). a une formation professionnelle qui veut atteindre sa souveraineté. D’où la réflexion sur des schémas car le système actuel dit-il est « archaïque. »
S’agissant des décisions prises pour faire face à ce fléau de la mendicité, le guide religieux s’est désolé du fait que ce sont des bailleurs qui en font la demande. Ce qui crée un feu de paille. Le président sortant du Cudis a mis en exergue le fait de contrôler les maîtres coraniques qui ne sont pas conformes avec le système et qui ne sont pas légitimes. Cette absence de cadre légitime crée un tohubohu. « Il y a des personnes qui refusent que leurs enfants aillent à l’école. Bien que ce soit moins présent de nos jours car il y a un changement de mentalité. L’enfant doit être utile à la société mais avec une base solide dans la religion. Mais aussi il faut que l’enfant fasse autre chose d’où un schéma de formation. Il faut de la fermeté de l’État et intégrer les spécialistes de la pédagogie et avec une nouvelle école et définir le type de sénégalais qu’on veut avoir et éviter les tiraillements », a-t-il soutenu.
Des lois ont été votées dont le statut des daaras. Des lois votées mais pas appliquées. L’invité a noté qu’il faut régler ce problème une bonne fois pour toute. « Des lois pour redéfinir un système éducatif donné alors qu’il y a un autre formel. Mais en vain. Al amine est le précurseur de l’enseignement arabe au Sénégal. Il faut avancer mais pas avec un système à part mais global », a-t-il clamé.
Un climat social en ébullition et la pression fiscale
Sur le climat social en ébullition ave des travailleurs de la santé, le cas de l’université Assane Seck de Ziguinchor entres autres, l’invité de l’émission du Grand oral sur Rewmi Tv a déclaré que le régime devait d’abord « mettre en avant le Jubu avant le Jub jubal jubanti. » Selon lui, il fallait réconcilier les sénégalais de tous bord et laisser les autorités un état de grâce. Mais de tout bord on n’a pas mis en place les conditions du Jubo et de grâce. « L’Etat a l’obligation de rassembler les citoyens autour du Projet et que chacun apporte sa contribution en termes d’effort et d’idées. C’est ce qui a manqué juste après les élections et d’avoir des schémas de discussion. Il faut réajuster et donc subir toujours les conséquences des événements tragiques et puis penser au « Jubo »et avec un dialogue permanent », a-t-il laissé entendre. Il a demandé à ce que les étudiants et les syndicats de santé soient convoqués pour discuter avec l’État. Malgré que la lutte syndicale soit une lutte progressive, il a argué que « la situation de trésorerie reste difficile, et que le régime tente de faire face. »
Sur la gestion des universités minées par la politique, Cheikh Tidiane Sy Al amine est d’avis que l’Ucad forme des chômeurs. Et que face au manque d’espoir les étudiants s’impliquent dans la politique. Face aux velléités du monde du travail on est pressé de sortir de l’université car les étudiants ne savent pas quoi faire et c’est le système qui est archaïque. « C’est une maladie et pendant ce temps une grande partie des étudiants pouvait aller faire une formation et dans l’avenir obtenir un métier. C’est un problème et il faut arrêter de former des chômeurs à l’université et faire la collaboration entre l’université et la formation. Il faut une réflexion profonde. Au début l’école formait pour savoir lire et écrire. Puis il y a eu une évolution. Senghor c’était la littérature. Avec Diouf on a privatisé et l’Ucad est laissée pour compte. Il faut arrêter et ne pas rester dans un schéma archaïque. On est dans les choix de matières. C’est fini de rester 4 ans à l’école. C’est l’école- entreprise. On cherche un technicien mais vous ne le verrez pas ! », a déploré le président sortant du Cudis et a regretté un choix par défaut des jeunes. Selon lui, il ne faut pas des réformettes mais des réformes idoines.
