Il y a 102 ans, s’éteignait le fondateur de la Tidianiya, Seydi El Hadji Malick Sy . C’était le 27 juin 1922 à Tivaouane. D’après Le Quotidien, l’œuvre de Maodo est une source intarissable et inépuisable, qui a consacré toute sa vie au service exclusif d’Allah et de son Prophète Mouhamed (Psl). Parcours d’un homme qui continue à guider des millions de personnes.
Né le 25 février 1855 à Gaye (département de Dagana), Maodo Malick est fils de la sainte Fawade Wélé et de Thierno Ousmane Sy. En bon Walo-Walo, et plus que les jeunes de sa génération d‘ailleurs, Malick Sy est très tôt initié à l’apprentissage du Coran. De Dagana à Sagatta Djolof en passant par le Fouta et la Mauritanie, il apprendra toutes les branches des savoirs islamiques dont il finira par être un grand spécialiste.
Après des études qui ont duré plus de 25 ans, El hadji Malick Sy se consacre à l’enseignement de ce savoir gigantesque qu’il a pu emmagasiner. Ainsi s’établira-t-il à Tivaouane en 1900. Ses activités ne vont pas totalement changer pour autant : Maodo va diviser son temps entre l’enseignement, les travaux champêtres et son Seigneur. Deux ans après son installation à la ville de Tivaouane, en 1902, le Cheikh entame la commémoration de la nuit de la naissance du prophète Mouhammad (psl).
Maodo et l’administration coloniale
Son courage et sa détermination de parachever l’œuvre de Cheikh Omar Foutiyou Tall vont lui valoir des convocations de la part de l’administration coloniale entre 1893 et 1895. Auparavant en 1892, Maodo avait érigé une zawia dans la ville de Saint-Louis, à quelques mètres de la gouvernance et les séances de wazifa vont déplaire les colons qui finiront par l’assimiler à des cris de guerre. Mais le Cheikh ne sera pas inquiété pour autant. En 1904, El hadji Malick Sy commence la construction d’une mosquée à Tivaouane. Il s’en suivra l’établissement d’une deuxième zawiya à Dakar (1905), au nez et à la barbe de l’administration coloniale même. Il collabore et dialogue avec eux mais refuse toute idée de compromis ou compromission. Ainsi tout le territoire sénégalais sera marqué par l’empreinte de cet homme de Dieu avec l’apport non négligeable de ses élèves dont le vénéré Elhadji Rawane Ngom de Mpal.
Elhadji Malick et ses écrits
Les écrits de Cheikh El hadji Malick Sy sont difficiles à parcourir tant sur le plan du nombre que de leur caractère hermétique. Dans ses différentes œuvres dont la plupart tourne autour de son amour pour ses maîtres, le prophète et son petit-fils Cheikh Ahmad At-Tidian, Maodo étale sa maîtrise difficilement égalable de la langue arabe. Pour preuve, les figures de style auxquelles il fait recours dans le khilaasou zahab et l’homonymie très hermétique dans le Nouniya, deux œuvres où il raconte l’histoire du prophète, sont au-delà de l’imagination.
Au terme d’une vie totalement consacrée à Dieu et son prophète (Psl), El hadji Malick Sy va rejoindre son seigneur aujourd’hui 27 juin 1922. Durant les 67 ans qu’il aura vécu, Maodo (comme il est affectueusement appelé) a fait des prouesses aussi bien dans l’enseignement de la théologie et d’autres branches de l’islam que de la siira (histoire du prophète). Sa probité morale et intellectuelle ont permis de faire éclore d’autres grands érudits de ce pays, qui ont eu à bénéficier de sa formation. La célébration de la naissance du prophète Mouhammad (Psl) telle que nous la connaissons aujourd’hui est l’une de ses magnifiques chefs-d’œuvre.
Faisant l’économie des éléments biographiques largement développés par d’autres études pour se pencher, avec une approche sociologique, sur un aspect rarement pris en compte par bien de spécialistes, le professeur à l’Institut d’études politiques de Lyon a voulu ainsi s’intéresser à la manière dont Seydi El Hadji Malick Sy a su déjouer le «plan d’assimilation culturelle mis sur pied par la colonisation française, tout en préservant la paix sociale, le dynamisme propre à l’esprit de l’islam, ainsi que les enseignements fondamentaux de la Tidianiya».
Pendant les 67 ans de son existence, El hadi Malick Sy aura beaucoup appris, beaucoup formé et réalisé de nombreuses œuvres. Une vie remplie d’enseignements et exclusivement réservée à l’adoration de Dieu. En 1922, le Cheikh tombe malade et, sentant la fin proche, il fait venir de Saint-Louis Serigne Babacar Sy, Serigne Mansour Sy et Thierno Seydou Nourou Tall. Durant cette période, Serigne Abdou Aiz Sy sera chargé de lui réciter la sourate Yâ-sîn.
Le mardi 27 juin 1922, Maodo Malick Sy quitte ce bas monde pour rejoindre son seigneur.