Détenue le 1er décembre dernier, Binta S., 23 ans, a été condamnée hier, à six mois mois, dont deux ferme et à payer une amende de 100.000 francs. La prévenue a été jugée par le tribunal des flagrants délits de Dakar pour avoir pris des pilules abortives alors qu’elle était enceinte de sept mois.
Binta S., une habitante des Hlm 3 Niague, a opté pour la mesure extrême lorsqu’elle a découvert qu’elle allait devenir maman à quatre mois de grossesse. Après avoir informé son amant et sa sœur, la jeune femme de 23 ans a pris des pilules abortives qu’elle a commandées sur internet. Mais, son souhait ne s’est pas réalisé, car sa grossesse s’est poursuivie. C’est dans ces circonstances que Binta est partie à la polyclinique Lac Rose le 30 octobre 2023. Après examen, le médecin a détecté une grossesse de 25 semaines 4 jours. Mais, Binta a continué à prendre les médicaments qu’elle avait achetés pour provoquer la mort de son enfant. C’est ainsi qu’elle est retournée à la polyclinique Lac Rose le 28 novembre 2023 suite à des douleurs abdominales et des saignements.
Mais, avant l’échographie, le médecin a constaté la sortie d’une main dans le vulve de la patiente. Pressée de questions, Binta S. avoue son entreprise funeste. Alertés, les éléments de la brigade spéciale de Niague ont effectué une descente dans la chambre de la mise en cause où ils ont saisi 6 boîtes de médicaments abortifs épuisées.
Arrêtée le 29 novembre à 12h après son hospitalisation, Binta a confié aux gendarmes que le père de son enfant se nomme Malick N. Il habite à Pikine, mais travaille à Sangalkam dans une écurie. Ils étaient en relation depuis bientôt un an. « J’ai su ma grossesse à quatre mois. Lorsque j’ai informé mon petit ami, il m’a conseillé d’aller à l’hôpital pour faire une échographie. Une fois à l’hôpital, le médecin a confirmé les quatre mois de grossesse. J’ai tout fait pour le cacher à ma mère.
En revanche, j’ai informé ma grande sœur qui a tout fait pour connaître le père de l’enfant. En ce moment, j’avais déjà pris les pilules abortives », a relaté Binta S. Qui poursuit : « Une semaine après la prise, je n’ai rien senti. Je suis retournée à la clinique. Après la première échographie, le médecin m’a dit que l’enfant est en vie, son cœur bat toujours. Mais, une semaine plus tard, je ne sentais plus l’enfant. Sur ce, j’ai commencé à sentir des douleurs abdominales et je suis repartie à la clinique (polyclinique Lac Rose). En attendant mon tour pour l’échographie, j’en ai profité pour aller aux toilettes pour uriner. C’est à ce moment que j’ai forcé et la main du bébé est sortie. J’ai crié parce que cela faisait mal. Les sages-femmes sont venues me prendre et m’ont dit que le bébé est mort ».
Déférée au parquet, Binta S. a été placée en détention le 1er décembre 2023. À l’audience des flagrants délits de Dakar ce mardi 5 décembre, la prévenue a encore plaidé coupable d’avoir pris des médicaments pour avorter. Car, affirme-t-elle, elle avait honte de révéler sa grossesse à sa mère.
Soutenant les faits constants, la déléguée du procureur a requis deux ans, dont trois mois ferme. Me Iba Mar Diop, conseil de la défense, a plaidé la clémence. Rendant sa sentence, le juge a prononcé une peine de six mois, dont deux ferme assortie d’une amende de 100.000 francs à l’encontre de la prévenue.