Le Niger a accueilli mercredi des instructeurs russes et réceptionné une première livraison de matériel militaire en provenance de Moscou. La Russie doit notamment « installer un système de défense antiaérien » capable « d’assurer le contrôle total de l’espace aérien » du pays.
Des instructeurs russes sont arrivés mercredi 10 avril à Niamey, qui a également réceptionné sa première livraison de matériel militaire russe dans le cadre de la nouvelle coopération sécuritaire entre le Niger et la Russie, a annoncé jeudi soir la télévision publique nigérienne. Vendredi, Africa Corps (ou The African Corps selon son compte en anglais), perçu comme le successeur de la société paramilitaire Wagner en Afrique, a confirmé son arrivée dans le pays.
La télévision publique nigérienne Télé Sahel a annoncé avoir assisté mercredi « à l’arrivée à Niamey d’un lliouchine-76, un gros porteur russe, transportant du matériel militaire de dernière génération avec à son bord des instructeurs militaires du ministère russe de la Défense ».
« Formation de qualité »
La Fédération de Russie va « doter » le Niger et « installer un système de défense antiaérien » capable « d’assurer le contrôle total de notre espace aérien », a affirmé la télévision nigérienne en montrant des images filmées de nuit du gros porteur russe à son atterrissage à l’aéroport de la capitale; Niamey.
Les instructeurs militaires russes, dont le nombre n’a pas été précisé, « assureront une formation de qualité » aux militaires nigériens « pour une utilisation efficiente dudit système », a ajouté la télévision publique. « Nous sommes ici pour développer la coopération militaire entre la Russie et le Niger », « former l’armée du Niger et l’aider à utiliser le matériel militaire qui vient d’arriver », « du matériel de différentes spécialités militaires », a déclaré sur cette télévision un des instructeurs russes.
« Le premier vol avec des soldats et des volontaires du Corps africain est arrivé au Niger », a de son côté écrit vendredi le groupe Africa Corps sur son compte Telegram officiel, où il revendique être une entité du ministère russe de la Défense.
Le groupe Africa Corps est vu comme un nouvel avatar de l’influence russe en Afrique, après Wagner, dont le célèbre chef Evguéni Prigojine est mort dans un accident d’avion en 2023, peu après une révolte armée avortée contre le pouvoir russe. En janvier, Africa Corps avait déjà revendiqué sur Telegram l’envoi d’unités au Burkina Faso. Selon une note du service de recherche du Parlement européen, le groupe a été créé sous l’égide du ministère russe de la Défense en décembre 2023 afin de « regrouper les anciens actifs du groupe Wagner sous le contrôle du gouvernement ».
« Renforcement » de la coopération sécuritaire
Le 26 mars, le chef du régime militaire au Niger, le général Abdourahamane Tiani, s’était entretenu au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine pour discuter notamment du « renforcement » de leur coopération sécuritaire, « pour faire face aux menaces actuelles », selon un communiqué officiel nigérien, alors que les attaques jihadistes minent le Sahel.
En décembre, une délégation russe était venue discuter avec les militaires nigériens à Niamey et des accords renforçant la coopération militaire entre les deux pays avaient été signés. Mi-mars, le Niger avait dénoncé avec « effet immédiat » l’accord de coopération militaire avec les États-Unis, remettant en question la présence d’un peu plus de 1 000 soldats américains au Niger.
Le Niger, comme le Burkina et le Mali voisins, est confronté à des violences jihadistes récurrentes et meurtrières depuis des années, perpétrées par des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique.
Dans ces trois pays, les gouvernements civils ont été renversés par des coups d’État militaires successifs depuis 2020. Ces trois anciennes colonies françaises ont ensuite tourné le dos à Paris et se sont rapprochés économiquement et militairement de nouveaux partenaires, dont la Russie, avant de se regrouper au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) avec pour objectif de créer une fédération.