Le député Matar Diop a porté des accusations graves contre le Qatar qui, à l’en croire, aurait financé un leader politique, en l’occurrence Ousmane Sonko et son parti Pastef, en détention. Il parle de douze milliards de nos francs. Le souci est de modifier les contrats gaziers et pétroliers en faveur de ce pays.
Des accusations très graves qui pointent du doigt un pays étranger. Et le député, une personnalité publique qui appartient de surcroît à la majorité, ne retire aucun mot de ses accusations et reste au contraire très prolixe. Il dit par ailleurs détenir des preuves et reste même prêt à répondre à la Justice sur cette question.
Bien sûr, depuis lors, aucune voix autorisée au Sénégal n’a réagi. Idem pour le Qatar. Or, il nous semble qu’il serait important que l’opinion soit suffisamment édifiée sur cette affaire d’autant plus que sur les accusations portées contre Ousmane Sonko, on ne parle pas, encore de financements occultes.
Vrai ou faux ? Difficile à dire, pour le moment. En tout état de cause, cela ne doit pas seulement être motivé par le désir de salir un adversaire politique. Car, accuser un pays étranger de cette manière peut être perçu comme un ‘’casius belli’’. Une question qui pose une problématique plus complexe : C’est la rationalisation des partis politiques et leur financement par l’Etat. Car, nous savons qu’il y a plus de 300 partis politiques au Sénégal. Or, à ce rythme, c’est la démocratie qui risque même d’être torpillée. Il faut donc rationnaliser. Il faudrait que seuls les partis dignes de ce nom, avec un siège, des cotisations, des militants, des congrès, une participation aux élections, etc. subsistent. Les autres doivent être dissous. Un toilettage s’impose.
C’est seulement après qu’il faudra envisager un financement par l’Etat de ses formations politiques. Car, ces derniers ne sont jamais à l’abri de lobbys étrangers surtout s’ils sont prêts à financer leurs activités. Car, nous savons qu’il est peu probable que les cotisations suffisent et que le leader soit toujours prêt à tirer toutes les ressources de sa poche. Or, nous savons que les financements occultes existent et qu’aucun parti n’est à l’abri.
En tout état de cause, pour le cas soulevé par le député Matar Diop, l’opinion a besoin de savoir ce qu’il en est pour se faire sa propre religion. On ne peut pas en parler quelques temps et passer à autre chose. D’autant plus qu’au même moment, le Qatar est pointé du doigt dans le financement du djihadisme au Nord-Mali.
Il est important aussi que les hommes politiques sachent faire preuve de retenue. Car, dans ce dossier de l’ex-parti Pastef, l’Etat a jusqu’ici été discret sur ses accointances supposées avec l’étranger. Parce que c’est une corde sensible. Et il est important de toujours travailler à préserver la sécurité publique en évitant de se faire des ennemies partout.
Assane Samb