Rama Anta Bodian, tête de liste du parti Pastef du département de Guédiawaye, ne compte ménager aucun effort pour arracher la victoire des mains de l’opposition. Avec le démarrage de la campagne pour les élections législatives, elle reconnaît que la tâche ne sera pas facile. Elle est revenue, d’ailleurs, sur le débat public annoncé entre Ousmane Sonko et Amadou Ba, les violences faites aux femmes entre autres. Elle était l’invitée du Grand oral.
Elle avait contribué à la victoire d’Ahmed Aidara lors des élections locales comme directrice de campagne. Ancienne députée, elle est revenue sur l’acte de résistance posé par les femmes lors de la Covid en 2021. « Nous avons été arrêtées et puis c’était dur car nous pensions être dans un Etat de droit. Des gens avec des signalements de militants qui n’ont jamais été dans la rue étaient arrêtés. C’était un régime de terreur et des jeunes de rien du tout, des femmes dont Ami Dia qui est sur la liste nationale, qui avait juste fait un transfert d’argent pour une personne dans le besoin. Mais nous avons tenu et on a lutté pour la liberté », a-t-elle expliqué. En ce qui concerne la déclaration de du Président Diomaye qui a appelé à la paix pour les élections, elle a indiqué que ce dernier est dans son rôle. L’appel à l’apaisement est aussi une manière de demander aux militants de faire focus sur les élections, selon l’invitée de l’émission Grand Oral. Elle n’a pas manqué de rappeler le cas des jeunes qui ont été arrêtés et violentés. Rama Bodian est également revenue sur les réactions autour de la nomination de Samba Ndiaye comme PCA de la SN HLM : « nous avons des principes certes mais il faut aussi comprendre les jeunes qui refusent la nomination de Samba Ndiaye avec tout ce qu’il nous a fait. On ne sait pas s’il s’est investi contre le projet. Pire, il a toujours encouragé Macky Sall à être dur envers l’opposition d’alors. Son ralliement à la coalition Diomaye Président est passé inaperçu. On ne ferme pas les portes car ceux qui veulent travailler viennent mais sans rien demander en retour », a-t-elle fait savoir mais condamne tout de même le fait que des leaders de l’opposition s’en prennent au parti. « Mais des leaders nous insultent comme Bougane et Barthélémy. Je comprends que Diomaye est le chef de l’Etat. Donc il est là pour tous les sénégalais, mais les militants n’ont pas tort de demander son limogeage » a insisté la tête de liste départementale de Pastef. Des responsables politiques qui ont servi l’Etat avec l’ancien régime commencent à changer de bord politique. Tout le monde toque à la porte de Pastef. Pour Rama Bodian qui a une autre lecture de cette approche que ceux qui parlent de transhumance soutiennent que Ousmane Sonko a toujours refusé le marchandage politique. « Quand quelqu’un dit que « je suis prêt à vous accompagner sans rien demander en retour » mais on l’accueille. Nous sommes tous des sénégalais », a-t-elle indiqué.
Ouverture de la campagne : Pastef « seul contre tous ? »
S’agissant de l’ouverture de la campagne, c’est la course à la pêche des voix. Investie tête de liste au niveau départemental, Rama Anta Bodian se dit prête et impatiente d’aller sur le terrain. « Je demande aux juges de faire focus pour la majorité avec des réformes. Le travail c’est sur le terrain et il est important et il faut aussi que les jeunes le sachent. Cette majorité travailleuse est importante pour le gouvernement et que les jeunes récupèrent leurs cartes », a-t-elle demandé. Néanmoins elle a insisté sur la non-violence surtout au niveau de la banlieue. Appelant, à plus de retenue, elle a refusé le fait que les responsables politiques s’accompagnent de nervis pour battre campagne. Rama Bodian a aussi révélé que les investitures n’ont pas été faciles. « Les jeunes veulent être des acteurs actifs et non passifs. Il y a eu des candidats et c’est au niveau national qu’on règle nos problèmes. Et tout est rentré dans l’ordre » a souligné l’invité. Dans la banlieue les choses ne seront pas simples. Face à des coalitions comme Takku Wallu, Sam Sa kaddu, elle dit avoir sa stratégie en vue de gagner les élections haut la main. Insistant sur le fait que les militants de Pastef sont très endurants, elle dira que des opérations de porte à porte et des visites de proximité ont été au menu et vont se poursuivre. Ainsi, Rama Ba se montre optimiste « Cette population va voter et le score sera le même et les gens ont envie de changer. Je reconnais que ce sera rude mais on va se battre » dit Mme Bodian.
Une assemblée de rupture
L’Assemblée nationale qui contrôle l’action de l’exécutif n’est pas, à son tour, contrôlée. Ce que déplore la députée qui l’a rappelé dans ses propos promettant une assemblée qui sera celle de la démocratie et du changement. « Fini les bagarres et autres invectives. Les choses vont changer car les gens qui seront là-bas seront ceux qui savent argumenter mais pas des bagarreurs », a promis cette dernière. Mais déplore, tout de même, le nombre de femmes au sein de l’hémicycle. Le pastef, avec 5 femmes tête de liste, reste des pas énormes à faire. Rama Ba est militante de la méritocratie car, fait-elle remarquer, « il y a des choses c’est une question de mérite. Pourquoi juste remplir une fiche pour une personne qui ne comprend pas les enjeux mais c’est incompréhensible. D’ailleurs, il faut des initiatives parlementaires car lors de la 14ème législature, nous avons pris des projets de loi et nous avons déposé autant de projets de loi mais nous avons été ignorés par le président de l’Assemblée nationale. Il faut des députés engagés et conscients. Disponible et à la solde des populations mais aussi qui travaillent pour le pays. »
Débat Sonko/ A. Ba, violences faites aux femmes…
Sur le débat public tant agité entre Ousmane Sonko et Amadou Ba, le Cnra avait opposé son refus. L’invitée, elle n’est pas surprise, car, dit-elle, « Amadou Ba ne prend jamais position et il répond par personne interposée. Il ne croit pas au débat. ». Lors de l’émission, l’invitée a parlé d’Octobre Rose, mois de sensibilisation sur le cancer. Au total, près de 800 mille femmes ont été dépistées et plus de 260 ont contracté le cancer et sont prises en charge. Rama Ba lance un appel aux malades du Cancer et salue l’accès aux soins par les femmes. « On doit penser à protéger les femmes de tout bord. Diomaye leur apporte son soutien et c’est appréciable aussi. C’est dommage car le cancer est une maladie sournoise. Il faut accentuer le plaidoyer pour une bonne prise en charge. Car au niveau de l’Assemblée on avait organisé une activité mais il faut, au-delà du mois d’octobre, aller sur le terrain et prêcher la bonne parole et parler aux femmes pendant les 12 mois de l’année », a expliqué la candidate pour les législatives. Cette dernière a également abordé la question sur les violences faites aux femmes avec le dernier cas en date, celui de la dame Dieynaba Ndiaye battue par son mari et emprisonnée. « Injuste » selon l’invitée qui a dénoncé cet acte. « C’est inadmissible car on bat la femme et on cherche à la récupérer. C’est incompréhensible. Que les juges la libèrent car elle reçoit des menaces. Son mari est aux arrêts mais cette violence rampante doit cesser. Il faut un numéro vert car des femmes vivent une situation dure et il faut y mettre un terme », a plaidé la députée qui a aussi parlé des inondations à Bakel.
MOMAR CISSE