Alors que des milliers d’Ukrainiens sont généralement privés d’électricité après chaque nouvelle vague d’attaques russes contre les infrastructures énergétiques, ces raids de Moscou pourraient entraîner le déplacement d’un demi-million supplémentaires de civils ukrainiens dès l’hiver prochain, a souligné dans un nouveau rapport, la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies en Ukraine.
Selon cette équipe du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH), la détérioration de la situation énergétique entraîne généralement des mouvements de population internes et transfrontaliers, comme ce fut le cas au cours lors de l’hiver 2022-2023. A ce sujet, la Mission a repris les conclusions d’une enquête menée en août 2024 par la Banque nationale d’Ukraine.
Celle-ci a ainsi révisé ses prévisions concernant les mouvements de population, citant la destruction importante du système énergétique ukrainien, qui a entraîné des coupures de courant prolongées et des risques accrus pour la saison de chauffage. « La Banque nationale d’Ukraine prévoit que 500.000 personnes supplémentaires seront déplacées d’Ukraine en 2024 et 2025 », a souligné la Mission onusienne.
La situation énergétique affecte l’accès à l’électricité et à l’eau
Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), plus de 6,7 millions d’Ukrainiens se sont exilés dans le monde dont 6,2 millions sont toujours réfugiés ailleurs en Europe. Alors que le pays compte également 3,6 millions de déplacés internes, le HCR estime « peu probable » que ces chiffres de déplacés forcés diminuent prochainement. En attendant, la surveillance des frontières effectuée par le HCR et ses partenaires a indiqué une légère augmentation des départs d’Ukraine en raison du manque d’accès à l’électricité, à l’eau et au chauffage à partir d’avril 2024. « Cette augmentation s’est ensuite fortement accentuée en juin 2024 pour atteindre 25 % des personnes interrogées, alors que les pannes d’énergie à l’échelle du pays sont devenues plus fréquentes ». Selon la Mission de l’ONU, près de la moitié des personnes interrogées en juillet dernier à la frontière quittant l’Ukraine ont indiqué qu’elles partaient en raison de la situation énergétique affectant leur accès à l’électricité, à l’eau et au chauffage.
Au cours de l’été, les raisons liées à l’énergie étaient le deuxième facteur le plus important contribuant aux départs, en plus des préoccupations plus générales liées à l’instabilité de la situation en matière de sécurité. « La plupart des personnes qui partent pour des raisons liées à l’énergie ont l’intention de rester à l’étranger temporairement, mais pour des périodes inconnues », a précisé le document.
Entre 78 et 311 millions d’heures d’étude perdues
Sur un autre plan, les attaques contre les infrastructures électriques ont fait au moins 18 morts et au moins 84 blessés parmi les civils qui se trouvaient dans les environs immédiats des frappes. Deux des personnes tuées et sept des personnes blessées, tous des hommes, étaient des travailleurs civils des installations elles-mêmes.
Outre les mouvements de populations, ces attaques ont un impact sur l’éducation des Ukrainiens. En juillet 2024, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a estimé qu’entre 78 et 311 millions d’heures d’étude étaient perdues par mois en raison des coupures de courant. Les effets cumulés des hostilités et du manque d’électricité nuisent à la capacité des enfants à recevoir une éducation de qualité, et se poursuivront pendant l’année scolaire 2024-2025. Par ailleurs, après les premières vagues d’attaques en mars 2024, la Banque nationale d’Ukraine a estimé en avril que la croissance du PIB diminuerait de 0,6 %.
En juin 2024, les prix de l’électricité ont augmenté de plus de deux tiers. Le ministère de l’Economie a estimé que les coûts élevés de l’électricité contribueraient à hauteur de 1,2 % à l’inflation à la consommation et de 6 % à l’inflation à la production.