L’économie maritime fait vivre près de la moitié de la population mondiale et devrait doubler, passant de 1 500 milliards de dollars en 2010, soit 5 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, à environ 3 000 milliards de dollars d’ici 2030. Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que l’Afrique dispose d’un territoire maritime absolument gigantesque, de l’ordre de 13 millions de kilomètres carrés, ce qu’on appelle les zones économiques exclusives. Donc c’est des zones au-delà des eaux territoriales, jusqu’à 370 kilomètres au large des côtes, et ces zones sont sous la juridiction des États côtiers et des États insulaires. Voilà. C’est l’équivalent de plus de 40 % de la superficie terrestre de l’Afrique.
La Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050 (Stratégie AIM 2050) a été élaboré par l’Union Africaine en 2012, dans un contexte où la pression sur les ressources marines et les océans est de plus en plus forte en raison de la surexploitation, de la pollution, et des impacts du changement climatique. La mondialisation a également accentué la nécessité pour les pays africains de coopérer et de se coordonner pour gérer durablement leurs ressources marines et renforcer leur compétitivité économique.
L’Union africaine (UA) présente l’économie bleue comme la nouvelle frontière de la renaissance africaine dans cette nouvelle stratégie. Ce concept relativement récent occupe également une place centrale dans l’agenda 2063 de l’UA qui affirme que « l’économie bleue de l’Afrique sera un contributeur majeur à la transformation continentale et de la croissance, en permettant les progrès des connaissances sur la biotechnologie marine et aquatique ».
Dans le contexte africain, l’économie bleue concerne à la fois le milieu marin et les eaux douces. Elle comprend les océans, les mers, les rivages et les berges, les lacs, les cours d’eau et les nappes souterraines. Elle embrasse un éventail d’activités, directes ou dérivées, qui vont de la pêche à l’exploitation minière sous-marine en passant par l’aquiculture, le tourisme, les transports, la construction navale, l’énergie ou la bioprospection. Avec une valeur ajoutée de plus de 24 milliards de dollars, soit 1,26% du PIB des États, l’économie bleue est un outil clé pour la croissance économique et la protection de l’environnement en Afrique selon l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Le domaine maritime africain offre des opportunités de croissance à travers 38 États côtiers et insulaires et un littoral de plus de 47 000 km.
Et, selon le site YouTube « Festival Géopolitique », l’Afrique peut être vue comme un continent-île, disposant de ressources maritimes considérables, objet de nombreuses convoitises, elle a un atout à jouer au carrefour stratégique des puissances extérieures. Située au carrefour des grandes routes maritimes, l’Afrique occupe une position géostratégique cruciale. Le contrôle des passages maritimes, tels que le canal de Suez et le détroit de Bab-el-Mandeb, est essentiel pour le commerce mondial et la sécurité maritime. Les Africains doivent saisir leur chance.
Toutefois, l’essor de l’économie bleue est confronté à des défis environnementaux majeurs liés aux impacts de l’activité humaine tels que la pollution plastique, le réchauffement du climat et l’absorption importante de dioxyde de carbone par les océans, etc.. En ce qui concerne spécifiquement le continent africain, la plupart des pays ne disposent pas des capacités techniques et logistiques suffisantes pour gérer et protéger efficacement leurs zones économiques exclusives (zee) et éradiquer la pêche illicite et la surpêche ainsi que les actes criminels telles que la piraterie et le trafic illégal.
L’ECONOMIE BLEUE, UN SECTEUR DOMINE PAR DE GRANDS GROUPES INTERNATIONAUX EN AFRIQUE
Les secteurs le plus visibles de cette économie sont dominés par des grands groupes internationaux. Il s’agit de :
– De la Pêche industrielle : Dominée par des entreprises multinationales comme China National Fisheries Corporation et Thai Union Group qui opèrent dans les eaux africaines pour exploiter les ressources halieutiques locales ;
– Du Transport maritime : Les principaux acteurs incluent Maersk, MSC (Mediterranean Shipping Company), et CMA CGM. Ces géants contrôlent une grande partie du trafic maritime en Afrique, facilitant l’import-export des biens ;
– De la Gestion des ports : Des sociétés comme DP World (Dubaï), Bolloré Africa Logistics (France) et China Harbour Engineering Company sont fortement impliquées dans la gestion et le développement des infrastructures portuaires en Afrique ;
– Du Tourisme balnéaire et des réceptifs hôteliers. Les groupes Hôteliers Internationaux tels que Marriott, Accor, Radisson, Hilton et Hyatt sont fortement présents sur le continent africain. Ils continuent d’ouvrir de nouveaux établissements, attirés par le potentiel de croissance du marché africain. Ils investissent en outre dans des infrastructures touristiques complémentaires, telles que les centres de congrès et les stations balnéaires, pour attirer à la fois les voyageurs d’affaires et les touristes de loisir.