C’est un fait d’évidence que les hommes politiques de quelque bord qu’ils se situent, gagnés par la hantise de conserver ou de conquérir le pouvoir, instrumentalisent la peur. Les peuples non avertis, inconscients politiquement sont alors piégés par cette même culture de paix et le politique de les contrôler et de les tenir en laisse.
L’ignorance, les crises provoquées, les rébellions politiques insidieusement et méticuleusement organisées sont très souvent sous-tendues par la peur. C’est ainsi qu’on fait subir au peuple une politique de couleuvre. Or, il faut arrêter de faire peur surtout aux jeunes, malgré leur densité satirique.
La disponibilité de notre jeunesse comme disait le président Abdoulaye Wade, vaut tous les milliards de l’étranger et il avait raison. Aussi, nous n’avons nullement le droit de nous taire, d’abandonner notre jeunesse. Nous devons bien au contraire nous donner les armes miraculeuses, le savoir problématique par l’éducation, les moyens d’être lucides, sereins, moyens de se contrôler pour sortir grandis de l’ornière. Rien n’est en effet plus beau, plus volontaire, plus déterminant qu’une jeunesse éduquée.
Et c’est vrai qu’il y a en toile de fond une crise aiguë de confiance mais aussi de patience, carbonisés que nous sommes par le négativisme. Cependant, nous pensons que notre jeunesse n’est ni indolente, ni paresseuse. Loin de là, elle est capable de se sublimer comme elle l’a prouvé à maintes occasions. Comprendre les enjeux de l’heure à venir pour peu qu’on lui donne les moyens de se réorienter judicieusement, tel est le destin majeur de notre jeunesse. Par conséquent, il ne faut pas avoir peur d’une jeunesse réceptive à l’offre technique et formatrice pour un imaginaire endogène positif.
Tous les lieux étant de dialogue, de fraternité sincère et de fusion entre toutes les composantes de notre peuple et singulièrement de notre jeunesse, sont en effet les bienvenus. Avoir peur des jeunes jusqu’à instaurer une culture de la peur dans laquelle on les confine, ce n’est pas avoir de vision prospective. Le discours est praxis concret, c’est vouloir vautrer la jeunesse dans la mythologie africaine que Rolland Barth définissait comme le discours plus ou moins cynique qui permet de ruser avec le temps et de dresser des échéances qu’on ne respecte jamais. Avoir peur de la jeunesse, c’est rester couper du futur. La jeunesse d’autre part ne doit pas accepter d’être piégée dans la radicalité, le jusqu’au-boutisme qui n’ont jamais réglé les grands problèmes sinon dans l’horreur, le sang, c’est-à-dire la violence.
L’histoire nous l’enseigne. La situation présente de notre jeunesse ne peut perdurer. On ne peut rien créer de grandiose dans un climat de peur endémique et de ruse. Il faut par conséquent rompre avec les habitudes surannées qui ont longtemps instrumentalisé une autorité de la peur au service du pouvoir qui sclérose les pensées les plus prometteuses. Déconstruire les mentalités, les savoirs en vue de libérer le génie inventif de notre jeunesse, tel nous semble être l’urgence. Il nous faut alors nous réinventer.