Des milliers de migrants vivant dans des campements de fortune dans les oliveraies de Sfax, à l’est de la Tunisie, font l’objet d’opérations d’évacuation forcée menées par les autorités. Ces mesures, qui suscitent de vives critiques, interviennent dans un contexte de tensions croissantes liées à la migration irrégulière en Tunisie.
Dans un campement à El Amra, quelques centaines de migrants subsahariens sont revenus s’installer après avoir été chassés par les autorités lundi 22 avril. Les autorités ont justifié ces évacuations par le fait que certains migrants auraient dégradé des biens agricoles dans certains endroits, créant des tensions avec la population avoisinante. Selon plusieurs témoignages, un groupe d’Ivoiriens avec des armes blanches aurait essayé d’en découdre avec les autorités et c’est leur fuite qui aurait ensuite provoqué des échauffourées dans leur campement.
Plusieurs migrants ont accroché leurs sac à dos aux oliviers, prêts à fuir de nouveau. Salvador, Camerounais, dit n’avoir nulle part où aller : « Nous ne sommes pas prêts à partir. C’est pas la première fois, en novembre nous avons eu une attaque de la même sorte, on est pas parti, jusque-là nous sommes toujours là. »
À El Amr, diverses nationalités sont présentes. Guinéens, Maliens, Burkinabè, Camerounais. Tous attendent de pouvoir traverser la Méditerranée, certains depuis des mois, d’autres qui viennent d’arriver comme Diallo, un Guinéen de 25 ans. Il est passé la frontière algérienne en début d’année, a tenté une traversée en mer depuis Sfax et s’est fait intercepté par les garde-côtes tunisiens.
Dans le nord-ouest de la Tunisie, près de la frontière algérienne, les habituels touristes cèdent de plus en plus fréquemment la place à des candidats à la migration venus d’Afrique subsaharienne. Entre compassion et instrumentalisation politique, Tunis peine à répondre aux défis de la situation, et l’accord signé avec l’Europe n’y change pas grand chose.