Alors que près de 450.000 personnes ont été contraintes de fuir Rafah depuis le 6 mai, les conditions actuelles dans la bande de Gaza pourraient aggraver « les niveaux de faim déjà catastrophiques » auxquels la population est confrontée, préviennent les agences humanitaires des Nations Unies.
Bien que certains camions de carburant et de nourriture humanitaire soient entrés dans la bande de Gaza depuis dimanche, « les fournitures d’aide restent largement insuffisantes », a alerté dans son dernier rapport de situation, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Outre le risque de maladies infectieuses, la faim a augmenté en raison de la relocalisation forcée de la population de Gaza par les forces israéliennes, selon l’OCHA. Cette nouvelle mise en garde des Nations Unies intervient alors que des rapports des médias indiquent que des frappes israéliennes ont eu lieu dans différents secteurs de l’enclave, mardi, notamment à Rafah et dans le camp de Nousseirat.
Hausse de la malnutrition aiguë
Les récents ordres d’évacuation et l’intensification de l’activité militaire à Rafah ont forcé un renversement de l’échelle des services de nutrition alors que le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë continue d’augmenter, a alerté le groupe sectoriel de la nutrition. « En raison des derniers ordres d’évacuation et de l’escalade militaire, trois des 22 établissements de santé et 25 des 35 points médicaux fournissant des services de nutrition ont fermé et les nouveaux services qui devaient ouvrir dans le nord de Gaza ont été mis en attente », a-t-il prévenu.
Dans ces conditions, l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU (OMS) signale qu’au 8 mai, 58 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère avec complications ont été admis dans trois centres de stabilisation nutritionnels qui sont encore opérationnels à Gaza. Selon le groupe sectoriel de la nutrition, plus de 70.000 enfants âgés de 6 à 59 mois ont fait l’objet d’un dépistage de la circonférence moyenne du bras depuis la mi-janvier.
Dans ce lot, plus de 5.000 ont été diagnostiqués avec une malnutrition aiguë, y compris près de 4.000 enfants avec une malnutrition aiguë modérée et plus d’un millier avec une malnutrition aiguë sévère.
Près de 450.000 personnes déplacées de Rafah
« Les gens sont constamment confrontés à l’épuisement, à la faim et à la peur », a fait valoir dans un message sur X, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). « Aucun endroit n’est sûr. Un cessez-le-feu immédiat est le seul espoir ».
Ces derniers développements sécuritaires et humanitaires interviennent dans un contexte de déplacement massif. L’UNRWA estime que près de 450.000 personnes ont été déplacées de force de Rafah depuis le 6 mai. Des « rues vides à Rafah alors que les familles continuent de fuir en quête de sécurité ». « Ce matin à l’ouest de Rafah : les familles se sont déplacées aussi loin que possible vers l’ouest, atteignant maintenant le rivage et le long de la plage. Aujourd’hui, elles ont été réveillées par les bombardements de la marine. L’intérieur de Rafah est maintenant une ville fantôme. Il est difficile de croire qu’il y avait plus d’un million de personnes réfugiées ici il y a seulement une semaine », a également décrit sur X, la porte-parole de l’UNRWA, Louise Wateridge.
Environ 20% de la population de Gaza déjà déplacée
Environ 20% de la population de Gaza, qui compte plus de 2 millions de personnes, a été déplacée une nouvelle fois au cours de la semaine dernière en raison de l’intensification des opérations militaires israéliennes. Et ces derniers mouvements concernent en partie les déplacements de Rafah, au sud, et du nord de la bande de Gaza. « Encore et encore. L’exode se poursuit. Les autorités israéliennes continuent d’émettre des ordres de déplacement forcé, également connus sous le nom d’ »ordres d’évacuation », a admis sur le réseau social X, le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini.
Cela oblige les habitants de Rafah à fuir n’importe où et n’importe comment. Depuis le début de la guerre, la plupart des habitants de Gaza ont déménagé plusieurs fois, soit en moyenne une fois par mois, selon l’agence onusienne. « Les populations cherchaient désespérément une sécurité qu’elles n’ont jamais trouvée. Certains n’ont d’autre choix que de rester dans des abris de l’UNRWA détruits par les bombardements », a conclu M. Lazzarini, relevant que « l’affirmation selon laquelle il existe des [zones sûres] est fausse et trompeuse. Aucun endroit n’est sûr à Gaza ».