Des milliers de personnes à Gaza, fuyant les chars et les avions israéliens, ont entamé lundi un nouveau cycle de déplacement, en s’exilant vers Deir el-Balah et l’ouest de Khan Younis, après le nouvel ordre d’évacuation de l’armée israélienne, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Près de 83 % de la bande de Gaza fait l’objet d’un ordre d’évacuation ou est désignée comme « zone interdite » par l’armée israélienne.
Le dernier ordre d’évacuation massive de l’armée israélienne couvre environ 8,7 km² de territoire et réduit la « zone humanitaire » d’al-Mawasi de 15 % par rapport à sa taille initiale, selon l’OCHA. « Des milliers de personnes se déplacent à nouveau, fuyant les raids aériens et les opérations militaires. La situation est impossible. Le cycle de la peur et du déplacement dure depuis trop longtemps. Tout le monde est épuisé », a décrit pour sa part sur le réseau social X, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
De nouvelles souffrances
« La question qui hante Gaza : Où vais-je aller ? », a poursuivi l’agence onusienne, relevant que des familles sont encore contraintes de fuir. L’UNRWA a ainsi partagé sur X, des images de « scènes chaotiques » à Khan Younis. Une situation vécue maintes fois dans l’enclave palestinienne, avec notamment des images dans lesquelles on voit des enfants pleurer et des parents fuir dans tous les sens. « Les nouveaux ordres d’évacuation sont synonymes de nouvelles souffrances et de nouveaux déplacements », a insisté l’UNRWA, ajoutant que les habitants de Gaza sont « épuisés », mais vivent dans des « conditions inhumaines et sans aucune sécurité ».
Sur le terrain, les personnes fuyant Khan Younis semblent se diriger vers les zones déjà surpeuplées de Deir el-Balah et de l’ouest de Khan Younis. Ces deux zones disposent d’un nombre limité d’abris et de services et peuvent à peine accueillir l’afflux supplémentaire de personnes déplacées. Les familles ont dû emballer ce qu’il restait de leurs biens et fuir, au milieu des bombardements et sans aucun endroit sûr où aller.
Risque élevé de propagation du virus de la polio
Alors que des milliers de personnes continuent de fuir les chars et les avions israéliens à Khan Younis, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) s’est déclaré alarmée, mardi, par la perspective d’un « risque élevé de propagation du virus de la polio » dans la bande de Gaza et au-delà de ses frontières, en raison d’une situation sanitaire « catastrophique » dans l’enclave palestinienne ravagée par la guerre. « Il existe un risque élevé de propagation du virus de la polio à Gaza, non seulement en raison de la détection, mais aussi à cause de la situation désastreuse de l’assainissement de l’eau », a déclaré aux journalistes à Genève par liaison vidéo depuis Jérusalem, le Dr Ayadil Saberkov, Responsable des urgences sanitaires du Bureau de l’OMS dans les Territoires occupés palestiniens.
Cette alerte de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) intervient dans un contexte de déplacements récurrents des Gazaouis. C’est pourquoi, l’agence onusienne considère qu’il existe un risque élevé de propagation du virus de la polio à Gaza et au niveau international, « si cette flambée ne fait pas l’objet d’une réponse rapide et optimale ».
En attendant, des équipes de l’OMS et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) devaient arriver à Gaza jeudi 25 juillet. Sur place, elles vont recueillir des échantillons de selles humaines dans le cadre d’une évaluation des risques liés à la découverte du virus. Selon le Dr Saparbekov, cette évaluation, qui devrait être achevée d’ici la fin de la semaine, permettrait aux responsables de la santé de formuler des recommandations, « notamment sur la nécessité d’une campagne de vaccination de masse, sur le type de vaccin à utiliser et sur la tranche d’âge de la population qui devra être vaccinée ».