« En tant que député, je ne soutiendrai pas ce projet de loi d’amnistie qui porte une atteinte grave à la mémoire des victimes des manifestations et aux familles en quête de vérité », c’est ainsi que le député et candidat à l’élection présidentielle de 2024 Thierno Alassane Sall a rejeté le projet de loi d’amnistie après la publication de l’exposé des motifs sur la loi. Selon le président du parti République des Valeurs/Réewum Ngor, ce texte qui va être soumis en examen porte une atteinte grave à la mémoire des victimes des manifestations et aux familles en quête de vérité.
Considérant que la vérité doit précéder le pardon. Thierno Alassane Sall, estime que, « c’est une seconde mort, un second crime que d’octroyer l’impunité sans la vérité et la réponse aux questions qui obsèdent les victimes, leurs proches et tout Sénégalais normal : pourquoi ? Par qui ? », S’est-il interrogé en tant que parlementaire portant la voix du peuple. Thierno Alassane Sall soutient que les victimes, les familles, le Sénégal méritent que la lumière soit faite pour toutes les pertes en vies humaines et aux dommages matériels subis au cours des trois dernières années qu’on veut occulter pour le bénéfice de quelques-uns. « Balles réelles, femmes brûlées vives à bord de bus, jeunes handicapés à vie, avenirs calcinés, université saccagée, biens publics et privés détruits. Des forces présentées comme occultées par des représentants de l’Etat, contredits ensuite par les médias. Beaucoup de nos compatriotes porteront, à vie, les stigmates de ces événements. Nous avons tous été directement ou indirectement meurtris. » A-t-il déclaré
En ces jours de mars où le pays devrait être tenu en haleine par le second tour de la présidentielle, nous voilà face à une tentative d’occulter la vérité pour le bénéfice de quelques-uns. Qui est derrière cette loi ? À qui profite-t-elle vraiment ?
Au vu de tout cela, le député TAS se montre radical par rapport au projet de la loi d’amnistie qui sera présenté à l’assemblé national à l’appréciation des parlementaires pour un vote par le garde des sceaux ministre de la justice chargé d’en exposer les motifs et de soutenir la discussion. « En tant que député, je ne soutiendrai pas ce projet de loi d’amnistie qui porte une atteinte grave à la mémoire des victimes des manifestations et aux familles en quête de vérité. » a-t-il conclu dans son communiqué.
Pour rappel, après les manifestations provoquées par le report de l’élection présidentiel initialement prévu le 25 février 2024 et invalidé finalement par le Conseil constitutionnel, le pouvoir entend « pacifier l’espace politique ». C’est en ces termes que le président Macky Sall s’est exprimé lors de l’ouverture du dialogue national d’où une nouvelle date pour le scrutin a été proposée au 02 juin de l’année en cours. Comme première tentative d’apaisement, « un projet de loi d’amnistie générale » pour les faits survenus lors des manifestations qui ont secoué le pays depuis 2021. Le chef de l’État l’a présenté et il a été validé en Conseil des ministres du mercredi dernier. Maintenant il reste aux députés d’en faire leur appréciation dans les jours à venir.
Thierno Bocoum « Macky Sall veut nous imposer une amnésie collective »
À travers une déclaration publiée sur ses réseaux sociaux, Thierno Bocoum assimile le projet de loi d’amnistie à une volonté du chef de l’État de nous « imposer une amnésie collective ». Selon le leader du mouvement « Agir », le président Macky Sall cherche à faire table rase sur tous les crimes et délits qui ont secoué le pays de 2021 jusqu’à 2024. Mieux, il s’agit d’un « aveu de culpabilité » de la part du patron de l’Apr d’après l’ancien parlementaire.
Le Président Macky Sall qui avait annoncé un projet de loi d’amnistie a fini par matérialiser sa volonté en saisissant l’Assemblée nationale ce lundi. Dans l’exposé des motifs, il est indiqué que ledit projet vise à amnistier, « de plein droit tous les faits, susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques y compris celles faites par tous supports de communication, que leurs auteurs aient été jugés ou non ». Ainsi, prenant la balle au rebond, Thierno Bocoum soutient que le Président Macky Sall cherche à faire table rase sur les crimes « ignobles » et délits qui ont secoué le Sénégal durant toute la période visée et sur lesquels d’innocentes victimes espèrent que la lumière jaillisse afin de panser leurs blessures. Selon l’ancien député, Macky Sall souhaite, à travers ce projet, « imposer un oubli aux familles des victimes qui n’ont rien demandé ».
Poursuivant son argumentaire, le leader du mouvement « Agir » estime qu’à travers cet acte, le chef de l’État fait preuve « d’un aveu de culpabilité » sur sa responsabilité sur tout ce qui s’est passé durant cette fourchette temporelle . Dans ce même ordre d’idées, Thierno Bocoum considère, qu’en sollicitant cette amnistie, Macky Sall porte l’entière responsabilité sur tous les évènements tragiques qui ont marqué le pays puisqu’aucun autre acteur politique n’est demandeur de ce projet de loi selon lui « il endosse aussi bien ce qu’il aurait fait et ce qu’aurait fait les autres puisque aucune entité politique, aucun leader politique concerné par les événements n’a jusque-là manifesté son accord pour le vote de cette ignominie à l’endroit des familles des victimes », a-t-il fait savoir.