Cheikh Béthio Thioune, décédé mardi à Bordeaux, en France, à l’âge de 81 ans, des suites d’une longue maladie, est une personnalité marquante du mouridisme, une des principales confréries musulmanes sénégalaises dont il fut un dignitaire aussi adulé de nombreux adeptes communément appelés « thiantacounes’’ qu’il a pu être un personnage controversé principalement ces dernières années. Il a de cette manière marqué son époque, comme guide spirituel et figure paternelle pour de nombreux adeptes qui lui avaient prêté allégeance.
Cheikh Bethio Thioune, octogénaire, est décédé en France, au lendemain de sa condamnation à 10 ans de travaux forcés pour « complicité » de meurtre. Un jour qui a coïncidé au premier jour du mois béni du ramadan. Aujourd’hui encore, le Sénégal particulierement les « Thiantakones » se rappellent de leur vénéré guide.
Cheikh Béthio Thioune a admirablement réussi par ce registre, au regard de la dévotion que lui vouent ses fidèles, laquelle est à l’image de l’attachement que lui-même voue à Serigne Saliou Mbacké, défunt khalife générale des mourides qui l’a élevé au rang de ’’cheikh’’ en 1987. Le couronnement de sa relation avec le marabout, à qui il est resté attaché depuis son enfance et la date de leur première rencontre dans la région de Thiès, son terroir natal.
Une rencontre qui, dit-il, a changé la vie du jeune Béthio, qui va embrasser l’enseignement à 23 ans au début des années 1960 pour soutenir sa famille, avant d’occuper plusieurs postes dans l’administration dont celui d’inspecteur de l’expansion rurale dans le Sine-Saloum, zone correspondant actuellement aux régions de Kaolack et Fatick. Il intègre ensuite l’Ecole nationale d’économie appliquée (ENEA) puis l’Ecole nationale d’administration à l’âge de 40 ans, avant de servir à Diourbel et Kaolack à sa sortie comme administrateur civil, en 1976.
Un point noir dans la vie de Béthio Thioune, jugé par contumace dans cette affaire portant sur le meurtre de deux de ses disciples en 2012 pour laquelle 19 membres de son mouvement avaient également comparu. Un pied de nez au destin, pouvaient dire ses ’’talibés’’ à l’annonce du décès de leur guide, en faisant le lien entre sa condamnation et son rappel à Dieu, à un jour d’intervalle, là où certains de ses contempteurs n’y verront peut-être que le signe de la justice divine, le guide des « thiantacounes » ayant été toujours considéré comme le principal commanditaire du double meurtre de Médinatoul Salam.