« Les pays membres de l’OTAN, surtout les Etats-Unis et d’autres capitales européennes ont entamé ces derniers jours, ces dernières semaines, un nouveau cycle d’escalade », a dénoncé le porte-parole de la présidence russe.
Le Kremlin a accusé jeudi l’OTAN d’« inciter » l’Ukraine à prolonger le conflit contre l’armée russe, au moment où d’intenses discussions au sein des alliés de Kiev ont actuellement lieu pour que les forces ukrainiennes puissent frapper le sol russe avec des armes occidentales. « Les pays membres de l’OTAN, surtout les Etats-Unis et d’autres capitales européennes ont entamé ces derniers jours, ces dernières semaines, un nouveau cycle d’escalade », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, aux journalistes.
Accord des Vingt-Sept pour taxer les céréales russes importées dans l’UE
Les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont donné jeudi leur accord pour imposer des droits de douane prohibitifs sur les importations de produits agricoles russes, qui en sont actuellement largement exemptées, a annoncé le commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis.
Cette mesure, proposée en mars par la Commission européenne, vise à « assécher » des revenus permettant à Moscou de financer sa guerre en Ukraine, à « stopper l’exportation illégale de céréales volées en Ukraine » et à empêcher Moscou de « déstabiliser » les marchés agricoles, a fait valoir M. Dombrovskis sur le réseau social X.
Alors que l’Ukraine a exhorté ses alliés à autoriser Kiev à utiliser les armes fournies par l’Occident pour mener des frappes à l’intérieur de la Russie, le président Volodymyr Zelensky a déclaré à l’agence de presse Reuters le 20 mai que des discussions avaient eu lieu avec les alliés de Kiev à ce sujet. Quelles sont leurs positions ?
Etats-Unis : Alors que Washington a jusqu’à présent demandé « aux Ukrainiens de ne pas utiliser l’équipement fourni par les Etats-Unis pour des attaques directes contre la Russie », le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a déclaré mercredi que les alliés de l’Ukraine allaient « s’adapter et ajuster », laissant ainsi entendre qu’il est ouvert à un possible changement de règles.
OTAN : En tant qu’organisation, elle ne fournit pas d’armes. Cependant, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a exhorté lundi les membres de l’alliance à lever les restrictions sur l’utilisation de leurs armes afin de permettre à l’Ukraine de frapper des « cibles militaires légitimes » en Russie.
Danemark : La première ministre danoise, Mette Frederiksen, a fait écho mardi à M. Stoltenberg dans ses commentaires à la chaîne TV2. « Vous êtes invités à utiliser ce que nous avons donné à l’Ukraine, également en dehors de l’Ukraine, c’est-à-dire sur des cibles russes, si cela est conforme au droit international », a-t-elle déclaré.
République tchèque : Le premier ministre tchèque, Petr Fiala, a jugé mardi que les déclarations de Jens Stoltenberg et d’autres à ce sujet étaient « absolument logiques ». « L’Ukraine est un pays qui se défend contre l’agression russe… et, en tant que pays attaqué, elle a certainement tous les droits d’utiliser toutes les possibilités pour sa défense. »
Royaume-Uni : Lors d’une visite à Kiev le 3 mai, le ministre des affaires étrangères, David Cameron, a déclaré à Reuters que l’Ukraine pourrait utiliser les armes fournies par Londres pour frapper des cibles en Russie et qu’il appartenait à Kiev de décider de le faire, estimant que « l’Ukraine a ce droit ».
France et Allemagne : Mardi, lors d’une visite d’Etat en Allemagne, Emmanuel Macron a estimé que l’Ukraine devait être autorisée à « neutraliser » les bases d’où Moscou tire ses missiles contre le territoire ukrainien. Le chancelier Olaf Scholtz est, lui, resté plus évasif, sachant que l’Allemagne refuse de livrer des missiles à longue portée à l’Ukraine, à la différence de Paris, Londres et Washington. « L’Ukraine a toutes les possibilités de le faire, en vertu du droit international », a-t-il déclaré.
Italie : L’Italie n’enverra jamais de troupes en Ukraine et les armes qu’elle a fournies à Kiev ne devraient pas être utilisées sur le territoire russe, a fait savoir jeudi le ministre des affaires étrangères italien, Antonio Tajani.
Pays-Bas : Le ministère de la défense néerlandais a déclaré mercredi que l’Ukraine devrait utiliser les armes données conformément au droit international. « Au-delà de cela, les Pays-Bas n’imposent aucune limitation légale à l’utilisation des armes fournies par les Pays-Bas au-dessus ou sur le sol russe », a-t-il ajouté.
Lituanie, Lettonie et Estonie. La Lituanie a exprimé son soutien au droit de l’Ukraine de frapper des cibles en Russie. « La manière de réagir à l’agression de la Russie en Ukraine, et aussi dans nos pays, est… de permettre à l’Ukraine d’utiliser les armes dont elle dispose déjà, de la manière dont elle doit les utiliser », a déclaré lundi le ministre des affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis. « C’est comme ça qu’on gère l’escalade… c’est comme ça qu’on stoppe la Russie. » Le président letton, Edgars Rinkevics, a également partagé l’avis de Stoltenberg, déclarant lundi à CNN : « Je pense qu’il n’y a aucune raison rationnelle et pragmatique pour ne pas permettre à l’Ukraine d’utiliser ces armes contre la Russie de la manière la plus efficace possible ». Le ministre de la défense estonien, Hanno Pevkur, a pour sa part appelé les alliés de Kiev à « augmenter la formation des combattants ukrainiens [et] à permettre à l’Ukraine de frapper des cibles militaires en Russie ».