La présidentielle de mars 2024 s’est tenue dans la paix et la transparence. Les sénégalais sont partis voter, ont choisi leur président et sont allés tranquillement au travail le lendemain. Le monde entier a salué la maturité d’un peuple et la résilience de nos institutions.
Le président sortant est parti après une passation de service empreinte de cordialité. Le nouveau Président a été installé et il a commencé à travailler, aidé en cela par son premier Ministre. L’Afrique et le monde entier sont fiers du Sénégal. Le pays est présenté comme un laboratoire de démocratie dans une Afrique où les coups d’Etat sont à la mode et où beaucoup de Chefs d’état s’éternisent au pouvoir. Malheureusement, tout le monde semble oublier que si les choses ont si bien marché, nous le devons au Conseil constitutionnel.
D’abord pour la candidature de Bassirou Diomaye Faye. Un recours avait été même déposé par le candidat de la majorité de l’époque pour que celle-ci ne passe pas. Le sieur Faye était alors en détention pour des accusations aussi lourdes d’atteinte à la sûreté de l’Etat et autres. Le Conseil a ensuite eu le courage de valider contre toute attente, cette candidature.
Un grand courage qui a sauvé une candidature pour le moins improbable. Il a fallu également le même courage pour repousser toutes les conclusions du dialogue national de dernière minute initié par Macky Sall. Le Conseil est resté ferme sur sa détermination de faire tenir un premier tour avant le 02 avril, la fin de mandat de l’ancien Président.
Auparavant, il a fallu la même détermination aux membres de ce Conseil pour rejeter le report de la présidentielle, le vote de la loi sur ce même report, le choix de la date du 15 décembre et puis celle du 15 juin. Une bataille menée de main de maître avec le respect du culte de la loi et des principes directeurs qui guident leur travail, le tout dans le respect de leur mission. Ainsi, nous estimons que l’on n’a pas assez remercié le Conseil constitutionnel. L’institution a joué à fond sa partition.
Et c’est cela qui a sauvé le processus. Aujourd’hui, tout le monde semble l’oublier. C’est sans doute l’ingratitude du travail de juger. Ceux qui pensent être dans leur droit ne se soucient pas du prononcé du crédit en leur faveur. Ils le trouvent normal et même naturel. Or, rarement, on a vu dans ce pays, un Conseil constitutionnel attaqué de cette façon. Il y a eu même des accusations de corruption. Ils ont pourtant, par leur attitude, fait que la démocratie sénégalaise soit sauvée d’un processus chaotique avec des rebondissements inattendus. Ils ont tenu la barque et ont empêché qu’elle ne coule. On leur doit sans aucun doute une fière chandelle.
Assane Samb