Si l’on en croit à une bonne partie de la presse internationale, la démocratie de l’Afrique qui est notre pays voit ses fleurs se faner sur une cours de boutoir répétée de vifs rayons solaire engendrés par l’émergence d’une nouvelle citoyenneté juvénile au carrefour d’un monde qui s’effondre et d’une renaissance africaine chantée sur toutes les gammes.
Dans ce contexte brûlant, notre pays n’est pas sans susciter beaucoup de convoitises au vu des odeurs de gaz et de pétrole qui enivrent, mais aussi de son merveilleux site géostratégique. Il y a une course au clocher de la part de certains partenaires. C’est comme qui dirait à qui mieux mieux pour sonner la fin de l’aventure pendant des mariages jugés aujourd’hui hideux. Que de réactions suscitées par les médias et hommes politiques occidentaux, français en particulier sur la question nationale au Sénégal !
Pourquoi tout ce tohubohu, ce mariage soudain avec un discours sans concession jugé radical et dit opposant et ce désamour brutal avec l’Etat sénégalais et ses hauts responsables. Comme on nous dit en Wolof « kou ndieulou dioy rek mo kham kou dée si ndieül ». Pour dire que c’est uniquement celui qui a pleuré à l’aube qui connait le défunt de la nuit. Ne nous trompons pas. Si l’occident, la France en particulier s’intéresse autant à notre situation politique du moment, c’est qu’en dehors des grands enjeux économiques et géostratégiques, elle contrôle notre psychisme de colonisés rénovés que nous demeurons encore à ce jour et ce contrôle lui permet de renforcer ou assujettir nos consciences citoyennes, notre amour ou non de notre pays le Sénégal, aujourd’hui à la croisée des chemins. Nous semblons être aujourd’hui encore sous des dehors de patriotisme infantile, écrasés par la roue infernale de l’histoire coloniale dont nous ne sommes pas encore défaite et qui, par conséquent, a laissé des séquelles indélébiles au niveau de tout notre être.
Comment comprendre, en effet, que notre État depuis quelques temps par ses plus hauts éminents représentants soit en feu et comme des répondeurs publics automatiques se mettent à répondre à certains médias français ? Tout comme on ne peut comprendre cette débordante euphorie collective d’une certaine opposition sénégalaise très prompte à vouer aux gémonies la France qui, aujourd’hui, encourage les Sénégalais à suivre les programmes de ces mêmes médias français, considérés hier comme des pestiférés. Il faut l’avouer avec force, l’ancienne puissance coloniale qui s’est bien adaptée à nos indépendances octroyées tient encore solidement les manettes et tritures nos cervelles. Dès lors, il n’y a aucune gloriole attirée d’être ou de ne pas être à ses côtés.
La grave, pertinente et angoissante question posée alors, il y a un peu plus de 20 ans par le professeur de philosophie Omar Kane : « Que fait encore la France en Afrique ? » Cette lancinante question trouve sa réponse en nous-même. La France est encore dans nos pensées, dans nos cultures et dans nos actes de tous les jours, des actes surtout politiques.
Finalement de qui se moque-t-on ? Que reste-t-il de nos engagements majeurs envers le peuple sénégalais qu’on a vite fait d’oublier lorsque l’ancienne puissance coloniale entre en jeu? Lui le peuple qui doit être le seul référentiel suprême. Et si l’on se réveillait d’un sommeil séculaire qui renforce notre complexe culturel, le plus grave des complexes et qui n’a comme finalité que notre infirmité congénitale ?!
CHRONIQUE
Par El Hadj Amadou Fall