Il a encore gagné. Même s’il avait aussi perdu et perdu encore devant la Justice. Ousmane Sonko dans ce feuilleton politico-judiciaire est comme sisyphe dans la légende. Ou sisyphe tel que perçu par Albert Camus. Sa bataille traduit l’absurdité d’une vie politique où il recommence les mêmes gestes dans une bataille judiciaire qui ne finit pas.
Ce mardi 14, le tribunal de Dakar a décidé qu’il doit réintégré les listes électorales. D’aucuns disent que ce n’est pas pour le moment possible. Mais, malgré tout, il peut savourer une victoire certaine après plusieurs défaites devant la Cour suprême et devant même la Cedeao.
Le TGI a décidé dans un sens qui lui est favorable. On attend toutefois ses motivations pour en savoir davantage. Pour le moment, beaucoup considèrent, à l’image de ses conseils, qu’il doit retirer sa fiche de parrainage et réintégrer le fichier électoral.
Néanmoins, dans un communiqué rendu public, le Collectif des avocats de l’Etat a bien précisé qu’ils allaient se pourvoir en cassation.
Et ce sera le retour à la case-départ. Encore, le mythe de sisyphe… Car, par rapport à une précédente décision qui lui était favorable, le mandataire de Sonko Ayib Daffé n’a pu retirer la fiche de parrainage après plusieurs tentatives. La Direction générale des élections a estimé que le recours était suspensif et qu’il fallait attendre la décision définitive de la Cour suprême.
L’Etat et ses conseils risquent d’adopter la même stratégie. Et Sonko, comme dans une tragédie, contraint encore à attendre. Sauf qu’ici, qu’il en aura plus de temps. Il ne reste que 11 jours avant la fin du parrainage. Et personne ne maîtrise le calendrier de la Cour suprême en dehors d’elle-même.
En conséquence, le risque de forclusion est réel. Pis, avec son casier judiciaire et les lourdes charges qui pèsent sur lui, le Conseil constitutionnel pourrait ne pas valider sa candidature. Car, le Conseil constitutionnel n’est pas la Cour suprême. Et à chacun, son travail.
En clair, la saga continue. Et rien n’est encore sûr. La seule certitude est que les juges du TGI de Dakar ont su faire preuve d’indépendance et d’impartialité dans leur travail. Il faudra désormais cesser de faire un mauvais procès à la Justice et à ses juges. Ils ne sauraient donner raison à tout le monde. Car, quand deux camps s’affrontent, c’est qu’un à tort. Et la Justice des hommes n’étant pas parfaite, ce qui la complète, c’est l’acceptation par tous des verdicts même s’ils ne les arrangent pas toujours.
Ce procès permanent contre la Justice n’est pas acceptable. Car, dans un système démocratique qui se respecte, les citoyens respectent les institutions qu’ils se sont mis du temps à forger tout en sachant qu’elles sont perfectibles. En somme, les batailles politiques futures doivent se faire en dehors de la sphère judiciaire.
Assane Samb