Quelle est, selon vous, la pertinence du plan d’action prioritaire (Pap) 2 annoncé par le président de la République, Macky Sall ?
Le plan d’action prioritaire (PAP 2) est un plan qui vient à son heure. Vous savez, en matière d’objectif, il y’a toujours des actions. Quand vous posez des objectifs, il ne suffit pas de les poser et d’y aller, essayer de les atteindre sans pour autant passer par un plan d’action.
Donc, ce sont des actions que vous priorisez, vous mettez des stratégies, vous les agencez et ça va vous permettre durant tout le temps, de pouvoir agir vite et bien. C’est un plan qui regroupe en général un certain nombre d’actions allant dans le sens du développement durable de l’atteinte de certains objectifs. Surtout quand ça concerne le Plan Sénégal Emergent (Pse) à l’horizon 2035, pour qu’il y ait une stabilité du pays côté environnemental, côté social et pour qu’il y ait aussi un développement et une croissance qui va être quand même relancée. Ce, malgré qu’on ait à descendre jusqu’à un point. Je pense que ça, c’est dû à la pandémie. Mais avec ces plans d’action prioritaire, toute l’action gouvernementale va être concentrée sur ces points pour pouvoir relancer l’économie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il y’a le principe de résilience qui a été annoncée par le chef de l’Etat et qui constitue une action concrète.
Pouvez-vous nous parler de la récession économique en cours et de ses conséquences au double plan microéconomique et macroéconomique ?
Vous savez, une économie, c’est l’utilisation des ressources dans une collectivité humaine. En général, une collectivité humaine, ce sont les biens, les services, ce sont des hommes, ce sont des mouvements, etc. Donc, si on considère l’évolution du point de vue économique, la richesse d’un pays d’un point A vers un point B c’est-à-dire durant une année, il peut y avoir une évolution positive. En général, c’est ce qu’on appelle le produit intérieur brut (Pib) qui, est évalué par rapport au prix du marché. C’est donc l’ensemble des richesses de ce pays auxquelles on ajoute la Taxe sur la valeur ajoutée et qu’on y enlève aussi les subventions.
Maintenant, cette richesse évaluée entre une période T à une période T+1 constitue ce qu’on appelle la croissance. La croissance, en général, représente l’indicateur de richesse dans un pays. En terme purement économique, le Pib c’est la consommation des ménages, ce sont les investissements publics et privés, les exportations et les importations. Maintenant si on a une économie qui fonctionne et en un moment donné qu’on ait un certain nombre de contraintes comme par exemple cette pandémie qui agit en pleine croissance, il y’a une chute d’un certain nombre d’indicateurs. Principalement les consommations des ménages parce que ça constitue un élément du développement. Les revenus des ménages, en général, mesurent le degré de développement et le degré de richesse d’un pays. Il faut dire que la pandémie a impacté sur le Pib et par ricochet sur la croissance. Cette récession, c’est une baisse significative mais avec les actions que le chef de l’Etat a posées, on a espoir que les choses vont s’améliorer.
Depuis un certain temps, le phénomène de l’émigration clandestine a repris. Quel commentaire en faites-vous ?
Le Sénégal a principalement deux problèmes qui font que moi je m’attendais à ces phénomènes. Parce que la migration, elle a toujours existé dans tous les pays. Mais, la façon dont ça se passe au Sénégal, ça inquiète. J’ai l’habitude de dire qu’il faut une lecture beaucoup plus poussée. Il ne faut pas regarder seulement le fait que les gosses prennent les embarcations pour braver la mer. Ce n’est pas ça parce que quelqu’un qui sort de l’état de conscience ou bien qui n’est plus dans son moi, ce qu’il peut faire en termes suicidaire, braver la mer constitue un minimum. Il faut donc être à leurs places pour pouvoir mesurer le degré. Ce que je demande à tout un chacun en commençant par les autorités, c’est d’essayer de segmenter un peu l’espace des jeunes pour voir. Parce que tous les jeunes n’ont pas la même culture, n’ont pas la même provenance. Et si vous prenez les embarcations, il n’y a pas uniquement les Lébous. Il y’avait aussi d’autres ethnies et qui est-ce qui les a poussés ? (…). Il faut agir vite et qu’on essaye de réajuster tout ce qui est ressources budgétaires dans ce domaine. N’oublions pas que notre pays à une forte domination juvénile. Sur ce, il faut que l’Etat essaye de réorienter ses ressources dans ce domaine en faisant une segmentation. Il faut aussi développer la filière pêche et mettre des passerelles pour permettre à ces jeunes d’écouler leurs produits.
