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PEOPLE! MOUSSA TRAORE: La magie koraiste….

Traoré de son nom, on le dirait familier avec l’instrument de musique qui a fait sa notoriété. Que nenni ! Moussa a connu la kora en 2014. Et ce fut le coup de foudre qui enfantera des coups de blues et d’autres sonorités musicales. Et depuis Moussa et la Kora ont fait du chemin ensemble et en feront encore. En atteste son parcours des terres africaines aux salons cossus d’Europe et d’Amérique où le talent du musiciens conquiert un auditoire qui n’est pas que profane, vu la dimension religieuse que prend son art au Soudan et ailleurs. Instrumentiste de renom, Moussa Traoré allie doigté et éclectisme pour des oraisons symphoniques courues de par le monde. Musique maestro ! 

Qui est Moussa Traore ? 

Je suis un artiste musicien malien, auteur-compositeur, spécialisé dans la kora. Depuis octobre 2023, j’occupe le poste de professeur de kora à l’Institut African Hall à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis. En parallèle de mon activité d’enseignement, je suis également membre de l’orchestre Al Mutaqa. 

Pouvez-vous nous parler de votre première rencontre avec la kora ? Comment cet instrument a-t-il changé votre perception de la musique et de la vie ? 

Ma découverte de la kora remonte à 2014, grâce à mon ami musicien Lafia Kamissoko. Cet instrument traditionnel ouest-africain à 21 cordes m’a immédiatement fasciné par sa puissance expressive. En l’étudiant, j’ai pris conscience de son importance dans la société Mandé, dont l’organisation, établie dès le 12e siècle, reste pertinente aujourd’hui. La kora est présente dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest : Mali, Sénégal, Gambie, et les deux Guinées. Jadis utilisée pour narrer l’histoire et motiver les guerriers mandingues, elle représente pour moi une ouverture sur un riche héritage culturel. Ses ressemblances avec la harpe et le oud, ainsi que sa capacité à s’intégrer dans divers genres musicaux comme le mbalax, le blues, le flamenco ou le fado, m’offrent une opportunité unique. Je peux ainsi introduire nos rythmes complexes dans la musique contemporaine mondiale, créant un pont entre tradition et modernité.

Moussa maestro Concert Dubai 2 WHISPER OF THE SOUL 7 1

Comment décririez-vous votre style musical ? En quoi diffère-t-il des styles traditionnels maliens et sénégalais ? 

Au fil des années, j’ai développé un style musical sensuel, profondément ancré dans la tradition du « doson n’goni », les chants de chasseurs. J’ai réussi à adapter cette base à divers styles issus d’autres régions africaines, créant ainsi une fusion unique. Mes créations sont toujours motivées par le désir de raconter une histoire et d’exprimer mes émotions. Ma curiosité pour les cultures diverses m’entraîne vers une richesse multiculturelle qui, combinée à mes racines, forme un répertoire mélodieux au carrefour de multiples collaborations artistiques. Le Sénégal, par exemple, m’a beaucoup inspiré avec ses instruments traditionnels comme le djembé, le sabar, le xalam, le tama (tambour d’aisselle) et le balafon. Ces sonorités enrichissent quotidiennement ma palette musicale. Cette ouverture m’a permis de développer un style intermédiaire, une sorte de pont entre ces différentes traditions musicales. Mon approche consiste à m’adapter tout en créant une synthèse harmonieuse entre ces divers styles musicaux. 

Quelles sont vos principales influences musicales, tant dans la musique traditionnelle que dans des genres comme le jazz et le reggae ? 

Dans le domaine de la musique traditionnelle, je m’inspire particulièrement du wassoulou et de la musique bwa, ainsi que du blues du désert. Pour ce qui est du jazz, Soriba Kouyaté est ma principale référence. Quant au reggae, j’apprécie naturellement les grands noms tels que Bob Marley, mais aussi Morgan Heritage, Steel Pulse et Clinton Fearon, entre autres.

Moussa Kora Dubai

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec le label Delu6waat Arts au Sénégal ? Comment cette expérience a-t-elle influencé votre musique ? 

Mon aventure avec Délu6waat Arts a commencé en 2016, lors de ma rencontre avec son fondateur, le Dr Alassane Mbengue, bassiste et chercheur. Il était à Bamako pour une conférence sur le paludisme. À son retour des États-Unis, il a fait part de son idée de crée le label musical Delu6waatarts, une idée que j’ai immédiatement soutenue. Depuis, j’ai participé à la production de deux albums : celui de Naby Condé intitulé « Souhait », et l’album du groupe afro-reggae Yoon Wii Band. Ce qui me motive dans cette collaboration, c’est le désir ardent d’établir un partenariat durable pour développer les artistes locaux.

