Dans la nuit du 29 au 30 juin, les autorités locales ont ravagé le marché de Colobane . Cette opération de déguerpissement a suscité des réactions mitigées dans la population locale. Certains saluent le rétablissement de l’ordre, tandis que d’autres déplorent la perte d’activité économique informelle pour de nombreuses familles.
Au marché Colobane beaucoup de commerçants se sont montrés très mécontents et ont manifesté leur colère face à cette décision. De nombreux commerçants informels dépendaient de leur emplacement au marché pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. Ils ont donc exprimé leur inquiétude face à la perte de leurs moyens de subsistance. Cependant, d’autres commerçants ont compris les motivations des autorités et se sont montrés plus compréhensifs, tout en espérant pouvoir se voir attribuer un nouvel emplacement dans le cadre de la réorganisation du marché.
Certains ont également reconnu que les conditions dans le marché n’étaient pas idéales et qu’une réforme était nécessaire, même si cela signifiait devoir quitter leur ancien emplacement. Dans l’ensemble, la décision a suscité beaucoup de frustration et d’inquiétude chez les commerçants évincés, qui craignent pour leur avenir économique. Cheikh vendeur de téléphone explique la perte de leur source de revenus principale: “ Nombreux sont commerçants informels dépendent totalement de leur emplacement au marché pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles, donc si nous sommes privés de notre gagne-pain quotidien cela risque d’être difficile pour nous et en plus il y a la difficultés à trouver un nouvel emplacement nous craignons de ne pas pouvoir se réinstaller facilement ailleurs, que ce soit dans un autre marché ou dans un autre endroit de la ville. L’accès aux emplacements commerciaux est souvent limité “ . Abdou Dieng qui est aussi vendeur ambulant de téléphone parle de coûts supplémentaires liés à la réinstallation : “ C’est que nous redoutons le plus c’est de devoir supporter des frais importants pour pouvoir se réinstaller et aménager un nouvel emplacement, ce qui grèverait davantage nos maigres revenus mais aussi la perte de notre clientèle habituelle , nous nous inquiétons de perdre le lien de confiance qu’on avait noué avec les clients de proximité au fil des années, rendant notre réinsertion économique plus difficile , mais notre problème le plus important c’est l’absence de soutien et d’accompagnement des autorités “ .
Ces diverses préoccupations reflètent les importantes incertitudes et difficultés auxquelles font face les commerçants évincés au marché Colobane. Fodé vendeur de parfums est préoccupé par la précarité économique accrue : “ Beaucoup de ces commerçants vivaient déjà dans une grande précarité avant leur éviction, le marché étant souvent leur unique source de revenus donc perdre cet emplacement les plonge dans une situation économique encore plus précaire, avec le risque de sombrer dans la pauvreté , c’est notre situation à tous qui craignons même de ne plus pouvoir subvenir aux besoins élémentaires de nos familles (nourriture, logement, santé, scolarité des enfants, etc.). Stress et anxiété est notre quotidien “ .
Mor Diouf vendeur de vêtements ambulant lui explique que l’initiative vient des jeunes qui habitent le quartier de Colobane avec l’appui des autorités : “ Les jeunes du quartier ont toujours voulu nous faire partie et aujourd’hui avec l’aide de l’état ils risquent de réussir à nous déguerpir, depuis lors nous ne dormons pas et cette situation engendre beaucoup de stress, d’angoisse et d’incertitude quant à notre avenir, beaucoup parmi nous peinent à imaginer comment ils pourront rebondir et retrouver une activité économique stable dans un avenir proche “ .
Au-delà des aspects économiques, cette éviction a donc aussi engendré de lourdes conséquences sur le plan social et psychologique pour ces commerçants vulnérables. Un soutien adapté serait nécessaire pour les aider à surmonter cette période difficile.
Fatou Ba