En plus de chasser des investisseurs potentiels, la contrefaçon de monnaie ou faux billets est un fléau préjudiciable à l’économie. Certaines petites entreprises sont sur leur garde pour détecter le danger. Les gérants de multiservices sont aux aguets. Dans les rues de Colobane, c’est le grand débat.
Le démantèlement de réseaux de faux monnayeurs s’accentue dans le pays. Il y a trois jours, une bande avait été arrêtée à Keur Massar avec des billets noirs d’une contre valeur de 2 milliards Fcfa environ. Le trafic reste lucratif pour les gens qui s’y adonnent. C’est une réalité au Sénégal du fait que beaucoup se sont investis dans ce domaine pour soit disant « sortir de la pauvreté. » En effet, les boutiques et les multiservices sont les cibles principales afin de faire passer ces faux billets et les remettre dans le circuit.
Au quartier de Colobane, le sujet fait débat auprès des gérants de multi-services. Ces derniers tentent par tous les moyens de ne pas se faire avoir. Le sieur Mansour Seck et la gérante Awa Gueye excellent dans les multi-services. Ils craignent en être victimes. Des années que ces derniers travaillent. «Cela fera bientôt quatre ans que nous sommes à Colobane. Nous avons d’autres multiservices à Fass, Grand-Dakar, Médina entre autres zones. Nous rencontrons beaucoup de personnes chaque jour mais nous sommes méfiants. Et nous faisons attention aussi aux billets de banque que l’on nous donne. Nous n’avons pas de machine pour détecter les faux billets, mais lorsque je vois un faux billet au toucher, je peux automatiquement le reconnaître. N’empêche nul n’est à l’abri», a laissé Mansour Seck. Des faux billets circulent mais les gérants n’ont pas tout à fait le matériel idoine pour sa détection.
Chez «Maguette ETS», toutes les précautions sont prises pour éviter d’encaisser de faux billets. « Nous sommes débordés le soir c’est pourquoi nous faisons très attention quand l’on nous donne un billet de 10.000 ou de 5000 Fcfa. Les malfaiteurs profitent de l’occasion pour échanger leurs billets. Nous n’avons pas les machines pour la vérification des billets donc tout ce que nous puissions faire c’est d’être vigilants » nous dit la gérante.
Les boutiques de quartier sont aussi exposées comme celle de Moussa gérant de boutique. Ce dernier est une victime il y a deux ans. « Un homme m’a remis un billet de dix mille Fcfa pour lui faire de la monnaie. Une demi-heure plus tard avec l’arrivée de mon grand frère en faisant les décomptes nous nous sommes aperçus que c’était un faux billet. Jusqu’à présent nous n’avons jamais revu cet homme », se rappelle-t-il.
Malgré tout, l’information est distillée dans le quartier. Tous restent vigilants à l’image d’Alassane gérant de boutique. Il est sur ses gardes : «Nous sommes une grande boutique, plusieurs personnes viennent ici pour acheter ou chercher de la monnaie mais heureusement nous n’avons pas encore été confronté aux faux billets mais nous sommes en alerte. Avec ce qui se passe, il est plus judicieux de se doter de machine pour détecter le vrai du faux », a-t-il lancé. Le Sénégal, est-il devenu une plaque tournante en matière de faux monnayage ? La question taraude bien les esprits.
FATOU BA