Pensez-vous que les chiffres annoncés par l’Oit sur le taux de chômage au Sénégal a un lien avec ce phénomène « Barça Barsakh » ?
Pour le taux de chômage, je relativise. Comme on le dit souvent, le chômage existe partout. Il faut que les gens essayent d’aborder d’appréhender la notion de chômage avec méthodologie et essayer après de l’appréhender, ce concept du point de vue économique. Parce qu’il y’a des gens qui ont leurs diplômes et qui n’ont pas de travail. D’autres ont travaillé et en un moment donné ils n’ont plus de travail. Je me dis qu’il y’a la notion de chômage structurel et la notion de chômage conjoncturel. Au Sénégal, on n’est pas dans le chômage conjoncturel. Parce qu’il y’a quelque chose qui pourrait servir aux jeunes mais comment les jeunes doivent faire pour s’approprier ce travail ? Comment ils doivent se mouvoir pour capter ce potentiel ? C’est ça le problème parce que dites-vous au Sénégal que les terres cultivables sont là. Quand vous allez dans la vallée pratiquement le ¼ des terres est utilisé. Donc, il en reste et l’eau est là tout prêt contrairement quand vous allez dans d’autres pays. Ces derniers font des drainages de plus de 100 Km. C’est une question d’orientation pour que les jeunes soient occupés. Pour répondre à votre question, si on se base sur des chiffres pour dire que le taux de chômage est élevé, moi, je dis qu’on peut toujours le résorber en se mettant dans la tête qu’on est en face d’un chômage structurel mais pas conjoncturel.
L’Etat a-t-il une bonne politique de jeunesse ?
L’Etat a mis 40% de son budget dans l’éducation. C’est énorme et c’est pour former la jeunesse. Donc ça devrait marcher en principe. Mais là où le problème se pose, c’est qu’il n’y a pas une synergie des acteurs. Vous savez, dans un pays qui se veut respectueux et qui veut aller loin, je me dis qu’il y’a certaines choses qu’on doit dépasser. C’est seulement au Sénégal que vous voyez des enseignants apéristes, des enseignants libéraux, …. Mais un enseignant c’est quelqu’un qui est formé par l’Etat du Sénégal avec les moyens de l’Etat. Est-ce que cet enseignant a le droit de se syndiquer aussitôt ? Non. Pour mémoire, les enseignants signaient un engagement triquinquennal. C’est ce qui nous manque. Pour développer ce pays, il faut une solidarité. Par ailleurs, plusieurs structures et agences ont été créées pour la jeunesse.
Quel commentaire faites-vous sur le nouveau gouvernement et la place accordée à l’artisanat et au secteur informel ?
C’est une prérogative constitutionnelle du président de la République de nommer ou de dégommer qui il veut et quand il veut. Il nomme à tous les emplois civils et militaires et ça résume tout. Je le considère, le président de la République, comme un coach. Quand il sent l’opportunité d’avoir cette équipe, de faire jouer cette équipe-là à l’instant T, c’est cette équipe qui compte et personne n’y peut rien. Il sait des choses que nous ne savons pas. Il est mieux renseigné que quiconque dans ce pays. Maintenant, j’ai noté que la plupart des ministres sont des jeunes. Il a également parlé de pragmatisme. Dans un pays quand tous les plans sont là, toutes les stratégies sont là, l’objectif est visé, il faut y aller vite et essayer de ne pas tourner autour. S’agissant de la place accordée au secteur informel et au secteur de l’artisanat, je vous rappelle que le développement d’un pays est basé sur le secteur privé. L’Etat ne fait que des services marchands. Les trois fonctions régaliennes de l’Etat c’est la santé, l’éducation et la sécurité. Hormis ces trois fonctions tout le reste c’est de l’accessoire (…). Maintenant ce qui fait avancer le pays, c’est le secteur privé. Et quand on parle du secteur privé, l’artisanat est là-dans. Vous savez aussi que le Sénégal a une économie pratiquement informelle. L’Etat ne gère pas de manière efficace ce secteur.