Le patron de la France insoumise, figure de proue de la gauche radicale française, est à Dakar depuis hier. Hôte du leader de Pastef et de l’École supérieure de commerce de Dakar (Supdeco), Jean-Luc Mélenchon a donné un avant-goût des dessous de cette visite de six jours, avec un programme assez rempli.
S’il a épousé la doctrine du panafricanisme de gauche, Ousmane Sonko, n’en demeure pas moins ouvert à d’autres courants politiques à l’idéologie plus ou moins proche. Parmi les personnalités qui incarnent cette idéologie d’une gauche radicale : Jean-Luc Mélenchon, leader et député de la « France insoumise ». La proximité entre les deux hommes et leurs proches collaborateurs s’est bonifiée au fil du temps, sous-tendue par un soutien affirmé de Mélenchon à Ousmane Sonko dans sa longue traversée du désert sous le régime de Macky Sall. Aujourd’hui au pouvoir, le patron du Pastef n’a pas hésité à inviter l’inviter à Dakar pour lui témoigner sans doute reconnaissance et amitié.
Jean-Luc Mélenchon fera ainsi un séjour de six jours à Dakar où un programme assez riche l’attend. Il en donne un avant-goût à travers un texte rendu public hier. Il y rappelle que cette invitation lui avait été faite par « depuis plusieurs mois ». « Nous étions dans le feu de la première phase de l’insurrection. D’abord poursuivi, dans un pur lawfare (coup monté judiciaire à finalité politique), Ousmane Sonko avait été emprisonné », rappelle le patron des Insoumis, revenant sur ce qu’il considère comme une persécution politique enrobée d’un manteau judiciaire pour freiner l’envol du Pastef et de son leader. Pour Mélenchon, « contre Sonko, la persécution politique judiciaire ne se cache pas longtemps ». Elle était « diffamatrice » dans les motifs qu’elle affichait pour salir son accusé ; mais, surtout, cette persécution » finira par « (se ridiculiser) en invoquant le motif de condamnation de Socrate : ‘’corruption de la jeunesse’’ » !
La veine entreprise de sape d’agents d’influence
« Divers agents d’influence nous approchèrent en vain pour nous alerter sur « le cas Sonko » et des « graves révélations » qui devaient intervenir », a écrit Jean-Luc Mélenchon. Mais, rassure-t-il, « tout au long des évènements, les Insoumis avaient soutenu de toute leur force Ousmane Sonko et ses camarades dans leur combat pour la démocratie ».
A preuve, rappelle-t-il, « nous avons tenu une conférence Skype, Arnaud Le Gall et moi avec Sonko et son équipe pour faire le point ». « Depuis, le peuple a eu le dernier mot au Sénégal. Le prisonnier politique Ousmane Sonko est devenu Premier ministre, son parti et son candidat ont gagné l’élection présidentielle », s’est félicité le leader des Insoumis, saluant au passage le fait que le Sénégal redevienne un pays s’est apaisé, « s’engageant vers un tout nouvel horizon ». Si bien que, renchérit-il, « les établissements d’enseignement supérieur, gardiens de la liberté d’esprit, sont en excellente situation pour m’accueillir en toute liberté. Heureuse différence d’attitude avec la France, où j’ai déjà été interdit de conférence par les universités de Bordeaux, Rennes et Lille, à la demande de groupes racistes ou de personnalités de la droite et de la macronie, universitaires ou pas ».
Revenant sur « l’instrumentalisation de la justice contre Ousmane Sonko et ses amis », Mélenchon est d’avis que « les violences gouvernementales qui ont suivi ont fait craindre la fin de la démocratie au Sénégal ». « On a vu alors la magnifique mobilisation engagée par le peuple mobilisé. Elle a non seulement permis d’éviter le pire, mais surtout ouvert de toutes nouvelles perspectives pour le Sénégal. Ce dénouement, autant que ses prémices, sont un cas concret de révolution citoyenne. Et il aura conduit ses porte-paroles au pouvoir », s’est-il encore félicité, rappelant que désormais, la « rude tâche » des nouveaux tenants du pouvoir est « d’assurer la mise en œuvre du programme des attentes populaires ». « Ce processus nous intéresse au plus haut point. Le moment est favorable pour l’étudier auprès de ceux qui en ont été les principaux porte-paroles », rassure-t-il avant d’étaler le programme de son séjour dans la capitale sénégalaise qui, entre autre, tournera autour d’un « ensemble d’activités partagées » à travers deux conférences et diverses interventions retransmises sur sa chaîne YouTube et des rencontres avec le monde politique et associatif. « Notre thème commun sera l’étude des causes ayant provoqué l’insurrection populaire et des méthodes ayant permis la victoire électorale contre le régime libéral de Macky Sall devenu autoritaire », ajoute-t-il.
S.D