Sur la persécution fiscale à l’image des entreprises de de presse, il reconnaît que des chefs d’entreprises font face et en souffrent. La transition d’entreprise a été trop longue pour les hommes d’affaires, il y a eu les élections avec tout ce qui a été vécu avec un ralentissement des affaires. A cela s’ajoute la pression fiscale avec la situation que l’état a héritée. Mais dit-il « il y a des déclarations parfois qui bloquent les schémas vis-à-vis des bailleurs et des gens du secteur privé. Le souci de transparence ne doit pas justifier la mise à nue de notre économie. Il y a des choses qu’on ne doit pas montrer aux actionnaires pour ne pas les affoler. Je ne suis pas d’accord quand on falsifie des chiffres. »
Cette méthode utilisée par le gouvernement n’agrée guère l’invité qui selon lui il y a une méthode plus idoine pour rendre compte aux bailleurs pour que le pays ne se trouve pas dans des difficultés. Pour le secteur privé, il y a des déclarations qui font peur aux investisseurs. Car quand on le fait sur un secteur d’activité, par exemple sur l’immobilier, l’invité du Grand oral sur Rewmi TVcrée un doute car cela peut être perçu comme un pays à risque. « Si des personnes ont fauté, il y a des organes de justice et il faut leur transmettre les dossiers et voir les prévarications commises. L’état doit se focaliser sur son travail de restructuration, remettre les choses sur les rails et ne pas verser dans des déclarations. Il y a des normes de cotation des risques dans l’ingénierie financière. »
Le secteur privé reste impliqué dans l’industrie et définit les politiques dans l’agenda 2050. Mais il a souligné qu’il y a un problème d’approche et de méthode. Car la feuille de route établie ne semble pas correspondre à celle du secteur privé mais en particulier dans le secteur de l’industrie. Avant d’inviter l’État à jouer le rôle qui lui est dévolu. « Il faut une vision tangible et claire. Le Maroc l’a réussie. Alors il faut être compétitif aussi et accompagner les autres. Il faut une souveraineté au plan sous régional car nous avons de petites économies et de micro industries. Il faut de la disponibilité de la matière première et une forme de spécialisation pays. Il n’y a pas de politique de spécialisation et on ne la sens pas. Ce n’est pas possible de faire tout en même temps. Il faut que nos états réfléchissent sur les spécialisations de notre économie et des systèmes. L’approche filière aussi c’est la même chose », a souligné notre source. Il revient à l’Etat de développer un secteur privé fort et choisir des secteurs prioritaires et élargir la base dans le secteur privé et votre le Vrp de son secteur privé et les consolider.
Thiaroye 44 : Il faut en tirer des leçons
80 ans après le massacre de Thiaroye, le guide religieux sur le fait que la France fasse de la reconnaissance c’est un premier pas. Le deuxième pas pourrait être des excuses et pour les réparations. Il a argué que « nos états ne tirent pas de leçons que vivent nos nations. Ces drames devaient nous permettre de tirer des leçons et de ne dire plus jamais de contraintes. Le Japon après 45 avait perdu son armée et sa souveraineté. Mais il a travaillé pour être au même niveau. L’Afrique a connu l’esclavage mais depuis lors pas de schéma pour être à ce même niveau de développement. Pour le souverainisme il faut un schéma plus tangible avec une coopération volontariste mais pas forcée. Le Japon l’a réussi. C’est ce qu’il faut de nos jours », dixit le guide religieux. Et qui ajoute que « la diplomatie est un acte posé. La lettre ne suffit pas. Mais on veut rebâtir des relations sur de nouvelles bases et une coopération win-win. La France ne va pas cracher sur le pétrole et le gaz du Sénégal et donc elle se la jouer plus douce. »
D’ailleurs la présence militaire français reste au cœur des débats. Diomaye avait abordé la question. Pour l’invité dans un contexte terroriste, nouer un partenaire comme la France est une coopération volontariste. Sur l’installation de l’Assemblée nationale ce lundi composée de novices et de dinosaures. Le pastef se retrouve avec 130 députés et détient la majorité. A l’en croire c’est une bonne chose car cela permet d’avoir une majorité critique et qui aura les mains libres pour conduire le projet vers les rampes de l’émergence. « Ce sera une assemblée qui fera bonne figure et partira sur de nouvelles bases et des députés qui vont jouer le rôle de garde-fou. Les députés doivent avoir une conscience pour que les décisions prises revêtent toute la moralité pour que les lois votées puissent être appliquées à leur juste valeur et par rapport aux populations. On aura de bons profils au sein de l’hémicycle et on s’attend à des débats de haute facture et non à une confrontation négative comme lors de la 14ème législature. »
MOMAR CISSE