L’agression de notre consœur Maimouna Ndour Faye et non moins patronne de la 7Tv remet au goût du jour, l’épineuse question de la sécurité des journalistes au Sénégal.
Nous avons choisi un métier à risques qui consiste, la plupart du temps, à parler d’événements où sont mêlés des individus volontairement ou involontairement et qui ne souhaitent pas que leurs noms soient cités si jamais ils y jouent un mauvais rôle.
Que ça soit dans les investigations ou dans les analyses ou interviews, le journaliste est souvent exposé lui qui traite de faits pour lesquels il n’avait, a priori, aucun lien. C’est son métier qui le pousse à s’y intéresser selon des normes et critères dont la mise en application n’arrange pas toujours.
D’où les menaces, insultes et invectives de toutes sortes parce qu’il touche à des intérêts de personnes et/ou de groupes. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, le journaliste sénégalais fait face à des menaces de nouvel ordre du fait de la situation politique délétère.
Qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, dans cette lutte acharnée pour conserver le pouvoir ou pour arriver au pouvoir, ces politiciens mal formés se plaisent à croire que le journaliste doit être à leur service. Pis, ils restent souvent convaincus que si ce qu’il dit ou écrit ne vous êtes pas favorable, c’est qu’il travaille pour le camp adverse. Erreur! Car, ceux qui pensent que « personne n’est honnête » doivent eux-mêmes se remettre en question. Car, pas besoin d’être psychologue pour savoir que c’est à travers souvent nos propres prismes déformés que l’on perçoit les autres.
Pis, le métier de journaliste oblige souvent les acteurs à négliger leur propre sécurité avec les heures tardives des descente, la fréquentation de gens à la moralité douteuse et de lieux à risques. Toutes choses qui font qu’aucun journaliste n’est à l’abri.
Or, même s’il y a au sein de la coopération des brébis galeuses comme partout, il ne reste pas moins vrai qu’il y a d’honnêtes professionnels qui désirent jouer leur partition dans la construction de cet État et dans la consolidation de sa démocratie.
Malheureusement, ceux-ci sont souvent pris pour cibles parce qu’ils refusent d’être catalogués, de se ranger, de chercher à plaire ou à déplaire. Quel que soit alors le motif de l’agression de la brillante et courageuse Maimouna, cela entre dans ces catégories définies. Elle a affronté le risque et a été victime de l’ignominie dans une société transformée où la violence et la ruse sont devenus reines. On ne recule plus devant rien pour réaliser ses ambitions. Même s’il faut blesser et tuer. Y compris les femmes. Ce qui est en effet rare chez nous, ce sont les exemples. Et ceux qui inondent les rues sont les contre-exemples, les rapaces assoiffés de sang, du sang des autres. Les mêmes qui s’empressent de prier, de jeûner ou d’aller en pèlerinage quand arrive le moment. Car, dans leur cupidité, ils croient que même Dieu est corruptible.
Alors, ils continuent à ruser et à agresser….
Assane Samb