Ces artistes, au-delà de leur talent, ont un besoin évident de structures professionnelles capables de porter leurs projets, de les promouvoir, et de défendre leurs intérêts aux niveaux national et international. Connaissant la détermination et la capacité de mon ami « Docteur et Bassiste » (comme je l’appelle) Alassane Mbengue à gérer plusieurs projets simultanément, je suis convaincu qu’il deviendra bientôt un acteur incontournable dans le secteur des industries culturelles et créatives au Sénégal, et potentiellement dans toute l’Afrique de l’Ouest.

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Votre musique est décrite comme une fusion de styles. Comment parvenez-vous à équilibrer les différentes influences dans votre travail ?

Ces dernières années, mon parcours m’a offert de précieuses opportunités de collaboration avec des artistes africains de divers horizons. J’ai eu la chance de travailler avec des talents du Mali, du Sénégal, de la Mauritanie, du Nigeria, de la Côte d’Ivoire, mais aussi du Soudan et de la Tunisie.Cette expérience m’a permis de découvrir, bien que modestement, l’immense richesse et diversité de la culture africaine. Ces rencontres ont considérablement enrichi mon parcours professionnel et artistique.

Aujourd’hui, je bénéficie de ce melting-pot culturel et de ce métissage artistique, qui se reflètent clairement dans mes compositions. Cette fusion d’influences diverses a profondément marqué mon style musical, le rendant unique et représentatif de la diversité africaine.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre participation au concert « Whispers of the soul » pour le Ramadan au Soudan ? Comment avez-vous adapté votre musique pour cet événement particulier ? 

Cette année a été marquée par une expérience exceptionnelle : ma participation au sein de l’orchestre Al Mutaqa lors d’un événement d’envergure. Ce spectacle a réuni une vingtaine d’artistes sur scène, offrant un tableau musical riche et varié. Pour moi, évoluer au sein de cette symphonie représente une première expérience majeure. Cette opportunité a non seulement renforcé mes collaborations artistiques, mais a également permis une intégration plus profonde de mon instrument dans le paysage musical.

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Vous avez récemment participé à un événement de l’UNESCO sur l’éducation culturelle et artistique. Quelle est, selon vous, l’importance de l’éducation musicale dans le développement personnel et social ? 

L’éducation est un droit fondamental pour tous, et l’éducation musicale en particulier joue un rôle crucial dans le développement des enfants. Au-delà de sa capacité à créer des liens, la musique est un outil puissant pour favoriser l’épanouissement des jeunes. Nous sommes tous conscients de l’importance des arts dans le processus de développement de l’enfant et dans son intégration au sein de la société moderne.

Les disciplines artistiques offrent des compétences uniques et essentielles pour la croissance personnelle et sociale. J’ai eu l’honneur de participer au sommet international de l’UNESCO à Abu Dhabi, une expérience qui m’a rempli de fierté. Cette organisation joue un rôle indéniable dans la promotion de l’éducation à l’échelle mondiale. Sa reconnaissance de l’importance des arts dans l’éducation renforce ma conviction quant à la valeur de l’enseignement musical pour les générations futures.

Comment voyez-vous l’évolution de la musique traditionnelle ouest-africaine dans un monde de plus en plus globalisé ? Quel rôle pensez-vous jouer dans cette évolution ? 

La musique traditionnelle africaine conservera sans aucun doute une place prépondérante dans l’évolution musicale mondiale. Cependant, au-delà de la créativité, nous devons redoubler d’efforts pour exceller dans cette industrie exigeante. L’avènement des nouvelles technologies d’enregistrement, de mastering, de distribution et de promotion nous oblige à nous adapter aux exigences de la musique du 21e siècle. Cette évolution représente à la fois un défi et une opportunité pour les artistes africains. Je suis optimiste quant à ma capacité, à travers mes créations et collaborations, à figurer parmi les artistes africains qui porteront haut les couleurs de la musique traditionnelle africaine sur la scène internationale. 

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Quels sont vos projets futurs ? Y a-t-il de nouvelles collaborations ou de nouveaux albums en préparation ? 

Cette année, j’ai sorti un EP comprenant 6 morceaux, suivi de 3 singles, tous sortis sous le label autrichien Silk Road Serenades. Ces œuvres sont disponibles sur les plateformes de distribution musicale. Sur la scène internationale, je suis en phase de préparation pour le lancement prochain d’un album plus conséquent, comportant 15 titres.

Parallèlement, au niveau local, nous finalisons la sortie de l’album de Yoon wii Band. Je nourris l’espoir d’être bientôt programmé pour une tournée, si Dieu le veut (inshaAllah). Cette perspective représenterait une opportunité importante pour promouvoir ces nouvelles créations et rencontrer mon public.

ANNA THIAW 


 

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